Deux couples à une station essence, une voiture, nuit noire. Le pneu explose, "oh regarde chérie, y'a une grosse écharde toute longue qui est dans le pneu, je vais essayer de toucher pour voir...", l'index approche, approche, approche... L'écharde se glisse (très) douloureusement sous l'ongle, et disparaît. Début d'un cauchemar gore, généreux dans ses effets spéciaux (vraiment pas dégueu ! Tout le budget est passé dedans, et ça claque !), centré sur un petit groupe de survivants dans un petit décor simple (on vous a dit, que le film n'a pas un rond ? Mais avec les centimes qu'il lui reste au fond du porte-monnaie, il investit encore dans les effets spéciaux crado : un généreux, un vrai), qui est un peu long au démarrage (avant que les porcs-épics humains en lambeaux ne prennent forme), pas franchement flamboyant mais très honnête. Les acteurs sont plutôt bons, la mise en scène aime bien jouer avec les angles des rayons de supermarchés (et ça marche, même à la dixième fois), avec les espaces surgelés, avec le guichet extérieur de la caissière... Il n'a pas beaucoup d'espace pour tourner, mais il exploite chaque centimètre avec une idée, et c'est exactement ce qu'on attend d'un film d'épouvante : peu importe le budget, les grands noms du casting et de réalisation, la complexité du scénario, s'il fait des étincelles avec le peu qu'il a, alors il nous prend pour un public, pas pour des pigeons. Splinter, avec sa main dégueu et sa bestiole finale dont le dernier Evil Dead Rise rêve encore (bisque bisque rage, l'autre l'a fait, bien avant, bien mieux, avec cent fois moins de moyens), son décor très bien exploité, son concept simple et efficace, son rythme soutenu en deuxième partie, est vraiment une belle surprise. Il nous tend constamment la main (pointue), pas pour nous faire les poches comme les blockbusters de l'épouvante, mais pour nous transmettre le Mal des Bons Films d'horreur. Allez, on serre avec plaisir.