La question était la suivante : George Lucas a-t-il pu étoffer son récit après la relative déception qui m'avait étreint avec l'épisode I la Menace fantôme ? Fort heureusement, cet épisode II est nettement plus consistant, il y a plus d'action, il introduit de nouveaux personnages intéressants comme le comte Dooku, un méchant d'envergure joué en plus par le charismatique Christopher Lee, qui à cette époque se payait le luxe de 2 sagas mythiques (l'autre étant celle du Seigneur des Anneaux). Le film renoue avec la dimension mythologique de la trilogie initiale, même si Lucas s'égare encore dans quelques séquences inutiles, on va aborder tout de suite les scènes qui grincent : la fameuse romance entre Padmé et Anakin qui a tant saoulé.
Alors oui, elle s'éternise un peu trop et ralentit un peu l'action, heureusement, John Williams atténue la mièvrerie car il a le génie de décocher encore un de ses plus beaux thèmes avec ce Love Theme superbe, mais la scène au coin du feu un peu gnangnan et celle dans l'herbe sont surtout mal jouées, Natalie Portman n'est pas en cause, elle se contente d'être désirable dans ses tenues sexy, mais il est clair que la faute en revient à Hayden Christensen, je ne sais pas où Lucas est allé chercher ce garçon, mais son manque de charisme est sidérant, ses réactions de bad boy sont à la limite plus comiques que censées faire frémir. On sent le caractère d'Anakin grandir doucement par petites touches, mais il gâche tout par un jeu inadapté. Si la romance dure un peu, il faut aussi considérer que ces deux-là vont s'aimer profondément et vont enfanter 2 rejetons mythiques qui seront au centre de la trilogie centrale, il faut donc bien avoir ça à l'esprit et arrêter de dénigrer ces séquences, je pense que Lucas les a bien pesées, c'est juste que Christensen n'est pas à la hauteur et qu'il n'était pas l'acteur qu'il fallait, c'est la grosse erreur de casting d'un film qui présente de réelles qualités.
La magie un peu éventée de l'épisode I mais que j'ai réhabilité dans ma critique, revient doucement et culmine dans quelques séquences truffées d'effets numériques. En effet, c'est le premier sentiment que j'ai eu en 2002 à la sortie du film : que George Lucas se laissait tenter par le désir de relever un nouveau défi technique consistant à séduire un public plus jeune, amateur de jeux vidéo plutôt que ses fans de la première heure. Il y a une telle débauche d'effets visuels, notamment lors de la bataille de Geonosis avec les nombreux combats au sabre-laser avec de multiples participants que ça fait ressembler le film à un gigantesque jeu vidéo, enlevant l'aspect humain et dépersonnalisant l'ensemble. On sent que ce n'est plus là pour faire rêver mais pour en foutre plein la vue. Bon, si j'excepte ces 2 éléments (Christensen et jeu vidéo), le film reste très plaisant et contient énormément de bonnes scènes.
Parmi celles-ci, j'ai aimé tout le début dans Coruscant, l'intro qui frappe fort, la poursuite après avoir tué les horribles bestioles, qui permet à Lucas de détailler une mégapole futuriste fascinante. Les scènes sur Geonosis, la bataille dans son déroulement mais aussi les scènes dans la fonderie et celles dans l'arène avec les monstres. J'aime aussi le fight sous la flotte entre Obi Wan et Jango Fett sur cette étrange planète Kamino au visuel élaboré. La densité du récit oblige Lucas à aller vite, le rythme et la narration mettent au même niveau scènes d'action et transitions, le dénouement est ainsi expéditif, puisqu'on assiste à 3 duels en moins de 10 mn. Les personnages ont aussi plus d'épaisseur et John Williams brille encore dans ses thèmes, tout en réactualisant les anciens comme ce prémisse de Imperial March.
En conclusion, on peut enfin dire ouf ! le père Lucas a bien rectifié le tir, en virant progressivement ce qui alourdissait ou énervait dans l'opus précédent (comme la politique moins envahissante, et Jar Jar un peu mis sur la touche ici) pour insister sur les scènes d'action et surtout en sous-entendant le basculement progressif d'Anakin du côté obscur, ce qui laissait présager de grandes choses pour l'Episode III.