Parenthèse (dés)enchantée
Dominique en femme multiple illumine de la grâce de son visage ce premier long métrage envoûtant qui frôle la noirceur de très près.
Rien de très original pour commencer : Un couple part en voyage pour s'installer en Argentine et le mari profite de la file d'attente pour larguer sa femme. Il part donc sans elle, la laissant hébétée, seule à errer dans un no man's land peuplé d'indifférence.
La brutalité de la rupture laisse Hélène sous le choc.
Comme le sont les voyageurs dans cet espace qu'est l'aéroport, elle a mis sa vie en "Stand by", incapable qu'elle est de réagir face à l'attitude de cet homme qui détruit ses repères.
Un portrait de femme tout en nuances dans lequel Dominique Blanc fait des miracles. Elle passe de l'épouse servile et effacée à l'allumeuse qui fait de son corps son gagne-pain en donnant à son regard, à ses expressions une palette d'intensités extraordinaires. Sa manière de revendiquer sa liberté après avoir été soumise à cet homme d'un égoïsme sans borne peut étonner mais il faut la considérer comme une étape nécessaire avant l'embarquement pour la destination finale.
Au fil de ses rencontres dans cet aéroport qu'elle ne quitte plus, elle va s'affirmer, se transformer, de femme fragile à femme fatale, se lier à des gens, tout en se vendant à des hommes de passage. Là aussi, de maladroite et embarrassée, la chose va devenir pour elle non pas un plaisir mais un jeu.
Roch Stephanik a fait de son coup d'essai un coup de maître qu'il n'a malheureusement jamais renouvelé.
Ses éclairages sont somptueux, sa maîtrise du cadrage révèlent une maturité étonnante qui nous fait d'autant plus regretter que sa carrière n'ait pas été plus prolifique.
Prix du meilleur réalisateur et de la meilleure actrice pour Dominique Blanc, lors du Festival international du film du Caire en 2000.
Prix de la meilleure première œuvre, lors du Festival des films du monde de Montréal en 2000.
Prix Tournage, lors du Festival du film d'Avignon en 2001.
Nomination au prix du meilleur film, lors du Festival international du cinéma indépendant de Buenos Aires en 2001.
César de la meilleure actrice pour Dominique Blanc et nomination au César de la meilleure première œuvre en 2001.