La saga est un succès et semble de plus en plus se renforcer comme une religion, mais l’état des lieux laisse place à de sévères doutes quant à cette nouvelle trilogie qui traitera de l’ascension du côté obscur et prologue de la trilogie que nous connaissons déjà. George Lucas fonce donc au bout de son idée en commençant par sortir une version restaurée en 1997 des aventures de Luke, Han, Leia et leurs amis. Mais cet épisode changera bien des choses quant à la vision de l’univers qui s’étend encore, pour le plaisir de s’enrichir. De retour derrière la caméra, Lucas aborde cette nouvelle épopée avec un sentiment expérimental, car la technologie a bien fait évoluer la manière de cadre et d’immerger le spectateur. Seize ans ont passé depuis « Le Retour du Jedi » et nous avons donc un nouveau biscuit à croquer. Reste à savoir s’il y a du goût à l’intérieur ou si ce n’est que du maquillage à la surface.


Attention, pas de retenus, l’assaut est lancé par son casting alléchant, car il faudra bien en rajeunir certains et proposer de nouveaux noms dans ce décor qui ne résonnent en rien avec le ton de la trilogie originale. La République prospère, mais le désenchantement se fait sentir, car un cœur politique s’installe, mais le biais de négociations, et blocus et autres manœuvres qui utilisent de nouveau l’Histoire comme support, notamment sur des faits de guerre, mettant en avant les Etats-Unis. Nous avons passé un certain âge, mais il reste encore des traces d’écritures venues de loin, car cette opposition ne diverge pas tant que cela sur le thème. Nous avons toujours des gardiens de la paix et de la liberté face à un ennemi qui cherche à insuffler son régime totalitaire. Les stormtroopers sont échanger par des machines de guerre, sans mauvais jeu de mots et sans subtilité, mais il faut croire que cela aura le mérite de vendre quelques échanges intéressants. On ne traîne donc jamais et on varie les décors, les civilisations et les enjeux. Une guerre silencieuse aurait débuté et ce sera la démarche qui nous captivera.


Côté individus, il faut donc retrouver ses repères et les archétypes s’annoncent rapidement. Qui-Gon Jinn (Liam Neeson) est ce mentor sage, qui rappelle évidemment ce que son jeune apprenti du moment, Obi-Wan Kenobi (Ewan McGregor), deviendra par la suite. Voir ainsi ce duo à l’œuvre est une bénédiction et on les qualifie aisément d’apôtres de foi, mais qui ne cherchent pas à la répandre pour autant. On les amène à se lier à la reine Padmé Naberrie Amidala (Natalie Portman ou bien Keira Knightley si l’on est bien attentif), qui est cette ambassadrice de la paix. Son foyer, Naboo, fait d’ailleurs office d’une influence Vaticane dans le but de la rendre sainte dans ses décisions et ce sera une chose qui n’est pas toujours exploitée, malgré une escale surprise. On prendra soin de noter de nouvelles dérives, ingénieuses dans la forme, car « Ben-Hur » n’est pas loin. Anakin Skywalker (Jake Lloyd), enfant, nous régale donc de cette excursion à pleine vitesse, mais qui s’essouffle rapidement dans un dernier acte qui rappelle sans doute trop le ou les films précédents dans sa structure. Heureusement, que John Williams répond de nouveau présent afin de nous accompagner dans un duel titanesque et excitant mettant en scène la manière de rendre des manieurs de sabres laser, plus tranchants qu’autrefois.


Mais d’une certaine manière, nous perdons énormément de cet aspect mystique ou surnaturel que fut la Force, car à force de vouloir tutoyer les origines de toute chose, on finit par déconstruire un mythe déjà solide et qui n’avait pas besoin d’être démasqué. Le côté mystérieux se fera sentir auprès du sénateur Palpatine, avec un Ian McDiarmid qui ne cache pas son jeu au spectateur et cela renforce le drame à venir. Malheureusement, sa présence est moindre dans ce récit, car c’est évidemment son apprenti Dark Maul (Ray Park) qui lui vole la vedette. Et en parlant de cela, ou en parlant de mascotte, il est évident que la légèreté apportée par un duo de droïdes nous manquent. Allez donc savoir comment Jar Jar Binks (Ahmed Best) est né pour amuser la galerie, témoin du côté enfantin de Lucas, mais qui ne gagne pas le cœur d’un public venu pour assister à autre chose que le numéro d’un clown…


La sortie de ce film rime avec un événement. « Star Wars : La Menace Fantôme » mise sur la surenchère dès qu’il le pourra, car après de longues années d’absences, la magie doit reprendre là où nous l’avons laissé, dans les étoiles. De plus, on mise sur plus de vitesse et cela se ressent dans les affrontements, très chorégraphiés à défaut d’être spectaculaire. Mais ce que nous aurions voulu, c’est de l’interstellaire. La saga est une affaire de famille qui se fait encore attendre, mais il faudra patienter jusqu’à l’épisode suivant pour se convaincre d’une réelle avancée. Ce film est encore dans un état de cocon et ne parvient pas à renouer avec l’émotion des premiers épisodes. Les comédiens sont eux-mêmes crispés dans une carapace à briser au plus vite. Beaucoup de clins d’œil sont forcés et malgré des designs intéressants, Lucas ne trouve pas encore la bonne couche à exploiter. Une base pour la suite, dira-t-on, c’est justement dommage ce que soit pensé ainsi, à l’instar d’un « Nouvel Espoir » qui avait tout à prouver.

Cinememories
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le 15 déc. 2019

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