Après le préambule que constituait la Menace Fantôme, et qui n'avait pas d'autre réelle utilité que d'introduire les personnages et décrire le monde de manière plus large que ce qui avait été fait dans la première trilogie, cet opus marque vraiment le début de l'histoire d'Anakin Skywalker. Le Schumacher des bacs à sable (de Tatooine) est devenu un ado rebelle à queue de rat. Désobéissant, et arrogant, ce personnage (déjà est-il vraiment le protagoniste ?) et son histoire sont l'un des grand points faibles du film : exclusivement tourné vers le pathos, Anakin n'est qu'un concentré d'émotions immatures : de l'amour le plus niais avec sa dulcinée à la colère qui n'aura d'égale que celle de son petit-fils.
C'est aujourd'hui universellement admis, Anakin et Padmé sont à l'amour ce que Jar Jar Binks est à l'humour : lourdingues et insupportables, on attends qu'une chose, qu'on passe à la scène suivante qui suit les aventures du maître du futur Vador, et là, les choses changent du tout au tout. L'enquête d'Obi-Wan Kenobi nous emmène dans les méandres de Corsuscant, la planète-capitale qui n'est pas sans évoquer un Gotham City futuriste. Le Jedi y interroge des indics, façon buddy movie 4.0. Et le voyage continue, on découvre pas à pas le complot qui se trame, en maintenant le mystère. Le maître Sifo-Dyas dont on a jamais entendu parler, censé avoir demandé la création d'une armée de clones pour la République. Ça sent le souffre, mais on ne sait pas d'où ça vient...Sans compter sur ce Jango Fett, papa de Boba, et modèle original de ces millions de clones, qui n'est pas vraiment un saint...
De Kamino à Géonosis, l'enquête d'Obi-Wan est le véritable souffle du film, et c'est non seulement du aux rebondissements, mais aussi et peut-être surtout à l'étonnant capital sympathie qui se dégage d'Ewan McGregor. L'Attaque des Clones nous montre un monde en pleine mutation, où un grand nombre de genres se mêlent : enquête policière (du buddy-movie du début à celle, solitaire, d'Obi-Wan), espionnage dans un décor de Western, romance à l'eau de rose, et enfin, en film de guerre, avec ce sauvetage des héros par l'armée des Clones et une floppée de sabres laser. Ce film, qui est celui qui nous a montré le plus de Jedis en action (même si une grande partie se font dézinguer, signe annonciateur de la fin de la prélogie) , montre que le temps de la magie et de la philosophie n'est plus, place à l'artificiel, au nombre, à l'homme machine, prêt pour la guerre. Le temps des petites intrigues et aventures individuelles n'est plus : la Galaxie se prépare pour la guerre.
Des faiblesses sont certaines, et ne sont pas aidés par des acteurs sans doutes mal dirigés, et tout particulièrement Nathalie Portman, qui a su nous prouver plus tard qu'elle est une (très) grande comédienne. (à l'instar d'Adam Driver, que Star Wars pourrait tuer également, mais c'est une autre histoire). Si certains voient dans l'Attaque des Clones le pire film de la Saga, je dirai simplement qu'il reste dans la continuité du premier : décrire un univers, un monde dans son intégralité, dans ses enjeux politiques, plutôt que les aventures individuelles de personnages précis et là-dessus, c'est une réussite. Et malgré les fonds verts (on est pas encore dans l'époque des abus certains qu'on retrouvera par exemple chez Peter Jackson et l' absurde saga du Hobbit), visuellement, c'est assez joli, même si on regrette un manque de sensation de tangible, ce que la postlogie rattrappe largement. En clair, en résumé, Obi-Wan commence à devenir ce personnage adulé par les fans, Ewan McGregor apporte une fraicheur qu'Alec Guiness ne pouvait pas apporter (en matière de combat au sabre tout particulièrement), et c'est un plaisir.
Enfin, pour ce qui est du méchant, le Comte Dooku est une vrai trouvaille, qui nous montre la porosité de la force. Dracula se bat avec un sabre avec une classe qu'on n'aurait rarement imaginé. Il n'a pas le charisme de Maul, et on ne parle pas de Vador ou de l'Empereur, mais il donne leurs lettres de noblesses au Siths.
L'Attaque des Clones constitue un pilier central dans Star Wars, à la croisée des chemins entre les films et les séries. Il est le point de départ de tout cela en même temps. Même si Padmé et Anakin auraient pu tuer l'ensemble (avec la complicité de John Williams, avec ce thème qui doit être la seule mauvaise chose qu'il ai apporté dans sa collaboration à la Saga galactique), la suite des aventures de tous les personnages centraux justifie à elle seule l'intérêt cet opus, qu'il s'agisse d'Anakin, Obi-Wan, Padmé, les Droïdes, Yoda, Windu, Sidious/Palpatine, ou des personnages des séries comme Ahsoka ou Ventress...et même Darth Maul !
Impératif pour comprendre l'intérêt de Star Wars