Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine… Alors que la planète Naboo subit un blocus de la Fédération du commerce qui proteste contre des taxes commerciales, deux envoyés du gouvernement, les chevaliers Jedi Qui-Gon Jinn et Obi-Wan Kenobi (Liam Neeson et Ewan McGregor) sont dépêchés auprès des représentants de la Fédération pour mener à terme les négociations. Mais ils vont découvrir que la Fédération s’est alliée avec un mystérieux ennemi afin de conquérir Naboo…
Etant donné le succès incommensurable de l’ancienne trilogie Star Wars, il était logique de voir George Lucas revenir aux commandes d’une nouvelle trilogie afin de développer son univers. Avec La Menace fantôme, il nous fait donc remonter aux origines d’Annakin Skywalker dans une « prélogie », choix qui sera abondamment critiqué par des fans dont on sait bien qu’ils ne s’en précipitèrent pas moins dans les salles obscures à l’arrivée de chacun de ces nouveaux épisodes. Comme tout le monde, c’est donc avec un réel plaisir que l’on se replonge dans cette galaxie lointaine, très lointaine, pour de nouvelles aventures en compagnie de nos désormais amis Jedis.
Au niveau du scénario global de cette prélogie, George Lucas accomplit un beau travail, et on appréciera particulièrement le fait qu’il prenne le temps de poser de solides bases pour nous faire saisir toute la densité des intrigues politiques auxquelles il faudra nous intéresser durant trois épisodes. Le temps, George Lucas le prend même un peu trop, d’ailleurs, puisqu’il faut attendre la dernière demi-heure du film pour avoir enfin tout ce qui fait que Star Wars est Star Wars, c’est-à-dire des duels au sabre laser, des batailles aériennes mises en scène avec virtuosité, des missions d’infiltrations dans le QG ennemi, et des thèmes mémorables signés John Williams.
Avant cela, il nous faudra donc passer par l’inévitable déluge de créatures tordues et répugnantes, de syncrétisme religieux oscillant entre le bouddhisme et le christianisme, d’humour au ras-des-pâquerettes (Jar Jar Binks et les Gungans se sont suffisamment fait taper dessus pour qu’on n’ait pas besoin d’en rajouter une couche) et de longues discussions pour savoir si, oui ou non, les personnages se décideront à faire ce que le scénario leur fera de toute façon faire, sans quoi on n’aurait pas éprouvé le besoin d’en faire un film.
Si ces dernières discussions peuvent encore avoir un quelconque intérêt pour le spectateur patient, on pourra en revanche regretter que les évolutions techniques aient fait croire à George Lucas qu’il pouvait se reposer entièrement sur des effets numériques dont l’âge se fait aujourd’hui sentir (ILM n’est pas encore arrivé à l’âge d’or Pirates des Caraïbes), n’ayant plus le charme rétro des vieux films mais pas encore la beauté visuelle des nouveaux. Cela n'entrave heureusement en rien la beauté de sa mise en scène, ample et épique à souhait.
Reste qu’un rythme trop distendu et une matière narrative finalement très restreinte n’empêchent pas de goûter - ne serait-ce que du bout des lèvres - un film certes avare en scènes cultes (avant la dernière demi-heure de film, on n’a guère que l’incontournable course de modules à se mettre sous la dent), mais dont on est trop attaché à l’univers pour lui reprocher de s’y égarer. Et on le lui reproche d’autant moins lorsqu’on regarde le film en sachant très bien ce que la suite de la saga nous prépare…