On est allés le voir, on s’est concertés, on a pas eu besoin de grandement s’engueuler pour se mettre d’accord : le dernier Shyabordel (1) est plutôt mauvais.
Les cinéphiles en moi sont unanimes.
L’enfant : « J’ai même pas eu peur. Et c’était trop long. »
L’adolescent : « les meufs sont bonnes mais finalement il leur arrive presque rien. Je vois pas l’intérêt de les foutre en soutif si c’est pour leur bouffer le ventre. Le twist est moisi. »
L’encyclopédiste : « Le huis clos n’a aucun intérêt, j’ai encore préféré 10 Cloverfield Lane, c’est dire. La bête pour faire peur, déjà vu dans Le Village. Les flashbacks, dans Signes. Le concept des capacités insoupçonnées du cerveau, c’est Lucy, mais là au moins, ça avait le mérite d’être drôle. Sur le trouble, c’est plus amusant chez les frères Farelly, et si vous voulez voir un comédien de talent qui interprète foultitude de rôles, allez plutôt voir Noblesse Oblige. Et je parle même pas du dernier plan avec le caméo le plus moisi de l’histoire. Même DC est plus subtil pour annoncer ses suites. »
Le prof de lettres : « Shyamalan applique comme de coutume sa recette supposée infaillible d’écriture, convaincu de tenir un sujet en or qui ne fait qu’exhiber très laborieusement ses ficelles. A grands renforts de dialogues on ne peut plus explicites (nous aurons même droit à une conférence sur Skype, c’est dire), de récits rétrospectifs grossièrement plaqués, d’avertissements poussifs d’un climax cathartique qui fera long feu, l’auteur pose ses parpaings pour justifier une fin laborieuse et dénuée de toute propension à effrayer, divertir ou émouvoir. Le dernier plan éclate comme un cache-misère particulièrement pathétique. »
L’analyste : « Il faut tout de même oser plaquer sur une intrigue aussi branquignolesque des discours supposément scientifiques. Certes, McAvoy ne démérite pas, et le fait de ne pas trop le déguiser pour se concentrer sur ses transformations faciales est la meilleure option. La séance durant laquelle la psy cherche à savoir à qui elle s’adresse est, de ce point de vue, assez réussie, et constitue paradoxalement le sommet du film : le reste est grotesque, tant dans l’instrumentalisation des sévices subis par la donzelle et qui vont lui permettre un trône au royaume des broyés, que dans la technique dite de l’interrupteur, permettant, en donnant tous les noms du malade, de lui ôter ses pouvoirs. Mais une fois seulement, hein, sinon ça vaut pas pour la suite du scénar.
Le bienveillant : Shyammachin a fait bien pire ces dernières années. Le problème, c’est que là, il semble parti pour un Incassable 2 / Split 2…
Le lucide : Il faudrait peut-être qu’il arrête. Peut-être qu’il suffit qu’on dise entièrement son nom bordélique pour lui ôter sa capacité à nuire.
Le sarcastique :
Manoj Nelliyattu Shyamalan !!!
Le perfectionniste : il faut peut-être le dire en malayâlam :
മനോജ് നൈറ്റ് ശ്യാമളൻ !!!!
(1) : © San Felice, cf. les commentaires de ma critique de The Visit.