Quand un réalisateur récompense la fidélité de ces fans

Deux après The Visit, M.Night Shyamalan est de retour avec Split, nouveau film fantastique aussi terrifiant que surprenant. Cette fois, le réalisateur compte frapper fort, jouer avec nos nerfs, bien décidé à prouver que son talent du début de sa de carrière n’est pas mort, en transformant James McAvoy en maniaque ayant vingt-trois personnalités différentes…


Quand le rire ce mêle à la terreur


Mr Dennis, a tout du profil du serial killer. Très attiré par les jeunes femmes jusqu’à fantasmer de les voir danser nues autour de lui, il est capable d’être violent si besoin est. Pour couronner le tout, C’est un maniaque de la propreté. Hedwig, lui c’est un petit garçon de neuf ans, naïf, peureux, aimant danser, et un peu cafteur sur les bords. Mademoiselle Patricia, est une femme âgée chic, autoritaire, gracieuse et posée. Barry est quant à lui le leader du groupe. C’est un artiste efféminé souhaitant percer dans le monde de la mode. Toute cette galerie de personnages mentionnant toujours une histoire de « bête » qui arrivera bientôt, elle est en fait dans la tête d’une seule et même personne : Kévin.


Notre personnage souffre d’un trouble dissociatif de l’identité ou personnalité multiple. Le travail de recherche sur ce sujet, Shyamalan l’a fait en menant une enquête auprès de spécialistes. Ces troubles toucheraient le plus souvent des enfants ayant subi des maltraitances physiques ou sexuelles dans leur plus jeune âge, soit entre 1 et 5 ans. Imaginez une seule seconde que quelqu’un souffrant de personnalité multiple croyait dur comme fer qu’une de ses identités était surnaturelle ? Qu’est ce que ça donnerait ? Bien évidemment, on parle de surnaturel dans le monde réel. Ce n’est pas la première fois que le réalisateur tente de faire imaginer au spectateur ce qu’un évènement surnaturel, fantastique pourrait donner s’il se devait être amené à se passer dans le monde réel. On avait pu voir ça dans le mystérieux et cauchemardesque « Signes ». Pour donner un coté plus pro, pour donner plus de profondeur, on ajoute à l’intrigue de Split, le personnage du Dr. Karen Fletcher (interprétée par Betty Buckley), psychiatre de notre antagoniste.


Ces nombreuses séquences la mettant en scène nous permettront de mieux cerner la psychologie du personnage de Kévin. N’oubliez pas qu’un film traitant des maladies mentales, ça passionne toujours. Encore plus quand le sujet est bien traité. Split de déroge pas à la règle. En quelques minutes, on retrouve le Shyamalan de Sixième sens. Ce réalisateur qui maitrise le suspense, le drame, l’angoisse, tout en nous faisant éprouver de l’empathie envers les ou l’un des protagonistes. Peu d’effets spéciaux, décors limités, le budget a été restreint. Ca n’est pas plus mal, il n’y avait pas besoin de plus. Un modeste thriller sans prétentions. C’est principalement le jeu de McAvoy, le travail sur la mise en scène, les jeux de la caméra, la photographie et l’atmosphère huis-clos qui donnent tout l’intérêt à l’œuvre.


Croyons en la bête, elle nous protègera


Split n’est pas à montrer à tous, surtout pas pour les stresser et claustrophobes. Cependant, c’est avant tout un thriller horrifique. Le but n’est pas de vous faire sursauter. Pas de jumpscare. Tout comme Conjuring, le réalisateur mise tout sur son Atmosphère oppressante .Et pour cause, c’est Mike Gioulakis, directeur de la photographie qui avait travaillé sur It Follows qui a été choisit par Shyamalan. Résultat : on a peur, on rit, on éprouve de l’empathie pour certains personnages, on s’interroge sur l’antagoniste et l’issue de notre histoire. Trois adolescentes enfermées dans un sous-sol par un psychopathe : banal film d’horreur avec des ados qui vont crier et jouer les cruches ? Et bien non. Ici, on en a au moins une sur les trois qui en a suffisamment dans la tête pour peut être réussir à s’en sortir : Casey, interprétée par l’actrice Anya Taylor-Joy (The Witch). Le travail sur ce personnage est très bon. Surtout qu’au départ, elle nous est présentée comme une rebelle. A mesure ou l’on avancera dans l’histoire, on se rendra compte qu’elle est émotive oui, elle est fragile d’accord, mais elle est surtout bien plus complexe qu’on l’imaginait. Le tout l’accompagne avec des flashbacks semés dans tout le film, qui auront leur importance à la fin.


James McAvoy livre une performance plus bluffante que jamais en incarnant un personnage ayant 23 identités différentes. Changement physique, changement psychologique, changement de posture, capable de passer d’un homme froid/effrayant à un homme affectueux, ce personnage inquiète autant qu’il fait par moments…rire. Étrangement, je m’attendais à ce que sa personnalité de femme ou d’artiste gay soit caricaturale. Ca ne sera pas le cas. On croit aux interprétations de McAvoy ce qui fait que, comme les trois adolescentes, on ne saura jamais en face de qui on se retrouvera lorsque la porte de la pièce s’ouvrira.


Split il a quelques longueurs, il a presque le même schéma qu’un thriller lambda. Pourtant, en plus de l’ambiance oppressante et du jeu de James McAvoy, c’est bel et bien grâce à son final surprenant et grandiose qui en scotchera plus d’un à son fauteuil (ou vous resterez comme moi : bloqué, choqué, tout en étant surexcité) que ce thriller horrifique frappera fort. Ca, on ne l’avait pas vu depuis Incassable qui date de plus de 17 ans. Du pur génie comme jamais on avait pu voir au cinéma. Tout du moins, pas depuis un bon bout de temps. La musique accompagnant ce passage vous mettra sur la piste de quelque chose de…familier.


Au final, Split avait un synopsis ambitieux et alléchant, il ne décevra pas autant qu’on l’imaginait. Ca sent un chouia le déjà vu, c’est par moments prévisible, néanmoins, ça n’en demeure pas moins bien plus complexe, travaillé et réfléchit qu’on ne le pensait. Shyamalan a enfin retrouvé ses talents du début de sa carrière, brisant les codes que l’on connait dans ce genre, créant quelques surprises réussies. Le jeu des acteurs est très bon même si c’est James McAvoy qui fait le plus gros du travail, les musiques pas vraiment mémorables mais pesantes et ce dès les premières secondes, une jolie photographie, ce petit coté réaliste qui fait froid dans le dos et que seul Shyamalan est capable de nous procurer. A découvrir si vous le pouvez au cinéma, sinon, attendez sa sortie en bluray mais REGARDEZ-LE IMPERATIVEMENT.

Jay77
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le 22 févr. 2017

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Jay77

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