Quatre étudiantes lassées de leur vie scolaire veulent s'évader au plus vite. Et pour ça, rien de mieux que le Spring Break. Ce but les obsèdent et face à ce besoin certaines oublient rapidement les limites du raisonnable.
Avec une ouverture façon clip sous la musique de Skrillex (enfin proposée au cinéma), un montage attrayant et une image subliment colorée, l'intro était déjà captivante. Mais à ce moment précis où elles franchisent un mauvais pas, Spring Breakers devient fascinant.
Une fois les fêtardes arrivées in «The Place to be» le film donne ce que promettait la bande-annonce, une ambiance à la Projet X. Alcool, drogue, sexe à gogo et musique à fond. On se laisse entraîner dans cette party où tout les vices rongent l'âme. Alors Faith (celle qui a la foie) se dit qu'elle aimerait vivre toujours ainsi et ne jamais arrêter les festivités.
Mais rapidement, la fête est finie. Nos demoiselles doivent alors payer leurs débordements pour revenir à leur vie paisible et aux examens scolaires. Une rencontre fortuite les dévieras de ce retour dans le droit chemin.
Alien, un rappeur venu d'une autre planète, à jeté son dévolu sur ces poulettes. A ce moment on se dit qu'il va les déplumer. Il ne fera qu'effrayer la plus sage qui décide de rentrer au bercail. Les autres veulent rester dans ce monde d'apparence sans contraintes. Cet univers c'est celui des gangstas. Des terreurs menées par un leader qui prend pour icône, une glace.
Les trois naïades restantes se sentent comme chez elles dans ce bain. Elles prennent même le dessus sur Alien, vedette du coin et grand rival de l'homme aux glaces (pourtant meilleurs amis auparavant et ça fait étrangement penser à l'inévitable rivalité de deux rappeurs français).
La brutalité prend de l'ampleur en même temps que les jeunes filles prennent leur aises. Celle qui a le plus de plomb dans l'aile finie par fuir à son tour. Qu'importe, le gangster au cœur d'or comptait d'avantage sur les deux autres. Il laisse ces dernières dans une bien mauvaise posture, perdues et repensant à leur vie d'avant mais bien après celle qui à la foie.
Quand Faith constate que la fête est finie et qu'il ne reste plus rien d'amusant, Brit et Candy n'y trouvent rien à répondre. Quand Cotty, qui semblait la plus téméraire et underground (de plus la seule des quatre actrices à ne pas venir de l'univers Disney) se prend le coup de trop et part à son tour, elles n'y répondent toujours rien et ne sont pas plus alertées. Il ne reste alors que celles qui ne sont ni trop amochées ni trop réfléchies.
Harmony Korine livre un magnifique double jeu.
Attirer un public friand des sensations de l'interdit par son thème et avec un casting taillé chez les idoles Disney. Les quatre têtes d'affiche féminines donnent cher de leur peau, souvent très dévoilée, et prennent à grand contre-pied le jeune public qui a pu les suivre jusque là et surprennent probablement bien des réfractaires chargés de pré-avis sur ces noms bien plus évocateurs pour les ados. Faire envie pour mieux mettre une claque.
Réjouir les plus cinéphiles en signant une mise en scène léchée et un personnage aussi charismatique que Alien. James Franco génialement too much nous fait un véritable numéro en gangsta-rappeur beau parleur.
Proposer une photographie aux couleurs fluos dans un univers bien sombre. Un visuel et des personnages haut-en-couleurs qui forcent la sympathie et permettent de ne jamais tomber dans la lourdeur.
Utiliser le Spring Break pour symbole des plaisirs de la jeunesse qui pourrait se vouloir éternelle. Et cela sans se soucier de ce qui vient après la fête au risque de ne jamais en sortir et donc de ne jamais mûrir.
Le montage précisément désordonné nous fait vivre pleinement la décadence de l’intérieur comme le faisaient très bien Trainspotting ou Requiem for a Dream. Le sinistre destin de la jeunesse présenté par Harmony Korine est une vision mis au goût du jour de celui des Virgin Suicides de Sofia Coppola.
Mais Spring Breakers n'est ni une lamentation face à une fatalité ni une leçon de morale.
C'est le constat d'une génération délaissée qui se condamne au manque de contrôle de soit et à suivre les rêves de tous.