Bien qu'il continue de suivre son chemin, dans l'ombre et l'héritage de James Wan, Darren Lynn Bousman tente de renouer avec une saga qu'il a couvé dans la médiocrité, avant de l'abandonner dans un train fantôme holywoodien. "Saw" constitue une franchise atrocement jouissive, même dans son premier opus, limité par son budget. En s'appropriant l'architecture de récits modérés, chaque épisode se contente de guider ses martyrs vers le body horror, haché par le biais d'effets pratiques vues, revues et à présent étiquetées. Ce film ne se détourne pas de cette observation, résolument simpliste et justifiée par ce manque de considération et d'enjeux, qui entaille les producteurs de séries B, au plus suffisantes.
À l'apogée des problématiques sociétales, qui renforcent la haine et le courage de ceux qui s'y engagent, le cinéaste choisit de s'implanter au cœur d'un commissariat, dans la détresse et qui ne cultive que la ruine et les mensonges. Le point de vue cible ainsi une institution juridique, mais ce seront toujours des profils, qui seront mises à nu, afin de témoigner de cette nonchalance, qui demeurera l'éternel pilier de cette souche à blasphème. Autant dire, qu'il y avait de la place pour y développer un propos, fort et résonne au-delà des époques. Hélas, l'intrigue se consume aussitôt qu'il introduit ses protagonistes, marqués au fer rouge, sans subtilités, ni nuances dans leur tragique évolution.
Zeke Banks (Chris Rock), se présente ainsi comme un ambassadeur ou un relayeur, au choix. Il symbolise une passerelle possible entre deux générations qui ne parviennent pas à se tutoyer, si ce n'est à travers la menace ou la distance physique qui les séparent. Sa noblesse en fait un personnage digne d'intérêts, ce qui n'est pas forcément le cas de ses collègues ou de son paternel, Marcus (Samuel L. Jackson). Mais lorsqu'il n'y a plus rien à servir dans le hangar d'un crime, qui se délecte de la douleur, du doute et de l'autoflagellation, on se lasse, on s'endort, on s'immole dans notre esprit. C'est peut-être bien de ce côté de l'écran que la torture semble la plus efficace, la faute d’un mimétisme ultra-référencé et qui ne rend pas service au scénario, d'un minimalisme assumé.
« Spirale » se vante de tirer les bonnes ficelles, cependant trop visibles, trop prévisibles et qui ne génèrent pas les émotions attendues. Si l'on a toutefois préféré laisser plus de place au film policier, tel que "Seven", plutôt que de proposer davantage de créativité dans les pièges mortels, c'est pour en arriver à une formule hybride qui ne fonctionne évidemment pas. Non pas qu'il s'agisse d'une impasse pour d'autres ramifications, bien au contraire. Ce ne sera pas dans une mise en scène assistée ou une narration téléguidée de ce calibre, que l'on retrouvera cette matière noire et crasseuse, qui aura moins promis un minimum de divertissement dans les précédents volets.