Seize ans après "Le Retour du Jedi", l'attente autour de "La Menace fantôme" était telle qu'avant la sortie du film, beaucoup de spectateurs allaient jusqu'à payer des places de cinéma uniquement pour voir la bande-annonce du film. Ils partaient ensuite de la salle sans même regarder le long-métrage pour lequel ils avaient pris un ticket. C'était avant Internet, il fallait faire comme on pouvait !
Il faut dire que "Star Wars" est bien plus qu'une saga. C'est un vrai mythe cinématographique qui a révolutionné l'histoire du cinéma. George Lucas avait toujours imaginé son œuvre en 9 films et il était donc évident que cette prélogie était destinée à voir le jour. Malheureusement, après 16 ans d'attente, l'accueil critique fut très froid et nombre de fans furent déçus. Ce n'est pas mon cas.
✈Une révolution technique✈
L'un des premiers aspects intéressants de "La Menace fantôme" est sans nul doute l'utilisation des effets spéciaux. D'aucuns savent que si Lucas a choisi de tourner les épisodes 1, 2 et 3 de "Star Wars" après les 4, 5 et 6, c'est notamment à cause du manque de moyen technique qu'il y avait dans les années 1970. Ici, on découvre un monde encore plus foisonnant, avec un univers qui s'enrichit de nouvelles planètes. Les designs de Naboo et de Coruscant sont magnifiques.
Lucas a depuis les débuts de "Star Wars" choisi de mettre en scène cette saga de SF en utilisant non pas que des décors futuristes mais aussi des décors inspirés d'une architecture présente et passée. Il n'est donc pas étonnant de retrouver ici une ambiance façon Rome Antique, comme c'est le cas pour le design retenu pour Naboo.
Pour Coruscant, il est intéressant de constater comment le bétonnage de cette ville-planète s'intègre avec le caractère politique du récit. Cela renforce l'aspect dessous-de-table du scénario et c'est donc bien pensé. Mis en parallèle avec ses deux suites, les FX de "La Menace fantôme" ont tout de même un peu vieilli mais cet aspect du film ne me dérange pas tant que ça. Lucas et sa boîte ILM ont d'ailleurs continué à peaufiner l'aspect visuel des films en fonction de l'avancement des technologies. C'est pourquoi, dans la version cinéma Maître Yoda est encore une marionnette alors que dans la version Blu-Ray de 2011, il a été remplacé par une version numérique.
Toujours pour continuer sur le visuel, on peut citer la scène de la course de modules qui, il fut un temps, je trouvais trop longue. Mais pour avoir vu et revu ce film, je trouve qu'elle est techniquement très réussie. Ça fonce à 100 à l'heure, c'est un vrai divertissement et en plus on a droit à un caméo de Jabba le Hutt !
Le mythe Jedi approfondi ...
Un des gros points forts du film réside ensuite dans l'approfondissement du mythe Jedi qu'on entr'apercevait dans la trilogie originale. "La Menace fantôme" nous plonge notamment au cœur du Conseil Jedi et introduit une myriade de nouveaux personnages. On y découvre bien évidemment nos deux héros, Qui-Gon Jinn (Liam Neeson) et Obi-Wan Kenobi jeune (Ewan McGregor), mais également d'autres Jedi secondaires qu'on reverra dans les deux suites. On peut citer Ki-Adi-Mundi, Plo Koon, Mace Windu ou encore Saesee Tiin. Cela m'amène au premier reproche que je fais à ce film, et c'est valable également pour l'ensemble de la prélogie : ces personnages sont peu mis en valeur. Si certains ont quelques répliques, d'autres resteront muets jusqu'à la fin de la prélogie. Dommage !
Il en va d'ailleurs de même pour l'antagoniste Dark Maul (Ray Park), très charismatique, mais un peu trop silencieux ... Pour l'anecdote, ce personnage avait initialement plus de temps de présence à l'écran mais Lucas a décidé de faire quelques changements dans le scénario, ce qui a conduit à la suppression de nombreuses répliques que Maul était censé prononcer.
En tout cas, la proposition de Lucas faite dans ce film concernant l'Ordre Jedi me sied bien. On y découvre une organisation hiérarchisée qui fonctionne un peu de manière ecclésiastique. Je trouve que cela se marie bien avec l'aspect spirituel de cette saga.
Des scènes d'action solides ...
