Quinze ans après Le Retour du Jedi, George Lucas reprend les rênes de la saga qui a fait son succès. Retour en arrière ici, avec les origines de Dark Vador et la genèse de la trilogie mythique. Un projet très ambitieux qui lança une nouvelle trilogie, également nommée prélogie, qui ne manque encore aujourd’hui pas de faire polémique. Et ce qui est intéressant avec La Menace Fantôme, c’est de constater que c’est à la fois un film qui réactualise la saga, tout en étant un pivot entre les deux trilogies.


Premièrement, le contexte dans lequel le film est sorti a développé des enjeux dont on constate les effets dans le déroulé de l’intrigue. Si le but de cet Episode I est d’effectuer un retour en arrière et de revenir aux origines de l’histoire, la manière dont certains éléments sont racontés induit une connaissance préalable de la trilogie originale. En effet, la prise de recul à travers la connaissance des premiers films donne un sens particulier à certains éléments de l’intrigue. Toutefois, d’un autre côté, le film s’adapte tout à fait à un public néophyte. C’est un des premiers points qui définit La Menace Fantôme comme un « pivot », car c’est un film intergénérationnel capable de parler aux jeunes parents qui ont grandi avec la première trilogie et la font découvrir à leurs enfants, tout comme à ceux qui étaient des enfants lors de la sortie des trois premiers films. D’ailleurs, pour ce faire, chacun trouve un personnage auquel s’identifier dans le film, entre le maître Jedi Qui-Gon Jinn, l’élève Obi-Wan Kenobi ainsi que l’enfant Anakin Skywalker.


C’est également un pivot pour sa capacité à créer un nouveau contexte dans lequel va se dérouler la nouvelle trilogie. Autant les trois premiers films se déroulaient dans un climat de guerre acquis et opposant deux camps, tandis qu’ici, il s’agit de montrer une démocratie en place mais fragilisée par des jeux politiques résultant de manipulations provenant d’instigateurs obscurs. Dans son style et son déroulé, La Menace Fantôme tend donc à se détacher de la trilogie originale, mais diffère aussi quelque peu des deux épisodes suivants, avec ces éléments qui le caractérisent. Car, souvent, l’évocation de cet épisode rappelle certes le personnage un brin agaçant de Jar Jar Binks, ressort comique (souvent mal utilisé) du film, mais aussi la célèbre course de modules et Dark Maul, le méchant charismatique.


Dans sa structure, La Menace Fantôme peut paraître simpliste et convenu, mais il ne manque pas d’ambition ni d’explorer diverses pistes afin de piocher des références culturelles variées pour parler à son spectateur. Par exemple, le personnage d’Anakin, vivant sur une planète désertique, seul avec sa mère, dont le père est inconnu, et qui est supposé être l’Elu, rétablissant l’équilibre dans la Force, n’est pas sans rappeler l’histoire de Jésus. De même, la quête du pouvoir du chancelier Palpatine, qui œuvre dans un cadre démocratique pour, plus tard, écraser cette même démocratie, rappelle l’ascension d’Adolf Hitler dans les années 30. Dès lors, La Menace Fantôme se crée un référentiel culturel qui vise à lui donner de la profondeur et à ne pas en faire qu’un simple divertissement limité dans son aspect intellectuel.


Cet épisode I permet ainsi de faire la jonction avec les premiers films dans la diégèse de Star Wars, mais aussi dans l’histoire de la saga elle-même au sens qu’il réactualise la franchise en cherchant tout de même à se raccrocher à des éléments familiers des trois premiers films afin de donner des repères aux habitués. Suivant un parcours très linéaire, aidé par quelques hasards heureux qui nourrissent le scénario tout en évitant de trop le complexifier, il se permet d’aborder divers thèmes pour donner des pistes pour la suite de la saga. Même s’il fait partie, en soi, de la prélogie, La Menace Fantôme reste un épisode à part entière, qui se distingue des épisodes II et III, par son style, ses problématiques et les éléments scénaristiques qui le caractérisent. Pour ma part, il reste un film qui a marqué mon enfance et qu’il me plaît toujours de revoir.

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le 17 déc. 2017

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JKDZ29

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