Après l’immense déception du premier volet, Lucas doit impérativement relever sa prélogie. Mais l’exercice requiert talent et inspiration, et l’individu souffre d’un déficit flagrant en la matière depuis plusieurs années. Peu conscient de la chose, le fourbe se jette dans la réalisation de son troisième Star Wars avec gourmandise.
Retranscrire l’intégralité du massacre est proprement impossible. Disons simplement que personne n’a réussi à rendre le bordel crédible, enthousiasmant ni même passable. Les acteurs n’échappent pas à la règle, mais gageons que passer sa vie devant un immense fond vert ne dois pas aider l’expression artistique.
Le tout commence avec une plâtrée de dialogues superflus qui tentent vainement de faire admettre que oui, Anakin a pris 15 ans d’un coup quand Padmé n’a pas bougé. S’en suit une course poursuite en centre ville qui n’est qu’un ersatz de ce que Luc Besson faisait cinq ans plus tôt, mais vu que l’intégralité de la scène doit compter au plus deux plans serrés qui ne sont pas réalisés à l’ordi, George Lucas est content. Difficile de comprendre comment un mec qui a construit l’Etoile noire ou les sabres des premiers opus avec des matériaux de récupération oublie à ce point ce qui rend un film vivant.
Lucas nous emmène ensuite à Naboo, la planète honnie, pour admirer Anakin et Padmé s’ébattre et discuter politique tels des collégiens de SEGPA dans un champ peuplé de mammifères numériques difformes que l’équipe du film n’est même pas foutue d’animer correctement, pendant qu’Obi-Wan traine son absence de réflexion dans les coins les plus vides d’intérêt de la galaxie.
Heureusement, tout ce petit monde est vite rassemblé sous le signe de l’encéphalite dans une arène peuplée de pygmées volants où le spectateur abasourdi assiste à un affrontement des plus grotesques. Une armée de 200 chevaliers Jedi, élite spirituelle de la galaxie maitrisant l’arme la plus destructrice du millénaire, en plus d’êtres dotés de capacité physiques et psychiques hors du commun se fait tout simplement ravager par des semis gargouilles difformes au corps aussi lâche que leur tempérament et quelques milliers de droïdes à peine plus capables qu’une calculatrice Casio.
Le duel ultime oppose finalement un vieillard au sabre courbe et une image de synthèse bondissante dans un ballet flou, vide et potentiellement cause d’épilepsie.
Et pourtant tout n’est pas à jeter. Car au milieu du défilé des acteurs sous prozac, des spasmes musculaires des scénaristes trisomiques et du réalisateur séché à la mauvaise cocaïne, John Williams sort une bande originale de patron. Tranquille dans son coin, le monsieur se borne à ajouter méticuleusement sa dose de génie musical à une merde sans âme et sans saveurs. A chaque fois qu'une once d'émotion transpire de la pellicule, c'est à lui qu'on le doit.
Preuve qu’il en reste au moins un à Hollywood qui sait ce que Star Wars veut dire.