Star Tour - Episode IX
Ça y est. C’est fini. Le verdict est définitivement tombé désormais. Le côté obscur de la force l’a emporté. L’Empire Disney a triomphé. Certes c’était attendu. C’était écrit. Le retour de J. J...
le 18 déc. 2019
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La densité du film est écrasante. Du haut de ses deux heures vingt, le dernier épisode de la saga des Skywalker a beaucoup à dire, sans doute trop. Le défi est de taille, l'objectif est de terminer tous les arcs narratifs d'une série de neuf épisodes, après deux opus qui finalement ont beaucoup introduit sans aller assez de l'avant. JJ Abrams fait la synthèse des deux opus précédents, puisant dans l'essence de l'épisode 7 qu'il avait réalisé mais corrigeant ses limites, conscient qu'il avait souffert de peu d'originalité et de profondeur, et reprenant à son compte les éléments de l'épisode 8 de Rian Johnson, comme la connexion entre Ren et Rey, tout en lui faisant constamment un pied de nez.
Le parfait témoin de ça est une scène où Luke apparait en fantôme de la force à Rey qui veut détruire son sabre laser en le lançant dans les flammes. Ce dernier s'exclame que ça ne se fait pas, clin d'oeil moqueur à la scène d'ouverture de l'épisode 8 où son personnage faisait pourtant de même.
Je pars du principe que cette trilogie est bancale : mal conçue, précipitée, mal écrite. Les problèmes d'écriture et de production, les mésententes personnelles, les rivalités...Disney s'est précipité pour cette trilogie et paye cash cette précipitation depuis 5 ans. M'est d'avis qu'ils ne feront plus l'erreur. Ainsi pour moi l'objectif du film : sauver les meubles. Et, c'est réussi sur ce point. Je n'attendais pas une révolution, juste de la cohérence, des réponses. Abrams opère la synthèse : un maximum d'actions, de clins d'oeil, de fan services (pour le meilleur et pour le pire) en un rien de temps : être parfaitement nouveau et parfaitement Star Wars tout à la fois. Si le pari est réussi et que le réalisateur semble presque miraculeusement recoller les morceaux d'une saga un peu exsangue et en perte de vitesse, il le fait à un rythme effréné, plus rapidement que le Faucon Millenium accomplie le raid de Kessel. Il est pressé par le temps, presque ravi d'en finir, une fois pour toute, avec le mythe énorme de la culture populaire qu'il manipule. Ce rythme perd un peu le spectateur. Il y a tant à dire en si peu de temps que tout s'enchaîne, et même les excellents moments - et il y en a, bien plus que dans les deux épisodes précédents selon moi - sont fugaces.
Car oui cet épisode, enfin, propose d'excellentes choses. Il y a un équilibre dans le ton du film : humour, tragique, émotion ; fini les exubérances de l'épisode 8, fini la tiédeur de l'épisode 7. La relation Rey-Kylo est toujours intéressante. Les side kicks font vraiment bien le boulot : on en apprend plus sur Finn et Poe, qui se chambrent tout le long du film. Les droides font également sourire à de nombreux moments : C3PO balance des vannes à tout va, R2 est très présent (ça avait été reproché aux épisodes précédents) et le nouveau droide DO est adorable.
Chaque personnage bénéficie d'une résolution, d'une fin. Abrams fait le dernier baroud d'honneur de toutes les figures mythiques de la saga, les plus anciennes, les plus récentes. Il n'oublie personne, et ça c'est vraiment louable. Le traitement accordée à Leia est touchant et Chewie est enfin remis à la hauteur de l'icône qu'il est.
D'ailleurs, Maz, à la fin, lui remet la médaille qu'il n'avait pas eu dans l'épisode IV de la saga. Ce genre de petits clins d'oeil sont appréciables et permettent vraiment de se remémorer à la manière de madeleines de tous les moments cultes de la saga. Très belle fin aussi pour Luke : il soulève son X-Wing, celui qu'il avait échoué à soulever avec Yoda.
