Le nouveau film de Shyamalan était attendu comme un renouveau pour son réalisateur qui trimbalait quelques casseroles depuis the Village. C'est vrai que traiter du trouble mental était une gageure car des films comme Fight Club ou un homme d'exception avaient réussi à le faire avec la manière. Pour ne pas trop tourner autour du pot, c'est ce qui manque à Shyamalan sur Split. Sa volonté de montrer les différents visages de Kevin de façon frontale donne des scènes véritablement prenantes au début, avec ou sans musique. Ensuite, une fois que le spectateur a compris son mode de fonctionnement (via ce trouble dissociatif associé), il ne peut que se rendre compte que la séquestration des trois adolescentes est un alibi scénaristique pas trés lourd. La bonne performance d'acteur de James Mc Avoy sur cinq identités déclinés ( sur 23 annoncées) n'est plus qu'anecdotique quand le huit clos oppressant mais réducteur ne raconte plus qu'un combat pour la survie face à un monstre. Le trouble dissociatif associé n'a donc pas permis un film consistant. Cependant, ce qu'il faut reconnaître à Shyamalan est d'avoir donné un coup de projecteur sur ce symptôme de schizophrénie aggravée. Son développement le plus intéressant restera de loin sur celui du personnage de Casey (l'ado jugée réputée solitaire et asociale au début) dont le passé peu ordinaire lui permet d'être réactive dans une situation aussi abominable que celle-ci. Avec la psychiatre, elle sauve le contenu dramatique du film du naufrage total. Ce qu'il faudra retenir de Split dans la filmographie de Shyamalan, c'est son retour à un cinéma qui lui ressemble nettement plus (sans atteindre l'intensité de Sixième Sens ou Incassable). Une envie également plus palpable qu'il fait ressentir à ses plus grands fans grâce à une scène clin d'oeil avant le générique de fin. C'est déjà encourageant pour un réalisateur qui peut encore faire mieux avec des scénarios béton comme au début de sa carrière.