Spring Breakers par Wolvy128
Que dire sur ce film si ce n’est que, de par son image léchée et sa musique pop enivrante, il constitue une expérience sensorielle véritablement inédite. Bien loin de sa promo pour le moins racoleuse, le film se révèle rapidement beaucoup plus intelligent qu’on aurait pu le croire au départ. Bien sûr, la première partie est sans surprise puisqu’elle fait la part belle au Spring Break avec tous les excès que l’on connait (alcool, drogue, sexe…) et tous les clichés que l’on imagine. Mais c’est pour mieux déconstruire le mythe dans sa seconde partie. En effet, tel un rêve qui vire au cauchemar, les quatre jeunes femmes vont très vite déchanter et au contact du surprenant Alien, la descente aux enfers va se mettre en marche. C’est là que le film devient vraiment intéressant car il nous plonge dans la vacuité la plus totale de cette jeune génération complètement déboussolée. Le Spring Break s’apparentant pour les héroïnes à une sorte de quête identitaire indispensable pour pouvoir se trouver en tant que personne. Et si certaines d’entre elles vont interrompre à temps l’expérience et reprendre leur vie estudiantine, pas forcément plus heureuses qu’avant, d’autres vont en revanche entièrement s’abandonner à cette existence de débauche et d’excès.
Mais si le fond n’est pas inintéressant, c’est davantage d’un point de vue technique que le film marque les esprits. Effectivement, non seulement la mise en scène d’Harmony Korine est maîtrisée mais la photographie de Benoît Debie (Enter the Void) est également superbe au niveau des couleurs et de la lumière. En particulier lors des séquences nocturnes qui sont toutes absolument sublimes. Et que dire du magnifique montage déstructuré qui joue habilement avec la chronologie et les éléments de répétition. Côté casting, c’est assez difficile d’émettre un avis car il s’agit d’un film mettant surtout l’accent sur le visuel. Du coup, les actrices disent très peu de choses tout au long de l’histoire. Néanmoins, on peut tout de même se réjouir de l’émancipation de Vanessa Hudgens, et dans une moindre mesure de Selena Gomez, qui va peut-être leur permettre de prétendre à des rôles qu’on ne leur aurait pas forcément confié avant. Et on peut aussi constater que James Franco est définitivement l’un des acteurs les plus doués de sa génération puisque même en gangsta dépravé, il est toujours aussi convaincant. Enfin, comment faire une critique de Spring Breakers sans évoquer la musique qui fait partie intégrante du récit. Elle est signée Cliff Martinez (Drive, Contagion…) et, en plus de coller parfaitement aux images léchées de Benoît Debie, renforce considérablement l’ambiance du film. En témoigne d’ailleurs la scène, déjà culte, où James Franco reprend au piano un morceau pop pour le moins inattendu.
En conclusion, Spring Breakers s’avère donc être une très bonne surprise puisque le fond est loin d’être sans intérêt et la forme est juste sublime. Qui plus est, le film peut s’appuyer sur une BO détonante et un James Franco complètement habité par son personnage. On pourra toutefois regretter quelques moments de flottement et une fin peut-être un peu bâclée mais cela n’enlève rien au plaisir sensoriel qu’il procure. Bref, un film qui ne plaira certainement pas à tout le monde mais qui a le mérite de ne pas laisser indifférent. A voir en connaissance de cause !
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