Les retours de Lando, les caméos divers et variés font plaisir, sans parler des nouveaux personnages, qui sont peu utiles à l'intrigue sauf l'amiral Pryde, qui a plus de consistance il est vrai que le général Hux, totalement secondaire dans le film et bien entendu Zorri Bliss, femme casquée et connaissance de Poe, mystérieuse et classe, aux allures de Daft Punk.
Les scènes d'actions se multiplient tout au long du film, sans aucun temps mort. C'est une force car il n'y a pas vraiment de superflu ou de baisse de régime (contrairement aux épisodes précédents avec des moments de moins bien) mais aussi une faiblesse car c'est allusif. La scène d'ouverture est très rapide, hachurée presque alors qu'en lisant les guides officiels du film ont apprend qu'il s'agit d'une planète déjà vu dans les films. Aucune allusion n'y est faite, alors qu'Abrams aurait pu, du coup, s'amarrer à l'univers déjà existant et contenter les fans. Les combats sont rarement grandioses : honnêtes, bien réalisés et menés, excepté dans le final, plus ambitieux mais qui laisse un peu sur sa faim. Les confrontations au sabre en revanche sont excellentes et nombreuses, enfin ! Les combats se faisaient rares, désormais ils sont légions dans ce film. Rey et Kylo lorsqu'ils se battent veulent vraiment se tuer. Ils frappent à mort, fini la danse, les pirouettes. Et évidemment ça donne une intensité aux duels que n'avait pas la prélogie par exemple.
C'est d'autant le cas que les deux personnages suintent de haine et d'amour l'un pour l'autre, contradictoires. Rey bascule presque dans le noir le plus absolu. Elle est parfois plus cruelle que Kylo. Et pourtant elle ne cède pas. Une scène est réussie à ce propos : elle souhaite empêcher le premier ordre de partir avec Chewbacca, prisonnier. Elle retient la navette par la force. Ren l'intercepte. Mais, de rage, car elle perd du terrain, elle lance des éclairs sur le vaisseau qui explose. Le côté obscur vit en elle et la tiraille. On voit enfin un personnage fragile, friable et un Kylo Ren dominateur.
Abrams a aussi retenu la leçon sur l'univers : il multiplie les planètes, parfois originales (enfin !), et les aliens. On en prend plein la vue. Les décors foisonnent. Sur Pasanna, une planète désertique, on découvre une myriade d'aliens au cours d'une fête ; lors de la bataille finale, une cohorte immense de vaisseaux rebelles vient aider nos héros. Il y en a des centaines. L'écran est saturé. C'est assez jouissif. Toutes les planètes sont plutôt réussies, mention spéciale bien sûr à la planète de l'Empereur, qui caresse dans le sens du poil tous les fans de l'univers étendu. De manière générale, Abrams offre des os à ronger pour tout le monde. Il y a une quantité prodigieuse de fan service qui va enflammer, à coup sûr, la toile et alimenter les théories les plus folles.
Le film se divise en trois grands actes. Si les deux premiers sont très bons, surtout le deuxième, sommet d'émotion, le dernier est un peu déceptif alors qu'il concentre tous les enjeux dramatiques : bataille, confrontation finales. Ce n'est pas mauvais mais il manque un petit quelque chose dans la précipition. Seule la dernière scène, hyper fan service mais jouissive, logique surtout, fait tirer une larme.
L'émotion est très forte dans le film de manière générale : parce qu'il s'agit d'un film doux amer, d'adieux. L'ultime volet d'une série de films légendaires. Comme je l'ai dit, on referme les arcs narratifs, on donne un destin final aux personnages et surtout on répond à des mystères : les origines de Rey (plutôt bien amenées mais très allusives), le secret de la relation entre Rey et Ben (assez passionnante, le coeur de cette trilogie), le retour de Palpatine (pas franchement convaincant). Puis il y a eu la mort de Carrie Fisher, alias Princesse Leia, et donc un traitement particulier de son personnage, qui s'appuie sur des rushs non utilisés des précédents films. L'illusion est là et la mort de son personnage, inévitable, sert la trame narrative parfaitement, offrant même une scène magnifique.
