Spring Breakers par Pierre Ophèle-Bonicel
En guise de critique, je place ici une petite discussion que j'ai eu avec une amie :
Elle : " - Pour moi c'est de la vulgarité gratuite à l'américaine, j'ai aucune envie d'aller voir ce genre de truc.
Moi : - En tant qu'objet cinématographique ça faisait un moment que je n'avais pas vu au cinéma quelque chose d'aussi bon. C'est une esthétique très rare de nos jours, et d'autant plus appréciable, dommage que le sujet te bloque. Pourtant c'est comme dire que Tarantino c'est de la violence gratuite, c'est pas vulgaire, c'est la réalité, du moins la partie réellement Spring Break, après c'est un rêve pop qui vire au drame, sans mélodrame, sans bons ni mauvais, puisqu'ils sont tous assujettis à leur conditions.
Et pour sortir du sujet même, c'est un des rares films que je connaisse qui ait cette esthétique quasi jeu vidéo, par ailleurs, un film qui en ressortant te donne l'impression de t'être drogué.
Elle : - Je le verrai sans doute, mais c'est comme un Tarantino ou le film Les Infidèles, je suis quasiment sûre que ça ne me plaira pas...j'ai absolument détesté Les Infidèles à cause de ce sujet un peu gras et cette façon de filmer où on montre tout, je déteste les pièces de théatre contemporaines, où la nudité est un passage essentiel pour faire passer une idée.
Pour moi ces sujets ou manières de filmer sont aussi utiles que la masturbation, c'est à dire sans intéret car l'amour pour moi se fait à deux. C'est la même chose pour les films, le suggestif est pour moi bien plus intéressant que le démonstratif. je préfère les choses faites dans la finesse, dans la supposition afin de laisser le spectateur réfléchir plutôt que de lui donner tout cru ce que le public d'aujourd'hui attend, du cul et de la violence largement explicitée ...
Moi : - Et bien, et bien ! Comme tu y vas ! Déjà je trouve dommage de généraliser les pièces de théâtre contemporaines en disant de celles-ci qu'elles exhibent des corps pour faire passer une idée. M'enfin c'est un autre débat.
Le suggestif est fait pour installer un suspens ou créer une réflexion, et je suis complètement d'accord avec toi, de manière générale, je préfère aussi quand un film ne prémâche pas le travail du spectateur et lui évite la passivité. Mais il faut voir ce film comme un reportage. On demande pas à France 2 d'être suggestif lorsqu'ils parlent de la guerre au Mali. Là pareil. C'est justement l'aspect démonstratif, concret et dangereusement proche de nous (enfin surtout de la population jeune américaine) qui fait réfléchir. On s'écarte ainsi du polissage dont font preuve majorité de films actuellement.
Et comme je disais, au-delà de l'aspect reportage, un véritable drame (véritable au sens justement de affreusement humain) s'installe. C'est pas du cul pour du cul, ou de la violence pour de la violence. C'est la réalité. Et il ne faut justement pas voir ce film comme un Tarantino. Tarantino n'a absolument rien de réaliste. C'est perpétuellement du second degré et de la référence. D'où encore une fois qu'il ne s'agisse pas de gratuité.
D'ailleurs je sais pas si il existe de la violence gratuite au cinéma, ou alors vraiment dans les films très mauvais, après j'ai pas assez de vécu ni d'expérience pour te le démontrer, je suppose juste. Même dans les films gores en fait je ne pense pas que ce soit de la violence gratuite, ou alors c'est une gratuité qui est mise en scène pour que les spectateurs en ressortent défoulés et soulagés. "
Oh, hé, hein ? Bon.
D'ici la prochaine critique, tchou tchou, XOXO, allez au cinéma, jouez au jeux vidéo, lisez, sortez, dansez et écoutez de la musique, même de la merde. C'est important aussi, la merde.