Portrait d'un génération dont les désirs et volontés sont encore et toujours plus tournés à l'extrême, Spring Breakers est surement l'une des bonnes surprises de cette année 2013. On a eu Clark, Van Sant, Araki, maintenant on peut compter sur Korine.
Là où le film frappe fort, c'est qu'il a d'abord tout pour être de prime avis détestable. Ainsi, les 5 premières minutes sont vulgaires à souhait: Skrillex se fait entendre, puis des images apparaissent. Des jeunes qui font le Spring Break, font des "fuck" à la caméra, se roulent des galoches, se tripotent, se défoncent, se bourrent la gueule etc.. Korine filme des seins à l'air, des fesses - pleines de cellulites cela dit en passant! - qui s'agitent et dansent dans tous les sens. C'est vraiment obscène. Alors on se dit qu'un nouveau Projet X - plus trash - s'annonce. Et soyons honnêtes, on commence à avoir peur.

Puis BIM, retour à la réalité. Un peu comme si les 5 premières minutes du film avaient été utilisées dans le but de dire: "Et vous, les ados boutonneux du premier rang? C'est bon, je vous ai fais plaisir. Maintenant c'est terminé. Oust."
Mais Korine fait encore plus fort. Car, voyez-vous, ces "ados" évoqués juste au-dessus, et qui sont allés voir le film en s'attendant à un nouveau Projet X, vont en prendre pour leur grade. Maintenant, ils sont dans la salle, et veulent vibrer. Sauf qu'Harmony a prévu autre chose. Et oui, car il est bien évident qu'à travers le parcours de nos 4 nenettes, c'est à ces ados-là que s'adresse le cinéaste. Les cours c'est trop dur, se bourrer la gueule H-24 et sniffer 7J/7 c'est mieux? Et bien regardez là où vous allez atterrir.

Alors biensûr, une fois l'arrivée du personnage d'Alien, le film semble de plus en plus irréaliste, le cinéaste semblant davantage se soucier de faire mumuses avec tous ses filtres fluos. Ou pas. Car, ce n'est ni plus ni moins que la descente aux enfers de nos 4 jeunes idiotes que nous montre Korine. Des excés, toujours des excés. Mais jusqu'à quand? Que faut-il à cette génération pour enfin se réveiller? Cambrioler un petit magasin? Se faire arrêter par les flics? Se prendre une balle? Faire une overdose? Se faire violer? Simplement avoir peur? Ou bien faut-il aller jusqu'à tuer des gens? Une fois ses croyances ébranlées, la chute n'est que plus lourde.

Ta vie est merdique? Alors travaille bien, soit patient, et tu pourras peut-être faire quelque chose qui te plaît. Tu peux toujours aller cambrioler un fast-food, t'éclater et tuer des gens. Et tu passeras ta vie en cellule. Tu crois vraiment que c'est mieux?

Le titre Lights que l'on peut entendre dans le générique final illustre d'ailleurs tout ça: une génération en quête de repère, qui a juste besoin d'une "lumière", d'un guide pour assouvir ses envies. Ici, ce guide n'est autre qu'Alien, un mec d'une "autre planète". Il n'est pas réel. Un peu comme tous ces médias que peuvent être la TV, les JV ou toutes ces idoles Pop en vogue (Rihanna, Lady Gaga..) qui servent d'exemple, et donc de guide à cette génération.

Spring Break forever? Non, pas vraiment.
Le_Prophète
9
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le 1 avr. 2013

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Le_Prophète

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