L'Attaque des Clones fait un bond de 10 ans dans le futur par rapport à La Menace fantôme. Si le premier épisode était une introduction à la nouvelle trilogie, celui-ci s'attaque, si j'ose dire, au coeur du sujet, celui qui va mener Anakin Skywalker au côté obscur, et la guerre de clones qui aboutira à la création de l'empire.
Le film a les mêmes défauts et qualités que son prédécesseur mais en pire ou en meilleur.
Mal dirigés, les acteurs surjouent constamment et récitent un texte qui se voudrait shakespearien mais qui est d'une grande pauvreté. Les scènes de romance entre Anakin et Padmé sont si surannées et clichesques qu'elles font invariablement osciller entre la gêne et la pitié. On dirait de la mauvaise pub pour parfum, au bord du lac de Côme, dans un décor superbe mais filmé salement. Le nanar n'est par moment pas loin. Où sont les répliques cinglantes d'Harrison Ford et la mauvaise humeur de Carrie Fisher ? Nulle part. Hayden Christensen patauge comme un adolescent naif et boutonneux, Natalie Portman ne peut que paraitre fade, malgré sa grande beauté. Seul Ewan McGregor s'en sort honorablement par son personnage d'Obi Wan flegmatique et parmi les méchants fort heureusement que le charisme de Christopher Lee donne un peu d'épaisseur à son personnage.
Mais comme le premier film, L'Attaque des Clones est sauvé par son univers. La musique est toujours aussi remarquable, s'assombrissant grandement. La variété des planètes est extrême, les décors originaux et intéressants, les extraterrestres nombreux. Le contexte géopolitique s'étoffe, la dramaturgie se met en place et fonctionne, une fois de plus, parce qu'on en connait la fin. Si Anakin n'était pas déjà Dark Vador dans l'esprit des gens, il n'aurait jamais pu compenser un peu les terribles défauts de l'écriture de son personnage dans le film. L'aura de son masque pèse déjà comme une chape de plomb sur l'histoire. En fait, quoi qu'il se passe un film Star Wars est jouissif par le simple fait qu'il fasse partie de cet univers ou de cette franchise. Il peut être mauvais et même de plus en plus mauvais qu'il continue de passer tant il suscite un imaginaire fabuleux. Disney, en rachetant Lucasfilm l'a compris. L'entreprise étalera donc le beurre sur une tartine toujours plus grande, jusqu'à que la tartine n'ait plus de consistance.
Le film réussit quelques scènes malgré tout : la blancheur froide du centre de fabrication des clones sur Kamino impressionne, l'arène (pendant du cirque pour course de podracer) avec ses monstres extraterrestres nous gratifie d'une belle scène d'action. L'aspect enquête, amorcé en début de film, suite à une tentative d'assassinat de Padmé Amidala, a le mérite d'ouvrir Star Wars sur un autre genre. Mais là encore, si on apprécie la découverte des bas fonds de Coruscant, l'aspect esthétique, trop coloré, presque jeu vidéo, et la course poursuite, simple succession sans grand rythme d'effets visuels, de fonds verts assez laids laisse de marbre. Comme son prédecesseur, le film joue la surenchère, nous offrant la plus grosse bataille terrestre de la saga, avec une armada de jedi qui se fait décimer, juste pour le style, par des milliers de droides encore plus gros et performants que dans l'épisode précédent, juste pour le style. L'illustration de la surenchère, c'est le sabre violet de Mace Windu. Caprice de star et badasserie de l'extrême, du Samuel L. Jackson tout craché. On voit aussi Boba Feet et son père, juste pour ravir le fan.
On aimerait apprécier davantage la dramaturgie, amorcée par cette scène freudienne où Anakin sert dans ses mains une mère mourrante qui le revoit des années plus tard. Mais non, le jeu d'acteur, les dialogues sonnent desespérement creux. Lorsqu'Anakin tue un village entier d'hommes des sables par pure colère, le film devient plus intéressant et lorsqu'il retrouve Padmé sur Tatooine Lucas avec son ombre dessine le casque de Vador. Voilà enfin une idée de mise en scène.
Alors pourquoi je mets 7 malgré tous les défauts insupportables du film ? Parce que c'est Star Wars. Star Wars reste Star Wars. Lucas, malgré ses gros sabots, ne parvient pas à tuer sa créature. Il reste le souffle, l'univers, la mythologie, les aphorismes de Yoda, la force, les sabres laser, la musique martiale. Ca continue de fonctionner malgré un ton presque nanardesque sauvé juste par la constance absolue de la musique de John Williams et par des moyens de production énorme ainsi qu'une direction artistique pas mauvaise. Mais pour la subtilité, repassez plus tard à l'image de cette tête de Jango Fett, père de Boba Fett, décolletée par Mace Windu et qui roule jusqu'aux pieds de son fils, ivre de vengeance. Basique, mais efficace.