Un film assez poignant et dramatique. Comme beaucoup des films formatés pour les Oscars (dont il possède tous les ingrédients), je l’ai beaucoup apprécié. Un thriller journalistique sur fond de biopic qui réussit à très bien maintenir son rythme et à mener son sujet du début à la fin pour porter notre regard sur une histoire peu reluisante. Le scandale des abus sexuel par des prêtres est connu de tous, ou presque ; mais ce qui rend ce film dérangeant et qui fonctionne, c’est lorsqu’on se rend compte de l’ampleur du phénomène.
Au départ, il s’agit d’un ou deux cas isolés, puis on arrive à une douzaine et on commence déjà à sentir un certain malaise. Mais ce n’est que lorsqu’un « spécialiste » révèle qu’on est bien loin de la réalité et qu’il y a un véritable complot derrière tout ça qu’on saisit toute l’étendue de l’horreur. À cela s’ajoute les témoignages plus poignants les uns que les autres des victimes, puis de l’implication des personnages qui, à l’image du spectateur, se rendent peu à peu compte de ce qui se passe réellement. Glaçant mais parfaitement mené. Le seul défaut se trouvera dans la conclusion, qui ouvre la porte à une ultime révélation, en forme de twist, qui aurait mérité à être plus développée.
Le casting affiche du beau monde, et ce beau monde s’en sort à merveille. Michael Keaton se régale dans son rôle d’éditeur en chef tandis que Mark Ruffalo nous propose là une de ses meilleures prestations. Rachel McAdams en fera de même avec toujours autant de naturel et d’empathie, bien qu’un peu en-dessous de ses homologues masculins. Stanley Tucci aura sans doute le rôle le plus intéressant et réussira parfaitement à le retranscrire de manière incroyable. J’ai aussi beaucoup aimé le rôle de Liev Schreiber et sa prestation, comme un personnage de toile de fond (certains plans accentuant ce côté par ailleurs) mais qui s’avère être d’une importance centrale, tout comme celui de John Slattery. Dans l’ensemble, un casting formaté Oscar là-aussi, que ce soit dans la distribution des rôles ou bien le jeu des acteurs.
Techniquement, on sent également les ambitions du film. La musique d’Howard Shore est étonnamment discrète et utilisée parcimonieusement, mais se révèlera très efficace pour faire vibrer la corde sensible lors des scènes phares. Les décors nous dévoilent un autre visage de Boston ainsi que l’antre du Globes. Quant à la mise en scène, elle est bien sûr hyper-soignée et maîtrisée, ne prenant au final que peu de risque et s’avérera donc extrêmement académique, toujours dans le souci de caresser les votant dans le sens du poil (tout comme le montage mais également la photographie).
Au final, on comprend pourquoi le film a remporté ses récompenses et ses nominations. Même si je ne suis pas forcément d’accord avec, et même s’il peut parfois s’avérer énervant que ce soit un tel formatage ; je ne peux pas m’empêcher d’avoir grandement apprécié l’histoire dans son ensemble ou le film lui-même. Ce qu’il dénonce est tout simplement glaçant.