Star Wars: Episode I – The Phantom Menace :
Ah ce premier volet, ou ce quatrième, on ne sait plus trop, l'épisode qui aura fait couler une tonne d'encre, haine, blasphème, hérésie, trahison, honte, insulte, Lucas aura engendré des réactions de rejet absolue après une première trilogie adulée et respectée.
Ce épisode méritait t-il pour autant un tel mépris ?
Il faut avouer que la première heure n'aide pas à accepter cette " révolution numérique " c'est confus, brouillon, mal joué, peu inspiré, plutôt grossier, au rythme pas maîtrisé et puis Jar Jar... Qui-Gon Jinn non content d'avoir sauvé l'être le plus lourd de l'univers derrière Kev Adams proposera l'idée la plus idiote de ces derniers siècles, lui faire tenir sa promesse et l'emmener loin de la punition qu'il attendait. Imaginé comme un sidekick rigolo qui viendrait briser la sérénité ambiante, les enjeux et la poker face des Jedis avec des gags efficaces... L'effet voulu est inverse, d'une lourdeur nom, gênant, envahissant et particulièrement détestable, Lucas a tendu l'un des éléments qui sera utilisé par sa fanbase pour se faire battre.
Le revoir à nouveau hier a été particulièrement pénible sur l'ensemble de ces phases, d'autant que Georges Lucas n'excelle pas dans la mise en scène et la direction d'acteurs, ce qui est néfaste lorsque non seulement vos acteurs jouent la plupart du temps devant un fond vert mais qu'en plus on s'attaque à l'enfance de l'un des méchants les plus emblématiques du cinéma avec un gamin qui cabotine...
Le sursaut ?
Seulement il est à mon sens un peu cavalier de s'arrêter sur ces nombreux défauts pour en faire une immondice à jeter aux oubliettes. Il y a également de très belles choses dans ce Star Wars qui même 17 ans plus tard malgré des séquences vieillottes sont un réel plaisir.
Cette course de près de 15 minutes sans musique dans un montage particulièrement efficace avec son lot de rebondissements fera tourner un film poussiéreux et malade vers une rémission qui sera à son apothéose lors de ses dernières minutes.
Nous sommes encore bousculé par les quelques moments gênants de Jar Jar, les lignes de texte de Liam Neeson dictées avec la même intensité que Val Kilmer dans Batman Forever mais quelque chose se passe. Nous avons désormais l'occasion d'analyser des éléments intéressants, cette notion de dualité qui inonde chacun des protagonistes, et ce soutien sous toutes ses formes, la filiation, la famille, qui sera le moteur d'une évolution plutôt bien écrite.
L'influence de Kurosawa et de ses grandes fresques sont également dans les esprits de même que la culture Japonaise en général que ce soit dans la nouvelle dynamique lors des combats ou dans l'attitude du Jedi, des règles à respecter et de la relation avec son mentor.
Le mot de la fin ?
Je ne considère pas cette menace fantôme comme un mauvais film, très imparfait dans sa forme et dans son fond, la faute à des choix complètement aberrants et une mise en scène qui manque d'inventivité face à un univers aussi riche et profond. Il serait dommage de se focaliser uniquement dessus alors que nous avons droit à des fulgurances absolument délicieuses et l'une des scènes de combats les plus épiques avec Duel Of The Fates qui donnera toujours d'éternels frissons. Il faut également souligner le choix qui sauve le casting du désastre avec Ewan McGregor en Obiwan absolument parfait du début à la fin, investi, lucide, charismatique et qui a le talent nécessaire pour rester solide que ce soit face à un fond vert ou au manque de consignes de son réalisateur. Je remercie également Roger Christian qui avait déjà œuvré à la direction artistique sur les premiers Star Wars ou l'Alien de Ridley Scott qui a supervisé les séquences d'action en majorité.
La Menace Fantôme est un film lunatique mais généreux, Yoda dit à la fin du film que les Sith sont toujours deux : un maître et un apprenti. Je pense que Lucas ( créateur d'un univers enchanteur ) a vaincu le Georges ( mégalo et colérique ) pour nous produire un film pour lequel j'ai plus de tendresse que de mépris.