Bravo, Jean-Jacques Annaud.
Tu as réussi à faire un film encore plus primaire, con et artificiel que "Le soldat Ryan".
Et pire, tu avais dans ton casting le plus bel homme un monde (Jude Law) et la plus belle femme du monde (Rachel Weisz). Et tu fais hurler Rachel comme une folle tandis que Jude la maintient en couinant : "I'll get him. I promise you I'll get him". Mais quelle horreur !
Des mecs qui gueulent avec des explosions en fond. Des avions qui représentent une menace abstraite, un ressort scénaristique, comme dans un jeu vidéo. Des scènes complètement noyées dans le genre codifié des films de guerre...
Quand William Wellmann faisait des films de guerre, il avait pour lui son expérience pendant la Première Guerre Mondiale, et il ne manquait jamais de rajouter tout un assortiment de détails véristes et culottés qui faisaient que son film sonnait vrai : pas besoin de faire dans l'esbroufe. Ho, il y en a, des détails bien croqués et originaux : la scène de sexe silencieux au milieu du dortoir ; les morceaux de verre en miroir dans lesquels Ed Harris cadre Jude Law. Mais quand je regarde le film, "j'entends le clap", comme disait Orson Welles. ça fait "filmé". Quand mon grand-père a connu la guerre, ça n'avait rien à voir avec cette reconstitution artificielle, où les mitaines ne peluchent même pas, ou les gamins des rues n'ont même pas les mollets sales ou la casquette de travers.
La bataille de Stalingrad n'est qu'un prétexte pour un duel à distance entre deux hommes, l'Allemand méthodique et sportif (Ed Harris) et l'homme du peuple qui supporte mal d'avoir été starifié par l'Armée Rouge (Jude Law). Alors oui, le potentiel dramatique des situations de tension (être exposé/ tirer et dévoiler sa position) est bien exploité, mais à quoi bon quand tout sonne toc ? Rajoutez à cela un triangle amoureux entre Law et le personnage odieux d'officier politique jaloux des faveurs de la belle Rachel Weisz, pour meubler, et vous avez un de ces "nouveaux films de guerre" en fer-blanc comme on en produit depuis le Soldat Ryan.
Un film de guerre fait par un gars qui n'a pas connu la guerre et qui fantasme dessus.