Se rendre compte dans la salle que le film n’est interdit qu’au moins de 12 ans, un peu étonnant quand on sait qu’aux Etats-Unis le film a eu droit à un PG-17. Mais difficile pour un distributeur de renoncer à ce merveilleux cœur de cible composé de midinettes à la voix (trop) aigue qui chantait en cœur What time is it avec Vanessa Hudgens, il n’y a de ca pas si longtemps. Quelques années plus tard, c’est plutôt pipe et rail de coke, mais les gloussements sont toujours la. Et c’est bien la le problème du film, et d’Harmony Korine qui veut faire un film choc, glauque, anarchiste presque, et embauche pour cela toute l’écurie Disney…
Et au milieu de tout ca, James Franco. Acteur, poète, peintre, artiste. Tour à tour ridicule, terrifiant, émouvant, on devine au travers du personnage une folie propre à l’acteur, touche à touche, incapable de rester en place, et surtout cherchant sa place dans cette industrie dont on le sent de plus en plus déconnecté depuis sa lamentable présentation des Oscars 2011. Il n’a jamais semblé aussi vivant que dans ce film, en gangster accro à l’argent, au pouvoir et aux filles - ou aux mecs- le doute plane toujours, exacerbé par cette improbable scène ou Franco, pas trop sur s’il va vivre quelques minutes de plus, canon dans la bouche, nous offre une des plus excitantes scènes de pipe des dernières années. Malgré des gamines à poil pendant 1h30, il est bien le seul qu’on voit, et veut regarder.
Parlons histoire, très rapidement puisqu’en fait il n’y en a pas. Un scénario bidon, si vide que chaque dialogue est répété au moins 3 fois, comme si le réalisateur voulait graver chaque propos dans nos cranes, sans trop se rendre compte de leur absence totale de substance. Une fausse moralité gerbante, avec des plans entrecoupés de coup de fil de petites filles en larme à leur mamie et de discours vide sur la spiritualité. Selena Gomez, petite poupée aux yeux rougis par les larmes, quota catho d’un film en cela très américain, s’enfuit bien vite par le bus, comme pour condamner ce film qu’elle ne cautionne pas du tout, pas peur d’y prendre un peu trop goût. Vite écœurant, ce mélange de bons sentiments et de glauque rend l’ambiance peu plaisante, et le plaisir d’autant plus coupable.
Du coup, on finit vite par arrêter d’écouter ses gamines qui pensent trouver un sens à leur vie sur les plages de Floride, et c’est à ce moment la que le film surprend le plus. D’une étrange beauté, chaque scène (principalement celles de nuit) nous envoute, servit pas une bande son superbe, enivrante et psychédélique, mélange de Drive et de pop culture so 90’s, dont Britney est surement la plus grand icône. Parlons-en de Britney, et de cette scène incroyable de beauté et d’émotion. James Franco au piano, la mer, le coucher de soleil, des gamines qui font la ronde gun au poing, et Everytime chuchoté, chanté par un Franco pour le coup plus du tout « gangster », mais très humain, et touchant.
On en sort finalement dans un drôle d’état, des couleurs pleins les yeux, euphorique, pas très certain de ce qu’on vient de voir, entre bras d’honneur aux conventions et à cette génération qui se veut adulte à 15 ans mais cours dans les bras de maman, et racolage outrancier tout droit sorti d’un clip MTV.
Et surtout, une envie folle de se refaire la discographie de Britney Spears.