Meilleure (et PIRE) utilisation d'un spot d'Urbex de l'histoire du cinoche.

Scénario :
Au lieu de faire un copier/coller du résumé wikipédia, je vais copier/coller ce qui a été ENLEVÉ du résumé wikipédia :
Il existe une zone, lieu dont personne ne connaît la nature. A-t-elle été touchée par une bombe atomique ? Une météorite ? La venue d'extraterrestres ?
[...]
Ces règles contraignent le professeur et l'écrivain à révéler leur personnalité intime, ce qu'ils cachent au plus profond d'eux-mêmes.
[...]
Mais voici que les derniers masques tombent, y compris celui du stalker qui est peut-être tout simplement un truqueur, un superbe sophiste qui arrive à faire vivre, à faire ressentir dans le monde réel nos émotions, nos intentions les plus cachées… Ou alors le stalker ne serait-il pas un révélateur de l'âme, celui qui accompagne les hommes vers la révélation mystique ?
[...]
Tout est-il donc inversé dans la zone ? Et qui est, en définitive, le stalker ? Le professeur, l'écrivain arriveront-ils à outrepasser cette dernière crise ? Arriveront-ils à pénétrer dans la chambre ?


Ça aurait été parfait sur une jaquette de DVD, mais ça n'a rien à faire dans un résumé.


Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film"



En tant que sujet d'étude :



Stalker est le film j'ai pris afin d'étudier le cinéma d'Andreï Tarkovsky, un cinéaste russe, célèbre pour de nombreux films et adulé pour plusieurs choses : la beauté de ses plans, la profondeur de ses histoires, et le côté contemplatif et méditatif qui s'en dégage.


Ce qu'il y a d'intéressant avec Tarkovsky c'est qu'il n'hésite pas à s'inspirer de la science fiction, ici le roman, "Pic Nic au bord du chemin" sauf qu'il en épure tout ce qui était SF pour n'en garder qu'une trame relative : les pièges de la Zone, son rapport avec les extra-terrestres, la Chambre, les expériences, tout est renvoyé à l'implicite, au dialogue et à ce que l'on ne verra pas. Tout est dans l'idée qu'il faut croire que ce que le Stalker dit est vrai.


Mais surtout le film est entièrement centré sur son décors, cette "Zone" totalement dévastée, faite de plaine dans laquelle l'herbe a pris le dessus, d'usines désaffectées, de corridors interminables. Et j'ai passé tout mon visionnage à me demander si cela avait été modifiés par des décorateurs afin de leur donner un aspect plus mystique (ces dunes de sable étrange dans un entrepôt) où si ils ont pris le lieu tel quel.


Et a en faire des recherches, j'avoue ne pas trop savoir : apparemment pas mal de plans auraient été truqués, de l'herbe et des arbres auraient été repeint, ils ont construit une salle entière afin de réaliser un trucage (qui n'a pas marché) mais suite à des problèmes entre Tarkovsky et ses chef op ainsi que Tarkovsky et les pellicules Kodak, le film aurait été refilmé trois fois. Du coup, va savoir si tel ou telle anecdote de tournage est véritable ou pas.


En fait, de ce que j'ai appris c'est que les dunes de sable que l'on voit seraient en fait des polluants (quasiment de l'amiante) qui auront filés le cancer à Tarkovsky a Anatoli Solonitsyne et à une partie de l'équipe technique. Cancer duquel ils sont mort. Ha, le cinéma !



Mon avis personnel :



Je suis déçu. Je m'attendais à mieux.


Alors, oui, je savais que Tarkovsky c'est contemplatif. Je savais que c'était plus un film d'ambiance et qu'il ne faut pas s'attendre à avoir une explication et des révélations, mais....


.... bah, ça m'a laissé complètement froid. Oui, certains plans sont travaillés. (Notamment sur la fin, lors de l'exploration des lieux entourant la chambre) mais l'intrigue m'a laissé de marbre. C'est surtout qu'avec un tel prémisse de base, notamment autour de la Zone, ceux qui la visitent, le fait qu'on ne peut pas suivre le même chemin, qu'elle a ses propres lois, bah j'imaginais totalement autre chose. D'un côté c'est une idée de réalisation assez intelligente, qui permet de faire fonctionner l'imagination du spectateur en lui disant "hé, t'as vu ce truc dévasté... c'est un lieu magique dans lequel les gens peuvent se perdre" mais je suis limite jaloux de ne l'avoir jamais eu. (La prochaine fois que je filme dans de l'Urbex, je sais ce que je fais.)


Idem sur la Chambre. C'est pas tant qu'on ne la voit pas qui me gène mais plus de me dire que le film décide plus d'en faire une thématique sur la foi, l'inaccessible, le Graal et ce qu'on voit dans celui-ci. Or, ça me parle moyen. Ça doit parler à plein de gens mais je me suis dit qu'avec une telle idée, j'aurais sûrement fait autre chose. (Ceci dit le film The Room en est une et je refuse de croire qu'il n'y a pas vaguement un lien avec Stalker.)


Alors j'ai lu des analyses du film, qui m'ont fait comprendre que... j'avais compris ce qu'il y avait à comprendre. (J'ai même poussé le vice à changer la fiche wikipédia en me basant sur la fiche anglaise, plus complète et bien moins marquée par la subjectivité.) Alors, oui, c'est un film à interprétation sauf que des interprétations, bah, j'en ai pas des masses. J'interprète que la fille du Stalker a probablement des pouvoirs télékinétique, mais tout ce que ça me fait dire c'est "c'est cool pour elle."


En fait, lorsque je lis les critiques me parlant "d'angoisse palpable que l'auteur réussi à introduire dans le film avec une rare sobriété" (c'était quasiment écrit texto sur la fiche wikipédia) ou du fait que "Tarkovsky ne nous parle pas, il parle à notre âme" bah, je m'aperçois que je suis passé complètement à côté de quelque chose. Il y a une sorte de mystique dans Stalker qui ne me traverse pas.... ce qui est drôle vu que c'est le sujet du film. Je suis comme l'Écrivain du film : j'arrive pas à comprendre où on veut m'emmener, je traine des pieds, je remets en question sans arrêt le côté surnaturel de ce qu'on me montre.


Après, si je pense ne jamais voir d'autres films de Tarkovsky, je pense que je vais m'en inspirer ne serait-ce que pour des projets de court-métrages fantastique que je ferais dans mon coin. Et c'est peut-être une des grandes forces de ce film : il a inspiré aussi bien d'autres films que des clips ou des jeux vidéos. Ce que je lui accorde bien volontiers.

le-mad-dog
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le 28 nov. 2020

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Mad Dog

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