On peut dire qu'on l'aura attendu ce SPL (Sha Po Lang). Depuis les premières images qui ont circulé sur le net il y a déjà plus d'un an et nous présentant essentiellement un combat entre Donnie Yen (Iron Monkey, Il Etait une Fois en Chine 2) et Sammo Hung (Eastern Condors, Project A), les amateurs de polars HK de la bonne époque en manque de sensations fortes étaient plus qu'impatients. Il faut dire que le genre était en grosse perte de vitesse ces dernières années à Hong-Kong et que seule la Thaïlande avec des films comme le trop tape-à-l'oeil Ong Bak, le survitaminé Born to Fight ou plus récemment le bluffant Tom Yum Goong arrivaient encore à maintenir la flamme.
Alors pour ceux qui ne le connaîtraient pas, SPL, c'est quoi ? Il s'agit en fait de la dernière réalisation de Wilson Yip à qui on doit notamment le très réussi Bullets Over Summer et prochainement le très prometteur Dragon Tiger Gate, un polar bien noir et violent matinée d'arts martiaux.
Simon Yam (PTU, The Mission) y campe un flic aux méthodes parfois expéditives qui, aidé de son équipe et d'un autre flic joué par Donnie Yen, veut par tous les moyens coffrer un gangster incarné par Sammo Hung qui a tué un de ses hommes et qui ne cesse de leur échapper.
Il est clair que côté scénario, on reste dans le grand classique. On a tout de même droit à des scènes très fortes où les personnages nous montrent leur côté humain, aussi bien du chez les gentils que les méchants. On citera par exemple celui de Sammo qui dès qu'il est avec sa famille au téléphone change complètement de ton pour nous révéler qu'il est en fait un père attentionné et pas seulement un malfrat sans cœur.
Mais le principal attrait de Sha Po Pang, ce sont ses scènes d'action et leur ultra violence. Véritable bouffée d'air frais pour les nostalgiques, elles vont opposer 3 générations d'artistes martiaux : Sammo Hung qui a eu son heure de gloire à la fin des années 70 jusqu'à début 90, Donnie Yen qui a œuvré essentiellement dans les années 90, et le petit nouveau Jacky Wu dont les talents ne sont plus à prouver depuis Legend of Zu de Tsui Hark ou encore Tai Chi II de Yuen Woo Ping.
Et c'est bien ce dernier qui tire son épingle du jeu ici. Ayant œuvré essentiellement dans des séries martiales à la télévision, il trouve ici un rôle à la mesure de son talent. Certes, son nombre de répliques est plus que limité (c'est le cas de le dire), mais chacune de ses apparitions dans le rôle d'un tueur sans pitié est un pur régal. Entre gerbes de sang –le film a été classifié Catégorie III- et coups de tatanes, il nous gratifie de combats superbes à l'instar de son long affrontement contre Donnie Yen
Ces combats sont d'ailleurs d'un très haut niveau. Bien brutaux et superbement chorégraphiés par Donnie Yen, ils malheureusement trop peu nombreux. Mais ne boudons pas notre plaisir. Influencés par le style Ong Bak (en moins clip) mais gardant néanmoins un style très propre au cinéma de Hong-Kong, ils font vraiment plaisir à voir tant on retrouve la même sensation que celle de la découverte de ses séries B d'action (Tiger Cage 2, Righting Wrongs,...) avec ces chutes sur le coin des meubles, ces destruction massives du mobilier, et cette brutalité dans les coups à grand renfort de giclées de sang. Le paroxysme étant atteint lorsque Donnie Yen nous ressort son bon vieux triple coup de pied sauté. Si si ! Le même que dans In The Line of Duty 4 ! Un pur bonheur.
Mais il ne faut pas croire quand même que SPL est le film parfait, loin de là, tout n'est pas rose non plus, à commencer par la musique par toujours bien adéquate, voire parfois ridicule. Certains pourront reprocher aussi la lenteur de la première partie, le gros des combats n'arrivant vraiment qu'à la seconde moitié du film. Mais s'il n'avait été qu'une succession de combats, on le lui aurait reproché aussi.
Pari réussi pour Wilson Yip donc qui, grâce à sa réalisation soignée (split screen astucieux, photographie réussie) et des personnages attachants, arrive à faire de ce SPL bien plus qu'un simple polar d'action.
Nous espérons juste que ce film, malgré un résultat au box-office en demi-teinte, arrive à relancer un genre aujourd'hui pratiquement disparu. En attendant, un Sha Po Lang 2 est déjà en préparation, on y retrouvera d'ailleurs une partie du casting du premier, dont Jacky Wu dans un tout autre rôle. De quoi en faire baver plus d'un...
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