Veuve depuis quelques mois, Iris travaille dans une boulangerie industrielle de Nouvelle-Angleterre pour assurer la subsistance de ses deux enfants, un garçon d’une douzaine d’années et une adolescente en pleine crise d’indépendance. Stoïque, elle supporte également les disputes continuelles de sa sœur et de son beau-frère qu’elle a accueilli provisoirement chez elle. Un jour qu’elle rentre du travail, Iris se fait arracher son sac à main qui contient sa paie du mois. Elle poursuit le voleur jusque dans un terrain vague sans penser aux risques qu’elle prend. Heureusement, l’intervention d’un inconnu témoin de la scène, met en fuite le malfrat. C’est ainsi qu’elle fait la connaissance de Stanley qui lui explique être cuisinier dans la cantine de l’entreprise où elle travaille. C’est le début d’une relation amicale qui se complique toutefois lorsque Iris comprend que Stanley ne sait lire, ni écrire...
Dernier film de Martin Ritt, qui mourra peu de temps après sa sortie, Stanley & Iris aborde un thème rarement traité dans le cinéma de fiction américain, à savoir l’illettrisme. Ballotté d’une ville à l’autre au gré des déplacements de son père colporteur, Stanley a sans cesse changé d’école, accumulant un tel déficit de connaissances qu’il se retrouve à 40 ans sans être capable de lire une simple phrase ou un nom de rue et encore moins de signer un document. A part cela, c’est un homme affable et intelligent qui développe en secret des inventions technologiques inédites. En cinéaste de gauche féru de sujets sociaux, Martin Pitt aurait pu raconter cette histoire en insistant sur les inégalités sociales et l’injustice qui laisse de côté ceux qui ont manqué de chance. Mais le réalisateur de Hombre et de Norma Rae a préféré un registre plus apaisé et souriant, entre comédie sociale et feel good movie. De Niro et Fonda sont formidables dans la peau de gens modestes et humbles, aux antipodes de leur statut de superstars. Et même si l’évolution du personnage de De Niro (qui passe du statut de cuissot illettré à celui de génial inventeur engagé par une compagnie de Détroit) paraît un peu forcée, on se laisse volontiers émouvoir par cette histoire romantique aux allures de conte de fées, joliment habillée par la musique du grand John Williams.