Si le premier Star Trek m'avait surpris par sa lenteur toute contemplative, m'est venue l'idée de continuer la saga, voire de la terminer dans son intégralité. Et tandis qu'on y trouvait une sorte de space-opéra lent, principalement porté sur la découverte spatiale que sur des combats de pistolasers, Star Trek : le film offrait une alternative intéressante à la saga nouvellement nommée Star Wars.
Une suite devait forcément voir le jour, et qui dit grande saga, sous-entend forcément grande figure du mal. C'est en la personne de Khan que les scénaristes choisiront la Némésis de leur film : kitch à en crever, il se pavanera tout du long en coll v de panthère, avec sa coiffure glam rock et son crew à la Skid Row. Terrible à voir autant qu'à entendre, il ajoute à son apparence physique surprenante un surjeu du tonnerre de dieu, propre au ridicule et au nanardesque de quelques passages quelque peu grotesques.
Peu charismatique, il tente de se dépatouiller de son rôle en faisant tout ce qu'il peut, pas bien aidé par quelques lignes de dialogues des moins habiles et travaillées. Nimoy campera en bon ennemi de notre méchant; toujours aussi charismatique et imposant en Spock, il fera ici preuve d'encore plus d'humanité qu'à l'accoutumée, le film partant dans l'idée de développer les thèmes de l'amitié, de la mort et du deuil, de l'acceptation de choix difficiles pour le plus grand nombre, et du fait que c'est en étant humain que l'on peut soit refuser de se sacrifier, soit se soumettre à la vision terrible de la mort imminente d'un être cher.
Plutôt bien rebattus, ces thèmes trouveront leur apogée dans un final certes spectaculaire dans son lancement, mais étrangement dramatique et poignant dans sa conclusion; petite surprise s'il en est, la fin de Star Trek II : La Colère de Khan marquera, si ce n'est les esprits, une pierre angulaire dans l'univers de Star trek, malheureusement rejetée à la mer par le film suivant, et pas forcément de la meilleure des manières.
On s'interrogera par ailleurs sur l'utilité d'avoir amené dans l'histoire le fils du Captain Kirk, à peine développé dans l'intrigue et ne jouant pas mieux que son père. Il est vrai qu'entre un William Shatner qui fait n'importe quoi quand il doit jouer des séquences émotions et le jeu encore plus incertain du sympathique mais grotesque DeForest Kelley, on n'aura pas grand chose à se mettre sous la dent niveau acteurs.
La caractérisation des personnages manque par ailleurs de profondeur ou de justesse, si ce n'est le développement intéressant d'une nouvelle Vulcaine en la personne de Saavik, interprétée par une Kirstie Alley agréable et charismatique et qui découvre les sentiments et ressentis de l'homme avec les yeux d'un enfant déshumanisé. Tout comme Spock, on pourrait lui prédire une montée progressive vers la compréhension des sentiments et des humains en général, si les films suivants devaient lui donner plus d'importance, ou pousser son développement intellectuel encore plus loin.
Et même si la mise en scène pourra lui donner un côté série TV que le film précédent avait su abandonner avec pertinence, coupant malencontreusement le rythme par bien des moments des suites de plans et cadrages peu inventifs ou dynamiques, on retiendra tout de même une évolution des effets spéciaux des plus appréciables qui nous donne la possibilité d'observer, dans Star Trek, des combats spatiaux visuellement travaillés et spectaculaires. C'est un plaisir à voir, autant que le film manque parfois de rythme.
Un résultat en demi-teinte, donc, qu'on saurait apprécier de plus bel sans le surjeu de maints acteurs et ses longueurs disséminées ici et là au grand dam du spectateur.