Malgré ses énormes facilités scénaristiques, le premier épisode était une assez bonne surprise, un agréable divertissement, bien troussé, où J.J. Abrams renouvelait l’univers de la série avec entrain, faisant état d’un savoir-faire indéniable quand il s’agissait de mettre en scène des séquences spectaculaires au milieu de décors intergalactiques dépaysants.

Ce second opus est dans la lignée du premier. Je dirais même qu’il forme la deuxième partie d’un diptyque introductif. On retrouve donc le même casting, la même équipe, cette fois confrontée à une menace bien plus grande, une menace qui vient de l’intérieur. Si le scénario dans son ensemble réserve quelques surprises, ce n’est clairement pas le point fort de Star Trek Into Darkness. D’abord parce qu’on aura souvent un temps d’avance sur les différentes péripéties si on a vu les blockbusters à succès de ces dernières années. Ensuite parce que la structure du scénario est bancale, avec notamment un climax final qui se termine bien trop vite.

Malgré tout, le film s’appuie sur des personnages toujours aussi bien écrits. On retrouve ainsi la relation amitié/haine entre Kirk et Spoke qui faisait déjà la force du premier opus. Les scènes mettant en avant cette relation sont à la fois drôles et émouvantes, car on assiste à la formation et l’évolution d’une complémentarité entre deux êtres bien différents à la base. A ce titre, Chris Pine confirme qu’il fait un Jim Kirk tout à fait convaincant, mais c’est surtout Zachary Quinto qui impose son charisme incroyable. Cette façon de nous transmettre des émotions par le regard, de nous faire comprendre qu’il est sans arrêt en train de se remettre en question, tout en gardant un visage impassible, c’est tout simplement bluffant.

En parlant de charisme, l’une des plus grosses attentes autour de ce second opus provenait évidemment du bad guy, incarné par Benedict Cumberbatch. Allait-on enfin avoir un méchant digne de ce nom après un Nero pas vraiment marquant ? Je répondrais par l’affirmative, du moins en partie. Cumberbatch bouffe littéralement l’écran dès qu’il entre dans le champ. Son regard est glaçant, sa voix inquiétante à souhait. Il joue l’ambiguïté à merveille. J’ai malheureusement quelques réserves par rapport à la clarté des motivations générales du personnage, mais je n’en dirais pas plus au risque de vous spoiler.

L’alchimie entre les membres de l’U.S.S Enterprise est vraiment au centre de la narration de cet épisode. Que ce soient Jim Kirk, Spock, Leonard « Bones » McCoy (le toujours impeccable Karl Urban), Nyota Uhura (la belle Zoe Saldana), Montgomery « Scotty » Scott (l’hilarant Simon Pegg), Hikaru Sulu (John Cho), Pavel Chekov (Anton Yelchin), ils ont tous un rôle à jouer dans cette histoire, et vont tous à un moment ou un autre, risquer leur vie dans un acte de bravoure, ensemble ou chacun de leur côté, pour sauver l’équipage. L’importance et l’équilibre donnés à chaque protagoniste renforce notre croyance en cet univers. La caméra s’adapte aux mouvements des personnages, s’arrête lorsqu’ils sont sous tension, virevolte lors des moments d’urgence. C’est ce qui nous implique émotionnellement et c’est bien là le plus important.

Mais si Star Trek Into Darkness est un film de personnages, c’est également un énorme film d’action. J.J. Abrams ne fait pas les choses à moitié et envoie du très très lourd quand il s’agit de filmer des combats spatiaux, des fusillades intergalactiques, des courses-poursuites rappelant furieusement une saga de SF célèbre, ou encore une séquence anthologique de chute libre spatiale entre deux vaisseaux. S’appuyant sur une mise en scène ample et immersive, un découpage et un montage fluides, une gestion sidérante de l’espace et des strates de plan, de magnifiques décors reconstitués à échelle humaine, des effets spéciaux tout simplement impressionnants, et une maitrise absolue de la 3D et de la technologie IMAX, J.J. Abrams nous offre un space-opera ultra-spectaculaire comme on n’en a pas vu depuis longtemps, un véritable roller coaster au rythme endiablé, une montagne de sensations fortes portée par une partition musicale, signée Michael Giacchino, épique à souhait. Je pense vraiment qu’il y a un nouveau pas de franchi à ce niveau-là.

Star Trek Into Darkness place la barre assez haut en terme de divertissement spatial, et ouvre une saison “blockbusterienne” sous les meilleurs auspices. Les scènes d’action sont absolument toutes démentielles, on en prend plein les yeux et surtout, on éprouve beaucoup de plaisir à suivre cet équipage. On espère pour l’éventuel troisième opus, un scénario encore plus étoffé et maitrisé afin de donner une véritable ampleur à cette saga prometteuse.
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le 27 avr. 2013

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