Le film, de deux heures dix, peut se diviser en 3 parties. La première dure jusqu’à la capture du terroriste en question (trois quart d'heure). La suivante, en milieu de film, est celle qui fait toute la force de cette suite. Et enfin, le dénouement en surenchère d’action qui fait office de petit feu d’artifice final. Dans le registre Space Opéra, Into Darkness est un véritable festival de paysages célestes ou extra terrestres. Plus exotique que le premier, on notera les gros efforts de J J Abrams pour soigner l’univers qu’il aborde nous gratifiant de séquences qui mettent bien en valeur les décors explorés. Concernant l’action, la première partie est une surenchère qui, je l’avoue, m’a un peu brusqué. En effet, le film veut aller tellement vite dans l’action qu’il commence par du suspense tendu et plusieurs scènes d’action qui se déroulent en même temps. Et moins de 10 minutes après a lieu le fameux attentat, et 5 minutes plus tard, l’attaque directe du haut commandement de Starfleet. Oooh ! Soufflez un peu les gars ! L’intention du film est louable, il veut à tout prix conserver l’attention en relançant régulièrement le rythme avec une séquence effets spéciaux certes dynamique, mais interrompant souvent les séquences intimistes où les personnages se dévoilent un peu. Le genre de séquence qui fait d’habitude un peu râler, mais qu’on apprécie pour l’empathie qu’elles cherchent à provoquer. Ici, c’est un peu laborieux au départ (les larmes n’émeuvent pas), mais au bout de deux heures, le tout finit par fonctionner sentimentalement. Ce qui est somme toute plutôt rare pour un film à effets spéciaux. Possédant une intrigue plutôt riche (on se déplace, on évoque la perspective de guerre sidérale…), Into Darkness joue la carte d’un manichéisme pas très dark (on aime bien les terroristes ces temps ci dans le cinéma d’action) pour nous diriger, trop vite, vers le second acte, au point qu’on sente à l’avance les entourloupes arriver (une passagère qui se fait beaucoup trop remarquer, des ogives scellées et activées…). Mais passé la séquence sur la planète mère des klingons (épique course poursuite en vaisseaux suivi d’une gun fight laser aussi illisible que dans Mission Impossible 3 (donc un peu lisible, mais ça va très très vite), suivie de la reddition de notre terroriste), Into Darkness prend enfin la véritable étoffe de la noirceur qu’il promettait, en ne tombant pas dans le pessimisme de bas étage, mais dans le doute omniprésent. En face d’une situation tendue (moteurs sabordés, à découvert en territoire ennemi, arrivée d’un amiral (campé par l’excellent Peter Weller, un bonheur de le retrouver ici) à la tête d’un vaisseau de combat lourdement armé…), le film rend admirablement l’angoisse due à l’indécision d’un capitaine en face de deux visions différentes d’une même situation (celle du terroriste et celle de la hiérarchie), chacune ayant une explication claire, mais contredisant l’autre. C’est cette indécision, et le fait de voir l’Enterprise (et son équipage) s’en prendre plein la gueule qui font d’Into Darkness un divertissement intelligent et agréable, bien que manipulant toujours de gros ingrédients. Cerise sur le gâteau, une scène d’action dantesque qui ravira les joueurs de Dead Space 2, qui reconnaîtront une séquence couillue ici très bien exploitée et assez ludique. La fin revient un peu dans le manichéisme de départ, mais gère efficacement l’action jusqu’au dénouement, culminant avec le sacrifice d’un personnage principal (y a quand même un deus ex machina) et un combat méchant sur toit de vaisseau spatial. De quoi conclure efficacement sur cette nouvelle aventure, qui se révèle effectivement plus marquante que la précédente tentative. Si le film aurait pu s’affranchir de quelques lourdeurs propre au blockbuster (pour désamorcer une ogive en 2 secondes, vous cherchez un gros truc qui émet de la lumière et vous l’arrachez virilement des circuits imprimés, ou encore, pour réaligner un réacteur, tapez dedans jusqu’à ce qu’il bouge à l’ultime seconde), et qu’on reconnaît un peu trop le style visuel J. J. Abrams (plan de loin qui filme l’action puis zoom agressif qui nous jette en plein dedans aux côtés des personnages), Into Darkness assume bien son rôle de divertissement, et se révèle être l’attraction du moment à titre justifié (pas sûr en revanche qu’il parvienne à tenir quand Superman viendra lui disputer la vedette). Honnête space opéra, on tient là une filiation agréable des ancêtres des années 80, et une preuve qu’une fois encore, J J Abrams, à défaut de surprendre, est un bon faiseur de Blockbuster. Tout à fait honnête.