Voici la viiiie, la belle vie qui coule dans nos veines.

Deuxième Tarkovski et me voilà conquit par le travail du bonhomme qui livre une oeuvre aboutie, fouillée, et réfléchie, à la frontière du fantastique littéraire.

Ce film c'est d'abord la métaphore d'une vie, une vie faite de douleur, de déception, de gris, de laid, bref rien de bien rose, la ville d'ailleurs où tout commence est emprise de cette réalité, de cette laideur industrielle, des hauts fourneaux qui fument plein pot, du béton et de l'humidité.

Là deux scientifiques cherchent à aller dans "la zone", un espace laissé à l'abandon et parcouru de ruines où la nature et les légendes ont repris leurs droits. Pour ce faire ils font appel à un guide, pour le reste du film c'est simple : c'est la vie, ses obstacles, son ombre, sa lumière, ses joies, ses peines. On se s'arrête pas, on ne retourne pas en arrière, et on devise sur son passé, son présent, son futur, et sur l'accomplissement personnel, et d'ailleurs sur ce qu'est l'accomplissement personnel.

Chaque scène est forte, puissante, derrière cette impression de film lent et calme, ne s'y prenant que peu de chose, se cache en double sens une grande réflexion sur la vie, un témoignage sur le ressentit des protagonistes et sur une partie de leur vie, les deux scientifiques auréolés de connaissance et en quête de son sens, et un guide accompli, mais vivant dans une misère qu'il assimile à une vie d'art et de chef d’œuvres.

Tout est jeu de formes et de couleur où chaque détail prend son importance, comme un chemin jonché de détritus, l'eau, le feu, les pas, les salles étranges, les batiments et les champs. Les scènes apparaissent en noir et blanc, en sépia, en bi-color étrange ou simplement en couleur naturelle montrant chacune un indice temporel ou un ressenti quant au son il est simple et efficace puisqu'il s'agit de la nature dans sa splendeur et dans son émerveillement.

Mais il ne faut pas se tromper, si jusque là l’œuvre donne l'impression d'être un vague film d'auteur le réalisateur choisi de transformer ce chemin de vie apparaissant comme seulement de quelques mètres en un récit à la limite du fantastique, offrant des pouvoir quasiment spirituels dont la frayeur est communiquée au travers du personnage du stalker, le guide superstitieux et idéaliste, offrant un contraste d'autant plus fort qu'il communique cette frayeurs aux deux accompagnateurs qui eux-même évolueront, changeront, comme la vie change les Hommes en fait. Il apparait comme le guide spirituel des autres personnages, en bien quand il leur montre la voie, comme en mal les défendant de choisir une autre voie et se protégeant derrière eux.

J'aimerais seulement revenir sur le contenu idéologique, l'écrivain, le professeur, et le "stalker", me font étrangement penser à l'image soviétique du travailleur, du chercheur, et de l'artiste qui sont de grands stéréotypes véhiculés par la société soviétique ( qu'on me corrige si je me trompe ) et à plusieurs reprises reprise l'artiste au départ désabusé devient lui-même communicateur d'une pensée où la recherche de l'accomplissement par la richesse n'est rien, et où seul l'art compte dans le sens où il constitue l'accomplissement culturel, ce qui en soit constitue une métaphore du chemin de vie selon son réalisateur.

Je pourrais encore continuer à défaire les ficelles de l'oeuvre pendant des pages tant elle est riche, mais je me contenterais de dire que ce film est une très belle réussite remplie de jeux d'images, de couleurs, de sons, et de métaphores, mais que sont scénario en apparant lent et plutôt monotone en rebutera plus d'un mais qu'il représente à mes yeux et indépendamment de son message un véritable chef d'oeuvre.
Crillus
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le 20 mars 2014

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Crillus

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