L'homme aux lens flares, aka J.J. Abrams, a encore frappé. Son Star Trek opus 2 implique vraisemblablement deux fois plus d'action, deux fois plus de longueurs, mais surtout, deux fois plus d'aveuglement ! C'est d'autant plus regrettable que techniquement c'est de la haute volée. Les effets spéciaux sont très réussis, on n'a que rarement le sentiment d'assister à un festival de CGI cracra comme on aime à nous servir depuis quelques années maintenant. De la belle SF mais pas nécessairement de la bonne SF hélas. La faute à un scénario et des situations prévisibles, à un déroulement pas toujours bien rythmé (défaut déjà présent dans l'opus de 2009), et à une fin façon "mou du genou qui n'assume pas", syndrome "Edge of Tomorrow" pour ceux qui connaissent. Malgré tout, les images sont souvent belles, et une paire de séquences valent vraiment le détour. Et à part ça ?
Et bien, je vous le demande, revoir Chris Pine enfiler à nouveau le costume de Kirk, aubaine ? En tout cas, Zachary Quinto s'avère être un choix pertinent pour interpréter le semi-Vulcain, même si ici il couine tard. Pour le reste, si certaines répliques ne manquent pas de mordant, si le fan service est une fois encore de rigueur, nombre de scènes d'action durant lesquelles des bovins se foutent sur la gueule sont sur-découpées: serait-ce ce qu'on appelle un Trek haché pur boeuf ? Ajoutons à cela un empilage pas très heureux de scènes totalement inutiles ou cliché, voire les deux (coucou le changement de sapes qui sert à rien si ce n'est à montrer une culotte et un soutif, ou encore une certaine séquence avec Karl Urban en mode "Eureka !"...), et le gâchis total n'est pas loin. Reste un design général franchement sympa qui pourrait vous rappeler des oeuvres de la trempe de "Mass Effect".
Heureusement aussi, et j'en suis le premier surpris car n'étant pas toujours convaincu par les prestations du bonhomme, Cumberbatch est classe et charismatique...enfin, jusqu'à ce qu'il ouvre la bouche en tout cas. Un débit lent et un appui ultra prononcé sur chaque syllabe casse tout le mystère et le charme. Pour les joueurs, imaginez un assassin au look de Corvo ou encore à l'attitude de Thane Krios, affublés de la voix et du phrasé de Forrest Gump. Déroutant, pour le moins. Au point de se demander si le concombre dragon détective n'est pas sous une quelconque substance. Auquel cas le titre "Star Trek: Khan Abyss" eût sans doute été plus approprié. Anton Yelchin rempile en Chekov marrant, un véritable tsar (Trek), et enfin, le plaisir de retrouver Simon Pegg, dont l'image est écornée tôt façon "Dernier Pub" avant qu'il ne redore son blason de manière assez drôle.
Ce "Star Trek into Darkness" laisse augurer d'un "Star Wars 7" visuellement au top (les premiers teasers du nouvel opus de la franchise de George Lucas vont d'ailleurs en ce sens), espérons juste que le géniteur de "Lost" se soit entouré de scénaristes dignes de ce nom pour l'occasion. Car quand on fait le bilan ici, les comptes sont à l'équilibre entre qualités et défauts. La faillite de l'Enterprise est évitée de peu, il faut dire que le Box Office a tremblé. La franchise ne s'arrêtera donc pas là.
"Live long and prosper youp'la boom".