À l'annonce d'une adaptation du bouquin "Les mille et une vies de Billy Milligan" menée par Scorcese avec Dicaprio comme acteur principal, je trépignais d'impatience. Autant dire que j'ai rapidement déchanté. C'est finalement le duo M. Night Shyamalan/ James McAvoy que l'on retrouve dans un scénario complètement différent, vidé de sa substance et de sa valeur originelle. À la poubelle la profondeur et la recherche psychologique, la fascinante expérience cognitive et cérébrale, on assiste à une version film d'épouvante raccoleuse absolument décevante. Le réalisateur n'a conservé qu'un élément de l'histoire vraie et originelle: l'éclatement de la conscience en 24 personnalités distinctes. Mais ce même fait fascinant n'est envisagé que sous le prisme de 4 ou 5 personnalités alors qu'il y avait là un vrai potentiel, une occasion d'aller aux limites du jeu d'acteur d'un Léonardo. James McAvoy reste plutôt bon, mais loin d'une prestation transcendante, la faute à un scénario surfait. Ce scénario passe complètement à côté de la portée de l'ouvrage originel qui relate l'histoire du premier homme disculpé dans le cas d'un viol pour cause de dissociations multiple de la personnalité. Ce cas clinique est savamment romancé, et permet de pénétrer dans le monde fascinant de la conscience, du traumatisme et des séquelles psychologiques structurelles. Autant dire qu'à mes yeux, le film est complètement passé à côté.
Mention honorable pour l'évocation de la douleur, source de dépassement de l'homme qui reste intéressante même si elle est assez peu creusée.
Mon reproche: on passe d'une oeuvre qui soulève des questionnements infinis sur les possibilités du cerveau, la complexité de la psychée pour aboutir à un pseudo film d'horreur, parsemé de scènes raccoleuses de jeunes filles à moitié vêtues.
Le point culminant de ma critique: cette 24e personnalité issu d'un amalgame d'animaux m'a achevée... Vous n'avez absolument rien compris Mr Night Shyamalan.