Après le succès commercial et critique de Star Trek II : The Wrath of Khan, il apparut evident aux producteurs qu'il n'était pas question de changer une équipe qui gagne : Spock, sacrifié pour sauver l'Enterprize, devait revenir. Le plan final du deuxième film le laissait entrevoir, le titre de sa suite le promettait : il faut sauver le soldat Spock.
J'ai entendu plusieurs personnes critiquer cette décision car, selon eux, cela atténue la puissance émotionnelle de la mort du Vulcain. Je vois où ils veulent en venir, mais selon moi c'est faire fi des épreuves traversées par ses frères et soeurs d'armes pour en arriver là, notamment son meilleur ami James T. Kirk. Il est toujours beaucoup question de sacrifices dans ce troisième film, et c'est ce qui fait sa force.
C'est donc pour moi l'occasion de pester contre deux idées recues : premièrement, que tous les films ST pairs sont mauvais. Je l'ai déjà évoqué dans ma critique de Star Trek : The Motion Picture donc je serai bref : je trouve cette réputation ridicule, et ce troisième film le prouve à nouveau. Deuxièmement, que William Shatner est un mauvais acteur. Certes, il en fait souvent des tonnes, sa façon de parler, ses manières et son style de combat peuvent faire rigoler, mais son charisme est incomparable et lorsqu'il faut toucher le coeur du spectateur, le Canadien sait y faire. En atteste la scène de la mort de son fils, à laquelle il assiste impuissant. Sa détresse pathétique lorsqu'il répète "You Klingon bastard, you killed my son" me prend aux tripes à chaque fois, tout autant que ses adieux à Spock à la fin du film précédent. Plus kitsch mais non moins efficaces : son message de défi à Kruge (avec, en français dans le texte de la part de ce natif de Montréal : "Sorry about your men general, but as we say on Earth : c'est la vie") et son shatnerissime "I've...had...enough...with...YOU" au moment d'envoyer son ennemi disparaitre dans la lave. Classique !!
D'une manière générale, l'absence de Leonard Nimoy pendant la majeure partie du film permet à Shatner de briller, ainsi qu'aux autres acteurs : notamment lorsque Spock prend possession de l'esprit du bon docteur McCoy, ce qui permet à DeForest Kelley de jouer différemment que d'habitude. George Takei aussi a droit à son grand moment de gloire lorsque Sulu envoie valdinguer plusieurs gardes l'ayant traité de minus ! Nimoy prouve qu'il est aussi bon acteur que directeur d'acteurs.
Le film souffre de quelques longueurs, cependant, et bien que très mémorable et très bien joué, le général Kruge joué par Christopher "Doc" Lloyd souffre de la comparaison avec son prédécesseur Khan. L'ensemble est donc moins réussi car moins cohésif que TWOK, mais certaines séquences sont cultes, en particulier le vol de l'Enterprize et son autodestruction. La scène finale également est très belle car très douce-amère : Kirk se rend bien compte de l'étendue des dégâts. Certes, il a retrouvé son meilleur ami, mais à quel prix ! Son vaisseau, ses prérogatives et surtout son fils ne sont plus qu'un souvenir. Cela donne une séquence très puissante où une nouvelle fois, Shatner est parfait et n'en fait pas trop.
Pas le meilleur Star Trek donc, mais un très bon opus néanmoins. Live long and prosper !