Et c’est reparti pour un tour de grand huit à bord de l’USS Enterprise avec J. J. Abrams aux commandes, pétaradant comme il faut, mais surtout très con comme il faut. Second épisode du reboot inauguré en 2009, celui-ci reprend plusieurs éléments scénaristiques de La colère de Khan, deuxième épisode de la franchise des six films avec l’équipage d’origine (William Shatner et Leonard Nimoy en tête). Si l’inconsistance de l’intrigue ne gênait pas trop dans Star Trek, ici par contre ça ne passe plus (Robert Orci et Alex Kurtzman devraient sérieusement songer à s’exiler sur une île déserte ou dans un cratère ou dans une bonde de douche). Ce sont principalement les dialogues qui affligent et qui donnent envie d’aller se pendre dans une cave, réduits sans pitié à des tirades anecdotiques et autres considérations techniques comme seuls enjeux narratifs (ouvrir le sas, remettre le courant, échanger des torpilles, réparer les avaries mécaniques…).

Faire du grand spectacle, certes, évidemment même, mais faire du grand spectacle, surtout de la part d’Abrams (auteur de séries intelligentes comme Alias ou Lost), ne mérite pas un tel traitement scénaristique bidon qui parvient à ennuyer (et puis le film est trop long pour une histoire aussi inconséquente) malgré le déchaînement d’action et d’effets spéciaux magnifiques (l’Enterprise en chute libre, le crash sur Londres…). Au moins dans Transformers, il y avait des robots géants qui se foutaient sur la gueule… Quant aux supposées séquences "émotion", elles sont ratées et risibles (on dit comment ? Ritées ? Rasibles ?) avec, en apothéose, cette scène affreuse où Kirk, mourant, et Spock, les larmes aux yeux, se disent quelques bêtises bouleversantes sur fond de musique sirupeuse. Un grand moment de niaiserie comique.

Benedict Cumberbatch fait le bad guy avec moult et moult et moult ostentation, voix très grave (parce que c’est un méchant), jamais un sourire (si si, c’est un méchant), rictus diabolique (je vous dis que c’est un méchant) et regard ténébreux (PAR-CE-QUE-C’EST-UN-MÉ-CHANT, BORDEL). Chris Pine (putain mec, fait du X gay quoi), de plus en plus bovin et de plus en plus bouffi (ou alors il boit ? Il prend du botox ?), fait ce qu’il peut avec ses trois expressions de jeu chopées sur un site en ligne de cours de théâtre par rétention abdominale. Les autres tentent vaille que vaille d’exister dans ce capharnaüm indigeste incapable d’aller au-delà du standard marketing hollywoodien, et seul Zachary Quinto apporte une once de densité au truc. Formaté et sans âme, manichéen et sans invention, Star Trek into darkness a, effectivement, beaucoup à voir avec les ténèbres : celles d’un gouffre créatif.
mymp
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le 23 juin 2013

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