Déjà si vous n'avez pas vu le film, ne lisez que ça : ceux qui vous diront que Split traite mal ce qui semble être son sujet (les troubles de la personnalité) ont - au moins en terme de faits scientifiques - raison.
Passons maintenant à ma critique, ou plutôt à la raison pour laquelle j'ai aimé le film (les raisons pour lesquelles je ne l'ai pas aimé, je les vois trop dans les autres critiques ; sérieusement, un cintre ?).
J'ai peut-être un esprit particulièrement tordu, une volonté de contredire ou de faire mon intéressant, mais je vois peu de monde réagir à ce qui me semble être un thème important, si ce n'est le thème principal, du film : le statut de victime de nos jours. Si vous ne voyez pas ce que je veux dire, allumez la télé ou surfez sur les médias en ligne ; on y sert plus volontiers des anecdotes supposément représentatives (je ne néglige pas leur importance) que des faits, rendues spectaculaires ou morbides selon les cas. Les victimes sont des monstres, au sens d'êtres qu'on montre du doigt, vénérés et craints. On n'établit pas vraiment de dialogue avec elles, mais on montre qu'on reconnaît l'existence de ces personnes, qu'on sait qu'elles sont là ; et on cherche à prouver qu'on le sait mieux que certains autres.
Tout ça pourrait sembler hors-sujet, mais ce sont en fait des idées que j'ai retrouvé dans le film, les traumatisés divers étant représentés par le(s) personnage(s) de James McAvoy : la marginalisation, la crainte du public les concernant, la recherche de leurs pairs ... tous ces aspects atteignent leur paroxysme dans la conclusion du film,
lorsqu'on réalise que l'héroïne, victime elle-même d'abus sexuels par son oncle et sous sa tutelle depuis un très jeune âge, va malgré la "reconnaissance" de la Horde retourner à sa violence quotidienne ; alors que la Horde, sortie plus forte de la rixe, semble choisir une voie radicale, et tâche d'inverser le rapport bourreau/victime.
Alors non, Split n'est peut-être pas un bon film sous pas mal d'aspects.
Mais je l'ai aimé pour d'autres, et je m'excuse si ceux que j'ai exposé ici vous semblent trop subjectifs ou peu pertinents. Fiez-vous à votre propre jugement, moins à celui de la "majorité", et encore moins au mien seul. Faites-vous votre idée quoi.