« I killed them. I killed them all. They're dead... Every single one of them. » ANAKIN SKYWALKER

L'accueil critique et public de Star Wars, Episode I : The Phantom Menace a quelque peu douché les ardeurs de George Lucas. L'une des conséquences du bilan mitigé qu'il ressent est de le voir s'entourer officiellement pour terminer le script du deuxième volet de la prélogie. Après avoir mis au point un brouillon, un premier puis deuxième jet, il demande ainsi pour la troisième épreuve l'aide de Jonathan Hales, un scénariste avec qui il a déjà travaillé ultérieurement.

George Lucas et Jonathan Hales réécrivent certaines scènes en plein tournage, mais la production se termine à temps et Star Wars, Episode II : Attack of the Clones sort en mai 2002 comme prévu.

La première chose étonnante est assurément le bond dans le temps entre deux épisodes au sein de la même trilogie. En effet, ce ne sont pas moins de dix ans qui séparent les deux premiers épisodes, là où dans la première trilogie, seules quelques années espaçaient les différents opus. Autre chose notable, George Lucas a parfaitement reçu le message des spectateurs sur le personnage Jar Jar Binks, fortement conspué, ses apparitions fondent donc comme neige au soleil. Pour autant, son rôle reste primordial dans la saga formant une sorte de pied de nez à ses détracteurs. Le réalisateur va également et surtout proposer des thématiques d'une variété jamais vue jusqu'à présent dans un film Star Wars. Même si le film est globalement construit en trois actes tournant autour des planètes visitées, le montage est élaboré de sorte que l'ensemble ne soit pas linéaire permettant au spectateur de passer d'un lieu et personnage à un autre, et ainsi de suite. L'aventure gagne ainsi en richesse ce qu'elle perd peut-être en simplicité.

Le premier acte nous plonge dans Coruscant, capitale de la République, montrant à quel point l'un des thèmes principaux de la prélogie a toujours été la politique. Les intentions sont claires pour George Lucas : il veut faire un parallèle entre la prise de pouvoir de Palpatine et l'avènement des plus grands dictateurs de l'histoire. Palpatine, toujours interprète par Ian McDiarmid qui livre une nouvelle fois un travail extraordinaire en alternant avec la voix suave du politicien et celle inquiétante du Seigneur Sith, sait qu'il y a deux moyens de prendre le contrôle d'un système politique : le coup d'état militaire qui fait courir le risque de s'aliéner la population ou la manœuvre politique pour s'octroyer petit à petit les pleins pouvoirs. Pour exemple, Hitler fut élu au suffrage universel avant de devenir dictateur via une loi d'exception lui conférant les pleins pouvoirs. Le parallèle avec la création du Troisième Reich allemand est d'ailleurs encore plus évident puisque Palpatine porte également le titre de Chancelier. Ce dernier se fait élire à la tête de la République, puis manipule les Sénateurs pour gagner en autorité au fur et à mesure des crises qu'il fomente en secret et dont il tire les ficelles autant que les profits. Il est d'ailleurs glaçant de voir que le sénateur qui proposera de donner les pleins pouvoirs au Chancelier n'est autre que Jar Jar Binks !

La prise de pouvoir de Palpatine est ainsi passionnante et constitue assurément le point fort du récit. A ses côtés siège son nouvel apprenti : Dark Tyranus, destiné à remplacer Dark Maul. Il l'envoie créer une armée de clones pour la République, mais également unir des dissidents de plus en plus nombreux face à une République qu'il s'affaire à paralyser par la corruption et les querelles inutiles. Il crée de la sorte lui-même les crises qui lui permettent d'avancer ces pions et d'obtenir de plus en plus de pouvoirs. Avec son sourire affable, il embobine même les Jedi, en particulier Anakin qui ne marche qu'à la flatterie. Le comble est atteint quand Dark Tyranus, alias le Comte Dooku, campé à merveille par Christopher Lee, ancien chevalier Jedi passé du côté obscur, révèle à Obi-Wan que la République est en réalité aux mains du Côté Obscur, un révélation qui parait sur le coup absurde mais qui est en réalité la stricte vérité. Mais il n'y a pas que les Jedi qui se font manipuler : la Fédération du Commerce et le Clan Bancaire sont amenés à vouloir faire sécession de cette République incompétente. Ainsi, le Comte Dooku dirige les séparatistes tandis que son maître a dans ses mains la République. Les deux mettent en place le terreau d'une guerre civile destinée détruire la démocratie de l'intérieur. George Lucas s'inspire assurément ici de l'histoire de son propre pays et en particulier de la Guerre de Sécession. Le réalisateur donne toutefois un air moderne à sa guerre en abordant le thème des manipulations génétiques. Il va même jusqu'à inverser les rôles : en leur donnant une armée de clones afin de garder la République unie, Palpatine transforme, en effet, les Jedi, censés êtres des garants de la paix, en généraux de guerre. Le dernier plan du film est ainsi éloquent : une armée de clones défile devant les fenêtres de Palpatine, rappelant la marche de futurs Stormtroopers qui formeront l'armée de l'Empire.

