Un Jedi le cul entre deux chaises

Star Wars Episode III est une oeuvre rare. (Attention la critique suivante contient masse de spoilers, bon ok vous avez tous vu le film et même si vous ne l'avez pas fait vous savez très bien comment ça se termine, mais bon au moins j'vous aurai prévenu)
Non seulement il clôt un des plus gros gâchis de l'histoire du cinéma en évitant que le désastre soit total mais aussi parce que tout a long de ses 2h30 il nous offre un véritable numéro de funambulisme entre les méandres de la médiocrité et ce qui se fait de mieux dans le Space-opéra, rien que ça...

Nous sommes quelques années après l'Attaque des Clones. Anakin est grand maintenant, ça y est il a enfin décidé d'abandonner sa coupe moche de lycéen californien pour un style plus adulte, plus classe. (Par contre il garde sa tronche à torgnoles, mais ça on ne peut pas lui en vouloir, ce n'est pas vraiment de sa faute.) Toujours accompagné de son maître, le très sympathique Obi-Wan Kenobi, il est l'un des héros de la Guerre des Clones qui fait des ravages dans la galaxie. A la ville, c'est un homme comblé avec sa douce Padme, qui doit lui donner deux trucs baveux et pleurnichards d'ici peu. Bref, Anakin a tout pour être heureux dans sa vie, c'est un personnage illustre, il est beau, se tape une ex-princesse et va avoir deux gosses. OUI MAIS, Anakin est le genre de mec qui ne se satisfait jamais de ce qu'il a. Faut dire que le barbu qui lui sert de guide dans son apprentissage Jedi prend un peu trop de place à son gout dans sa vie. C'est vrai quoi, lui il aspire juste à mener une vie peinard avec sa meuf sur une planète paradisiaque de la bordure extérieure et voila que Bibi vient lui faire la morale mystique à chacun de ses faits et gestes. Alors rapidement il se dit que tout ce pour quoi il se lève le maffre depuis 2 épisodes, la République, les Jedi, le coté lumineux de la Force, c'est très surfait et surtout beaucoup d'emmerde pour pas grand-chose. En plus, manque de bol sa copine va clamser, du moins c'est ce dont il est persuadé depuis qu'il est rentré un peu jouasse d'une soirée, où il n'avait pas bu que de l'eau, dans une obscure cantina de Coruscant... C'en est trop pour notre héro, il est temps de changer un peu d'employeur et de voir les autres aspects du boulot. Il découvre alors plein de nouveaux trucs sympas, comme faire de l'électricité avec ses doigts, ce qu'il trouve très pratique au loft qu'il habite (au sommet d'une tour dans un quartier bien huppé, c'est que ça palpe pas mal comme situation, Jedi !) en cas de coupure de courant, ou le tuning de sabre laser (rouge)...

Après deux épisodes et des centaines de milliers de suicides chez les fans de la Saga, Georges a décidé qu'il fallait arrêter les conneries et revenir aux fondamentaux de ce mythe du cinéma. Il faut bien avouer que la barre a bel et bien été redressée de fort belle manière. Oubliez l'humour débile qui ne fait rire que les gosses qui ont été amené là de force par des parents nostalgiques de l'ancienne Saga. C'est la guerre, il n'y a plus de place pour la légèreté, les roulades dans les prairies de Naboo en amoureux ou les ballades aquatiques chez les potes de Jar-jar. Enfin, on retrouve la maturité qui a manqué aux deux précédents opus avec, enfin, un Anakin assez intéressant. Et au niveau visuel, on en prend plein la gueule. Le film commence fort avec une scène fantastique de combat spatial, en quelque minute, Lucas et ses potes pètent à coups d'effets spéciaux le budget de l'ensemble du cinéma Français sur 3 ans. Et ça marche, on est directement plongé dans l'action grâce à une réalisation étonnement dynamique pour du George Lucas. Bien entendu dés que nos amis chevaliers de l'espace posent le pied par terre, on retombe dans le plan-plan habituel. Mais pour autant ne boudons pas notre plaisir, les scènes d'action s'enchainent plutôt bien et les combats au sabre laser sont toujours aussi bluffant de virtuosité (Quand Yoda ne s'en mêle pas).

Ce Star Wars III serait-il donc un Grand film ? Pas si simple... Il n'échappe pas à certaines longueurs. Ce qui est clair avec cet opus, c'est que si Lucas est passé maître dans la réalisation des scènes d'action, il est toujours aussi hésitant dans les moments plus calme et réfléchis. Il peine réellement à donner un rythme constant. On peut le diviser en 3 parties distinctes. Un début de folie, un milieu mou, intéressant pour l'histoire mais chiant à regarder et un final en apothéose à faire mouiller les slips des fans de la Saga. Certains personnages sont aussi là pour nous rappeler que nous sommes en train de regarder un épisode de la prélogie, Padme en tête. D'habitude j'adore la belle et talentueuse Nathalie Portman, mais là, je crois que jamais auparavant je n'ai autant haïs un protagoniste, à tel point que sa mort a été pour moi un grand soulagement. Véritable boulet dans ce film, chacune de ses apparitions fait retomber le niveau général à celui du très médiocre Episode I, c'est une performance, car en temps normal les dialogues ne volent déjà jamais bien haut...Ah qu'il est loin le temps des savoureuses joutes verbales entre Han Solo et la Princesse Leia !
Mal rythmé, des personnages inutiles, des dialogues loin d'être inoubliables...

Alors serait-ce un mauvais film finalement ? Non loin de là, La Revanche des Sith est un film rare. De ceux qui ont quantité de défauts qui d'ordinaire ne passeraient pas chez le spectateur mais qui pourtant ici passent au second plan. Après le visionnage de cet opus il apparait qu'il garde en lui une ampleur que peu d'œuvres peuvent se targuer d'avoir. Il réussi là où tous pensions qu'il se raterait, dans la liaison entre une prélogie très controversée et la saga mythique qui a bercé notre jeunesse, et pour cela, on ne peut pas vraiment le détester.