J'aime également dans ce film les combats au sabre laser, beaucoup plus dynamiques que dans la trilogie originale (que j'aime énormément). Je crois d'ailleurs savoir que cet aspect combat en mode ninja en a déçu certains. Pour ma part, ce n'est pas le cas. Je trouve que cela anoblit encore davantage l'art Jedi tel qu'on le connaissait jusqu'alors. On retrouve par ce biais-là l'influence qu'a eu l’œuvre d'Akira Kurosawa sur George Lucas.
Le combat final entre Qui-Gon, Obi-Wan et Dark Maul est d'ailleurs un vrai régal pour les yeux. Les chorégraphies sont très bien exécutées. Le tout est renforcé par la musique de John Williams, une nouvelle fois sensationnelle.
Un casting qui fonctionne bien dans l'ensemble ...
"La Menace fantôme" me plait également beaucoup pour son choix de casting. Liam Neeson pète la classe dans ce rôle de Maître Jedi très expérimenté mais un brin rebelle, notamment lorsqu'il défit ouvertement le Conseil Jedi concernant la formation d'Anakin.
Quant à Ewan McGregor, il reprend parfaitement le flambeau que lui a légué Sir Alec Guinness qui interprétait Obi-Wan dans les épisodes 4, 5 et 6. On notera tout de même une fausse note parmi tous ces nouveaux personnages : Jar Jar Binks interprété par l'acteur Ahmed Best. Outre le côté beaucoup trop loufoque du personnage, son design, ainsi que ceux des Gungan de manière générale, laisse un peu à désirer.
Les autres acteurs complètent par contre bien cette distribution avec en tête Natalie Portman dans le rôle de Padmé, Samuel L. Jackson dans le rôle de Mace Windu (peu présent mais présence efficace ...), Terence Stamp en Chancelier Valorum, Ian McDiarmid en Sénateur Palpatine ou encore Jake Lloyd qui campe Anakin enfant.
Un scénario ambitieux ?
S'il y a bien un élément qui n'a pas mis tout le monde d'accord, c'est l'aspect politique du récit. Personnellement, je suis en désaccord avec toutes les critiques négatives à ce sujet. Je trouve que cela ajoute un aspect adulte au scénario. Lucas n'a d'ailleurs jamais nié que pour écrire "Star Wars", il s'est inspiré non seulement de mythes et légendes, mais aussi de faits historiques. La corruption politique ne fait-elle pas partie intégrante de notre monde ?
Tout cet aspect-là du film ne me rebute donc pas. Avec les explications qui sont données dans "L'Attaque des clones" et "La Revanche des Sith", cela nous permet de comprendre comment Dark Sidious est devenu l'Empereur galactique tel que présenté dans la trilogie originale.
Pour les plus intéressés, vous pouvez lire le livre "Dark Plagueis" de James Luceno. Il y est expliqué en long, en large et en travers comment le blocus imposé à Naboo par la Fédération du commerce voit le jour.
Enfin, et c'est sans doute le plus important, le scénario de "La Menace fantôme" entend nous expliquer les origines de Dark Vador. Même s'il faudra en réalité attendre les deux suites pour comprendre comment Anakin est devenu ce puissant Seigneur Sith, ce premier opus de la prélogie nous offre déjà quelques éléments de réponses. On y découvre un jeune enfant, esclave sur la planète Tatooine. Un être dont la Force est d'une rare intensité en lui ... son taux de midi-chloriens dépasse celui de Maître Yoda ... voilà là encore un élément qui a fait rugir les fans. Pourtant, il n'y avait pas de quoi.
Certains disent que cela vient en totale contradiction avec les explications données dans la trilogie originale concernant la Force. A mon sens, ce n'est pas du tout le cas. Je dirais plutôt que cela vient compléter la dimension spirituelle de la Force par un aspect scientifique. Il n'y a vraiment pas à polémiquer là-dessus d'autant que George Lucas avait déjà en tête de parler des midi-chloriens dans "Star Wars" depuis août 1977 ...
✈Pour conclure✈
Ce premier film qui a la charge d'ouvrir la prélogie "Star Wars" n'est pas mon préféré de la saga mais j'ai tout de même pour lui un fort capital sympathie.
"La Menace fantôme" est un film très divertissant. C'est notamment visuellement réussi (même si certains effets ont vieilli), la BO est excellente, et les scènes d'action sont virevoltantes. Le récit m'a quant à lui captivé. J'aime les conflits politiques qu'il présente. Pour moi, cela amène un caractère adulte à l'histoire. C'est donc une bonne introduction à la saga, qu'il convient bien évidemment de compléter avec les épisodes qui suivent ...
Ma note : 8,5/10.