My own Star Wars : partie 2

Aujourd'hui, les fans ont décidé de haïr l'épisode II plus que l'épisode I: moins old school, des effets numériques criards qui s'encrent trop dans la transition des années 2000 et des dialogues romantiques théâtraux qui font crisser des dents. Mais pourquoi ? Cette haine, que tous les fans de Star Wars ressentent envers une oeuvre de la saga ou autre, pourquoi la focaliser là-dessus ? C'est justement ce qui fait le charme du film (pas les dialogues, hein) et ce pourquoi j'aime tant cet épisode II.

Déjà, il s'encre dans ma période préférée de la timeline de la franchise, la guerre des clones. Même en temps que films, les épisodes II et III sont vraiment là où je prends le plus de plaisir à regarder les aventures sidérales des amis Any & Kenobi. Sans doute suis-je foutrement subjectif, mais c'est ce film là qui dépeint, selon moi, ce que Star Wars est véritablement : une toile sombre de danger et de politique dans un univers coloré ou le ridicule se mélange avec l'épic. Lucas est un drôle d'oiseau pour nous pondre un genre pareil ! Mais j'adhère à quasi 100%.

Mes seuls reproches au film seraient d'abord ces fameux dialogues. La réalisation (découpage technique ou cadrage) marche du feu de dieu pour ce qui est proposé, mais ce sont les dialogues qui lancinent clairement les personnages de Padmé et Anakin... pivot principal de la trame de la prélogie, cet élément qu'est l'amour tragique entre les deux protagonistes est existants sans raison valable à l'écran, jamais plausible. Les traitements de harceleur d'Anakin et de "je t'aime même si tu es un génocidaire" de Padmé ne font vraiment aucun sens. Cela va entacher le film jusque dans son montage : toutes les meilleures scènes sont entrecoupées de glandouille au palais, rodéo dans le pré, de découpage de poire et de déclaration théâtrale auprès du feu. Si on prend ça au pied de la lettre, il y a de quoi s'arracher les poils pubien, bien qu'avec du recul, on peut toujours voir ça comme une volonté (bien étrange) de Lucas. Mis à part ce montage frustrant et cette relation bancale, rien dans cet épisode II ne mérite le bâchage torrentiel que les fans portent à son égard.

Pour bien des gens qui n'ont pas le regard critique sur Star Wars, cet épisode est celui où Obi-Wan découvre l'armée des clones et où Anakin perd sa mère. C'est tout. Et donc le souvenir n'est en rien venimeux. Car ce film ne se résume quasiment qu'à cela ! Tant la toile de fond est complexe, le film ne parvient pas à tout raconter ! En effet, il lui faut traiter de la tourmente d'Anakin, tant son complexe amoureux que sa colère de perdre sa mère, qui l'amène à basculer du côté obscur; sa relation avec Padmé, l'enquête d'Obi-Wan qui l'amène à découvrir un complot séparatiste, le début de la guerre des clones et l'apparition de Dooku, tout ça en 2h20 seulement...
C'est pourquoi je pense qu'un film se situant entre les épisodes II et III aurait été fortement nécessaire, pour que le traitement des personnages ait plus le temps de durer et on aurait pu avoir Dooku et Jango un film de plus... au placard la notion de trilogie, ce qui importe c'est surtout le bon déroulement de l'histoire ! Là où TCW le fait très bien, la prélogie manque de temps et doit forcément trouver le moyen de tout raconter. A trop bonne histoire, mise en image trop difficile...

Ce bon vieux George maitrise vraiment l'écriture scénaristique, n'en déplaise à certains (c'est lui qui a écrit les Indiana Jones tout de même) et à contrario de Lawrence Kasdan, il sait véritablement mêler sous-intrigues politiques et scènes d'actions dites de "remplissage". Puisant dans une palanquée de références mythologiques, il sait surtout parler de son actualité (la montée de Palpatine au pouvoir, miroir du fascisme et des républicains aux USA) et aborde ainsi la thématique du clonage, d'actualité à l'époque car c'est justement là que la brebis Dolly fut clonée. C'est justement les avancées technologiques qui sont l'essence de la saga au cinéma ! Toujours révolutionnaire, les effets spéciaux de Star Wars ont surpris leur époque, que ce soit les maquettes de la trilogie, les sons de Ben Burt, les effets d'ILM et le tournage numérique, Lucas a toujours été dans la technique technologique. Je trouve donc le contexte admirablement utilisé pour narrer son histoire qui s'y encre parfaitement.

Les éléments qui ont pu fâcher, comme le combat Yoda-Dooku ou la présence de Boba, ne m'ont jamais posé aucun problème. "Oui, mais Yoda saute comme un taré, il devrait employer la Force!" C'est ce qu'il fait. Du moins pour montrer à son ancien padawan (si on exclu ce pauvre Tham Cerulam) que ses "nouveaux pouvoirs" ne lui sont d'aucune utilité face à la sagesse. C'est alors qu'il sort son sabre laser, symbole du contre-pied qu'adopte la prélogie pour contraster avec la trilogie, dans le spectaculaire des combats, encore une fois l'utilisation technologique voyez vous. Yoda ne se bat d'ailleurs pas n'importe comment mais emploie le style dit d'Ataru, celui de "l'attaque venue des airs", qui permet ainsi de développer la civilisation et le Lor de star wars, ce que s'empêche mielleusement de faire la postlogie.

