Sport de filles par Patrick Braganti
Le film se déroule en France et en Allemagne, durant un concours hippique qui devient le théâtre loufoque et grand-guignolesque des rivalités et des ambitions à la limite du ridicule. Peut-être faut-il aimer beaucoup les chevaux (omniprésents dans le film) pour apprécier le film de la réalisatrice de Saint-Cyr. Car les scènes d'entrainement, de soins et de gala occupent en grande majorité l'espace de la narration, qui a aussi fâcheuse tendance à s'éparpiller et à s'étioler. Sport de filles joue beaucoup sur la pluralité des nationalités (française, allemande et anglaise) et provoque du coup la collision des langages : Gracieuse, sèche et peu aimable, ne fait aucun effort pour être sociable alors que l'entraineur, tiraillé entre sa compagne autoritaire (Josiane Balasko inattendue) et sa maitresse envahissante, se débat avec les subtilités de la langue de Molière. Petit à petit, le film bascule dans le burlesque (Gracieuse se retrouvant dans le coffre d'une voiture) et s'éloigne du coup de son intention initiale pour se concentrer sur la trajectoire atypique d'une jeune femme mal embouchée mais terriblement persuasive et résolue.
Malgré le parti pris de l'action et le refus de psychologisation, ce sont malheureusement l'ennui et le désintérêt qui priment. Revêche et imprévisible, Gracieuse n'attise en rien la sympathie et son comportement nous parait puéril ou à peu près incompréhensible. Quant aux petites mesquineries qui se font jour pendant le concours allemand, il faut avouer que nous passons largement à côté. La lumière toujours remarquable de Caroline Champetier, la musique de John Cale et un casting bigarré (avec le suisse Bruno Ganz qu'on a vu chez Wenders) ne suffisent hélas pas à sauver le film dont on ne devine que par instants l'ambition et l'exigence.