Le concept de Guerre des Clones est introduit dès le premier épisode (chiffrée comme le quatrième). L'origine des clones est expliquée et la première bataille est montrée ! Ainsi, la visite de la planète Kamino dans le deuxième acte permet de découvrir l'usine de fabrication des clones. Le passage est véritablement passionnant et plus encore car il fait suite à une enquête policière menée par Obi-Wan. En plus, il propose la découverte d'une planète jamais vue dans l'univers Star Wars via un monde totalement aquatique où le peuple vit sur des plateformes et s'avère très avancé technologiquement, en particulier dans la science génétique. C'est ensuite Yoda qui décide d'utiliser cette armée contre les droïdes séparatistes lors de la bataille de Geonosis du troisième acte marquant là le premier conflit de la Guerre dite des Clones. Visuellement, George Lucas propose une scène d'une puissance jamais vue dans la saga. Dans une planète désertique, voir autant de Jedi pris aux pièges puis secourus par une armée de clones, a un côté jubilatoire indéniable.

L'un des sujets incontournables que se devait d'aborder George Lucas est assurément l'histoire d'amour entre Anakin et Amidala, la future mère de Luke et Leia. Malheureusement, il livre ici l'un des éléments du film qui a le moins convaincu les fans. Il faut dire que la romance n'est vraiment pas le fort de Star Wars. L'histoire d'amour est bien plus naïve au point qu’elle peut devenir caricaturale. Pour autant, le discours est parfois bien moins niais qu'il n'y parait au premier abord : par exemple, quand le couple discute de sa différence de vue sur l'efficacité politique, l'un prônant la dictature et l'autre la démocratie. Recul aidant, la relation des deux personnages n'est assurément pas la catastrophe tant décriée. Elle est juste imparfaite et constitue dès lors, compte tenu de son poids narratif, l'un des points faibles du film.

Le personnage de Anakin Skywalker a, quant à lui, grandi. Il a donc fallu trouver un remplaçant à Jake Lloyd. Hayden Christensen décroche donc la lourde tâche de devenir le futur père de Luke ! Et force est constater qu'il ne s'en sort pas si mal. Totalement torturé, impatient, impertinent, il est à la fois fougueux et irréfléchi. Il se laisse entièrement emporté par ses sentiments signant par exemple dans la scène où il venge sa mère un sommet de tragédie tant la dangerosité qui émane de lui est extrême. Hayden Christensen ne souffre pas vraiment de critique au contraire, et bizarrement, de celui de Natalie Portman. Elle ne semble tout simplement pas croire à son personnage quand elle se dit être amoureuse de Anakin. Ainsi, les scènes où elle est la plus convaincante sont celles où elle parle de politique. L'actrice n'arrive curieusement à montrer de la passion dans son jeu uniquement quand elle le met au service d'un discours auquel elle croit.

Ewan McGregor reprend son rôle de Obi-Wan Kenobi dont l'importance s'est grandement développée par rapport au premier opus. L'acteur est tout simplement parfait et donne beaucoup d'assurance et de prestance à son personnage. Les scènes où il agit en qualité d'enquêteur sont d'ailleurs assurément parmi les plus réussies du film. Il est épaulé par le Conseil Jedi où Yoda va fortement impressionné. Pour la première fois, le Maitre va combattre sabre laser en main. Son affrontement avec le Comte Dooku, son ancien disciple, est à l'évidence un pur délire de fan.

Il ne faut pas oublier que la saga de Star Wars est construite autour de l'idée de symétrie. Ce deuxième opus ne déroge ainsi pas à la règle. L'opus dispose néanmoins de son lot de clins d'œil visuels difficiles à tous lister mais dont un florilège permet de prendre conscience de l'effet miroir présent dans toute la saga. Le plus évident est la présence de Boba Fett comme dans la première trilogie avec sa présence dans Star Wars, Episode V : The Empire Strikes Back. Deuxième épisode de la trilogie et deuxième épisode de la prélogie se répondent. De même, Anakin voit sa main amputée par un Sith plus puissant que lui comme Luke voit sa main coupée par un Sith. Il y a également une course-poursuite dans un amas de débris spatiaux, même s'il ne s'agit pas ici d'astéroïdes mais d'anneaux planétaires. Et puis, il y a la fameuse déclaration d'amour (ici entre Anakin et Padmé en résonance avec celle entre Leïa et Han).

Côté musique, John Williams est et reste le compositeur sur le film et propose une musique tout simplement parfaite, rappel de la première trilogie mais également de l’opus précédent. Le final sombre et inquiétant lors du défilé des troupes de clones fait froid dans le dos rien qu'en écoutant les notes lugubres, sans espoir, qui annonce le pire à venir.

Plutôt bien accueilli lors de sa sortie, Star Wars, Episode II : Attack of the Clones voit sa réputation se détériorer au fil du temps. Si il est vrai que l'histoire d'amour pêche un peu, elle n'est pourtant pas aussi catastrophique que ce que de nombreux fans veulent bien le dire. Le film qui vaut surtout pour son propos politique est toujours aussi passionnant et la mise en place de la Guerre des Clones, iconique à souhait. Puis, il introduit à merveille la descente aux enfers que s'apprête à vivre Anakin Skywalker. Il faut en outre souligner la volonté farouche de George Lucas de proposer sa vision personnelle de sa saga, même si elle peut se révéler parfois impopulaire.

StevenBen
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le 12 juin 2024

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Steven Benard

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