L'enquête d'Obi-Wan est extrêmement bien conçue: après avoir empêché l'assassinat de Mlle Padmé, il parvient à faire analyser la flèche mandalorienne et remonte logiquement jusqu'au complex de Kamino à Tipoca City. C'est donc purement par hasard qu'il découvre le complot lié au maître Jedi Siphodias (ce qui est un peu compliqué à comprendre dans le film, mais trop peu de temps pour s'y attarder) et qu'il rencontre Jango. Jango Fett, le personnage de mon enfance bordel ! C'est une super idée que d'avoir créé ce personnage, même si ça démystifie Boba. Relevant sans doute du "fanservice", cet élément ne m'a que toujours convaincu que George savait réutiliser ces personnages pour fabriquer des éléments narratifs entrelacés.

Pour moi, c'est donc un pari vraiment réussi de la part de Lucas: l'armée de la République est enfin là, relents du prochain empire. Palpatine devenu chancelier suprême, tout est en place pour que la guerre des clones se déchaîne. Les deux nouvelles planètes sont d'ailleurs superbes, j'adore Kamino et Géonosis. Ainsi, toute la dernière partie du film sur la planète à mouches me plaît grandement. Mélange d'Alien et de Mars, cette planète laisse place à bon nombre de possibilités ! Des personnages secondaire également très sympa comme Zam Wessel, le fameux comte Dooku (dont les plans ne seront que très survolés ici malheureusement) et le fabuleux Fett. Car oui, les méchants ont très peu de place à l'écran, voir trop peu. Je pense qu'on voit plus Zam que Dooku ! Mais c'est à l'image du film : une menace plane sur la République, qui semble se déchirer de l'intérieur. On ne fait plus confiance à personne, on soupçonne, on enquête, la fierté des Jedi et leur dynastie est sur le point de s'éteindre ! Je suis désolé, mais ce genre d'intrigue me fascine. C'est sans compter sur la BO de Williams, qui signe pour moi sa meilleure oeuvre (oui oui, détestez moi si vous voulez, mais la BO de l'Attaque des Clones est ma préférée de SW, avec Across the Stars, Return to Tatooine, etc...) et parvient parfaitement à raconter ce que Lucas n'a pas forcément su faire aux yeux des fans, ce complot politique et cette romance tragique.

Les principaux points forts :
1- Contrairement à l'Episode 1, on rentre directement dans l'intrigue avec une première scène explosive. Les personnages sont très rapidement mis en place ainsi que leur relation.
2- Toute l'intrigue est très bien écrite. L'enquête d'Obi-Wan et le complot politique fonctionnent très bien et tient en haleine, bien plus que le bloc de Naboo. Cela apporte un ton plus sérieux au film.
3- Kamino et Géonosis sont très bien faites. Les peuples, créatures et environnements apportés dans ce film sont comme dans tous les SW impressionnants et fantastiquement crédibles.
4- Toute la partie sur Tatooine, encore une fois. La mort de la mère d'Anakin met fin à l'amourette chiante et ramène l'intérêt du personnage. Et c'est très beau !
5- Toute la dernière partie du film. A partir de l'usine de droides jusqu'à la fuite de Dooku, elle s'enchaine parfaitement bien. J'adore la façon dont tant d'évènements surviennent dans ce film.
6- TOUTES les scènes d'action sont mythiques et y vont à fond : la course-poursuite sur Coruscant de nuit, l'affrontement avec Fett à terre et dans les airs, l'usine de droide, l'arène, l'affrontement avec Dooku...

Les principaux points faibles :
1- La fameuse romance Anakin-Padmé. Il fait peur, elle tombe amoureuse parce que...? Trois scènes sont à pleurer et les dialogues sont vraiment wtf. Tout n'est pas à jeter évidemment, comme quand ils discutent de la discipline Jedi ou de systèmes politiques. Mais c'est vraiment niais.
2- Certaines incrustations ont vraiment vieilli. C'est triste mais c'est ainsi, donnant au film un ton assez kitch par moments.
3- Fett méritait un film de plus. Dooku aussi. Il y'a tellement à dire qu'il aurait fallu une quadrilogie !
4- Ici aussi, l'intrigue politique est difficile à comprendre. Dooku, ancien Jedi devenu leader d'un mouvement séparatiste, promet la mort de Padmé Amidala à Gunray et embauche Fett pour arriver à ses fins. Wessel n'est qu'un leur et la Saberdart amène Obi-Wan à découvrir l'armée de clones, toute disponible à utilisation contre la fraichement créée CSI, mouvement militaire au service des Séparatistes. Le tout manipulé par l'Ordre Sith. WOOOOO
5- Anakin a pensé à Padmé pendant 10 ans alors qu'ils ne se sont quasiment pas parlé dans l'Episode 1. Ici, c'est étrange, on ne comprend pas cet intérêt.
6- La scène où Anakin tue les Tusken ne dure que trois plans. On aurait voulu voir ce massacre, comprendre la violence qui l'habite.

Je mets 10, des éléments négatifs me sautent évidemment aux yeux mais je reste très mécontent de la haine envers ce film, qu'on critique le mode de pensée de Lucas alors que bordel, il sait très bien ce qu'il fait, qu'on hurle au scandale pour le jeu de ce pauvre Hayden Christensen, qu'on vomisse devant ces scènes d'amourette d'accord mais de là à considérer ce film comme une merde... juste non. A l'image de C3PO et R2 dans ce film, je préfère en rire. La donnée subjective est omniprésente dans cette critique, mais voilà : i don't give a fuck. Je voulais juste redorer le blason de ce film, qui compte beaucoup pour moi. Cracher dessus alors que sa réception était plutôt bonne à sa sortie, c'est vilain.
Mais je ne juge pas, c'est comme pour les rééditions de Lucas, on est jamais d'accord avec tout !