Shyamalan est vraiment à part comme réalisateur, il a tellement marqué les esprits avec Sixième Sens qu'on l'a directement placé parmi l'un des meilleurs de sa génération, ce qui n'aide pas forcément. Ayant enchaîné les films moyens et les gros flops, il revient dans son genre de prédilection : le thriller psychologique.
Je trouve que le film commence bien dans les premières minutes car il ne laisse pas une grosse introduction pour passer directement à l'intrigue. Malheureusement la partie qui suit met un peu de temps à se mettre en place, on est déstabilisé par le personnage de McAvoy qui alterne entre personnalités légères et sérieuses, entre scènes d'humour et de frisson : c'est peut-être frustrant au début de ne pas être dans un sentiment de peur constant mais je trouve que Shyamalan gère bien les tensions et on s'habitue vite aux changements radicaux du protagoniste que McAvoy joue divinement bien, il est nécessaire de le dire !
La performance est vraiment dantesque car on pourrait croire qu'il est aisé pour un acteur d'alterner entre des personnalités qui semblent clichées alors que c'est pas du tout le cas : arriver à adopter des traits et des mimiques complètement opposés sans le moindre cut parfois est loin, mais loin d'être facile pour un acteur. Du peu de théâtre que j'ai fait, je peux vous dire que cela nécessite une maîtrise parfaite de son corps et de sa voix, chose pas donnée à tout le monde.
Alors oui, il manque quelque chose pour transformer ce très bon film en chef-d'oeuvre marquant comme son Sixième Sens, mais Shyamalan réussit à réunir des ingrédients qu'on pensait qu'il avait perdus depuis des années, et rien que ça, c'est très agréable à voir.
En effet, les deux actrices secondaires sont complètement effacées et fades, mais ne serait-ce pas intentionnel de la part du réalisateur vu qu'elles sont considérées comme telles par Kevin ?
Car je trouve l'actrice principale, Casey, d'un tout autre ressort ! Sombre, torturée, elle est similaire à Kevin sous certains aspects et je trouve les flashbacks très poignants, surtout un en particulier ( le plus choquant ). Même s'ils ont l'air d'être placés aléatoirement, ils contribuent pour moi à l'ambiance gênante du film.
Et on en vient à la fin du film ... qui pour moi dure une dizaine de minutes de trop.
Je l'aurais arrêté au moment où la " Bête " laisse Casey vivante en lui hurlant qu'elle est pure, l'émotion aurait été beaucoup plus forte !
A la place on a droit a une fin digne des univers partagés qui pullulent à droite à gauche et qui dénotent de l'originalité générale. Même si un " Shyamalan Universe " pourrait être intéressant, une fin au moment que j'ai décrit aurait, pour moi, bien mieux servi le film et son propos.