Après avoir écrit deux films polémiques pour Larry Clark (Ken Park et Kids), et réalisé quelques courts et longs-métrage (Gummo pour ne citer que le ‘plus connu’.), Harmony Korine s’attaque, en compagnie des princesses Disney, au spring break. Un tout autre univers pour ce réalisateur habitué au cinéma non conventionnel.
En quête d’aventures et de sensations fortes, quatre filles essayent de s’échapper de la monotonie ambiante et grâce au spring break, elles tentent de toucher du bout des doigts le rêve américain. En quête d’identité, ces filles ne pensent qu’à se trouver, mais cette « semaine de relâche » va très vite leur montrer qu’elles se perdent dans l’enfer du paradis.
Spring Breakers est un film hautement esthétique, l’utilisation des lumières naturelles et artificielles est intentionnellement décuplée afin de déterminer un univers psychédélique et renforce l’idée qu’on flotte dans un rêve, un monde où tout est mis sur pause et où on tente d’oublier la froideur de la société actuelle qui ne fait plus rêver. Korine réalise un film visuel sophistiqué et cherche à mélanger les différents éléments qui constituent la pop-culture américaine d’aujourd’hui, celle qui ne recherche plus que l’amusement pour oublier les études, les examens, la vie. Spring Breakers reste dans les thèmes des précédents scénarios de Korine, un univers hyper-sexualisé où les images érotiques se conjuguent avec la violence et la drogue ancrées dans la société actuelle. Le film est incontrôlable, exubérant, sans limites et transgresse les interdits. Spring Breakers reste tout de même un sujet intéressant et pose la question du film réalité. Là où Massacre à la tronçonneuse dénonçait la mort industrielle du Texas, Spring Breakers se penche sur les dérives de ces fêtes où tout est possible, même la mort.
Connu pour n’utiliser que des acteurs peu connus, Korine ici s’attaque aux princesses de la firme Disney. Vanessa Hudgens, Selena Gomez, Ashley Benson et Rachel Korine collent à la marque à laquelle elles appartiennent : sage, prude et politiquement correct. Le réalisateur casse l’image de ces filles et montre à la perfection qu’elles ne sont pas que de simples actrices pour du divertissement familial. Elles peuvent être sexuelles, bestiales et d’une grande intensité. Selena Gomes en petite chrétienne sauvageonne est la révélation du groupe, mea culpa pour cette actrice qui devrait continuer dans cette direction. Ce groupe représente parfaitement cette jeunesse insouciante en quête de rêve, mais qui se brûle les ailes à force de vouloir voler trop près du ciel. L’interprétation du rappeur-gourou par James Franco envoie du rêve. Ne voulant pas copier la gestuelle des rappeurs d’aujourd’hui, il incarne avec une réelle profondeur son personnage qui, au fil de l’histoire, devient presque attachant. Un acteur méconnaissable, aux multiples facettes.
La musique est très présente dans ce film, et Skrillex y réalise sa première bande originale. Même si on n’apprécie pas à son style, il faut dire qu’elle colle parfaitement aux traits du film. On peut également entendre les mélodies du compositeur Cliff Martinez, ses musiques sont très familières à celles du film de Refn, Drive. Il décuple les scènes dramatiques pour le plaisir des oreilles.
En conclusion, Spring Breakers n’est pas la claque que j’attendais. Korine fait ce qu’il s’est faire de mieux : lâcher la meute sur une jeunesse détériorée et abandonnée. Un pur film-vérité.
Test blu-ray : http://cineclubmovies.fr/2013/06/22/test-blu-ray-spring-breakers-realise-par-harmony-korine/