L'analphabétisme est un sujet peu traité au cinéma, et rien que pour cela « Stanley & Iris » a le mérite d'exister. Inutile de vous mentir par ailleurs : celui-ci n'est pas un grand film, et nul doute que son aspect très optimiste et gentillet pourra en agacer plus d'un. Reste que Martin Ritt est fidèle à ses principes : ici, c'est une immense boulangerie qui est l'un des cadres principaux du récit, et ses héros deux employés de cette même usine. On sent de plus l'effort pour nous plonger de façon réaliste dans ce monde de « travailleurs » loin d'être folichon tous les jours, pas plus d'ailleurs que la vie familiale d'Iris. Cela fonctionne bien un temps, et pendant une heure on croit totalement à cette chronique moderne de « l'Amérique d'en bas », ponctué par quelques jolies scènes et répliques sympas. Hélas, comme vous l'aurez compris cela se gâte un peu dans le dernier tiers, Ritt s'éloignant de ce qu'il fait de mieux pour nous offrir une quasi « success-story » peu convaincante et bien loin de la sensibilité qui caractérisait l'œuvre jusque-là, à l'image d'une fin vraiment « too much ». Heureusement, Jane Fonda et Robert De Niro sont superbes de bout en bout (surtout elle), permettant de combler un peu les grosses lacunes d'une histoire qui avait pourtant bien commencé. Et si on s'étonnera également de quelques détails (la magnifique Jane aimerait avoir une vie sexuelle : vraiment??), c'est donc le positif qui l'emporte de justesse, à condition de se focaliser principalement sur 60% du film. Honorable, sans être indispensable.