C'est le coeur de l'acte II du film. Lors d'un duel magnifique, dans un océan déchaîné, pendant de celui d'Anakin et Obi-Wan sur Mustafar, planète de lave - et pour cause Ben est l'inverse de son grand père Anakin, il va se repentir par amour, alors que son grand père a sombré par amour. Sur les débris de l'étoile de la mort, Rey et Kylo s'affrontent à mort. Rey, est acculée, dominée mais elle profite d'une absence de Ben, perturbé par Leia, sa mère, qui meurt, pour le tuer. Alors qu'il agonise, elle le guérit, tandis que Leia rejoint la force. La scène est suivie par un souvenir de Ben où il revoit son père qui l'invite à revenir du côté lumineux. Harrison Ford transpire la classe comme d'habitude, avec des répliques aux petits oignons qui font écho à sa mort dans le 7 et à sa relation avec Leia dans la trilogie originale. Tout dans cette séquence est parfait.
La mort est une thématique très présente, étrangement quand on sait que c'est un film familial : la survie de l'empereur, la mort de Leia, toutes les figures Jedis déjà disparues ; les fantômes du passé hantent le film, littéralement, et il y a bien entendu des disparitions douloureuses. Le film est sombre, inquiétant, assez rude et brutal par son montage. Exit la légèreté, l'humour est présent mais secondaire. Ici, c'est l'émotion, la nostalgie et le courage d'affronter ses peurs qui priment.
D'ailleurs Palpatine est une sorte de zombie désincarné, une voix sur un corps putride. Il vit dans une planète reculée entouré d'adeptes obscurs, des clones de Snoke qui flottent dans des cuves verdâtres, et d'une flotte gigantesque. On sait pas comment et pourquoi mais c'est classe. Palpatine est absolument effrayant au demeurant mais m'a laissé un peu de marbre parce que les raisons de sa survie sont très mystérieuses. Dommage, on devine des aspects de sorcelleries Sith, de clonage, qu'on aurait aimé découvrir un peu plus. Le générique déroulant fait allusion dès les premiers mots à la mort : "les morts parlent". Ce générique est d'ailleurs assez kitsch dans sa formulation, mais passons...
L'ombre de l'empereur plane sur tout le film, son mal, son côté obscur. Son thème revient souvent sous forme musicale. Cela fait peser sur les épaules des personnages une sorte de menace sourde et inquiétante. La musique est magistrale dans ce film. John Williams ressuscite de vieux thèmes très chers à oreilles, aussi bien de la trilogie originale que de la prélogie. C'est sur ce plan là une vraie réussite.
Une scène dans les ruines de l'étoile de la mort, est grisante à ce titre. Les thèmes du Retour du Jedi reviennent, quel plaisir !, au moment où Rey découvre la salle du trône de l'Empereur. On revit alors intérieurement le combat contre Luke, Dark Vador et Palpatine. Sans parler des scènes sur les origines de Rey, qui par leurs sonorités, disent tout de son héritage.
Le premier acte décrit d'abord une course poursuite entre Rébellion et Premier Ordre, les deux étants à la recherche d'artefacts et d'alliés pour réussir leur lutte. Abrams donne quelques éléments de contexte, de relations entre les personnages. Les séquences rapides illustrent très bien le rythme du film. Nos héros d'ailleurs se plaignent de sauter de planètes en planètes pour échapper aux sbires des ténèbres, comme si Abrams s'amusait presque qu'on puisse penser comme eux. Le second arc est celui des révélations et des choix, parfois douloureux. Cette partie est magnifique, vraiment, et surtout prend plus le temps que les autres. Elle mise sur l'émotion, à grand renfort de thèmes cultes, pour donner une profondeur aux personnages, voire surprendre. Le dernier acte c'est la bataille et la confrontation finale et je m'attendais à mieux : la bataille dantesque est bonne mais pas mémorable - rien ne vaudra la bataille du Retour du Jedi. On nous vend une immense flotte impériale dont se débarrassent finalement assez vite nos héros. L'Empereur n'est pas très bien exploité selon moi, on ne comprend pas tous les enjeux de sa quête ni comment il se retrouve là, encore, des décennies après. Son introduction est excellente moins son personnage.
La scène finale voit la confrontation entre Palpatine et Rey, qui est sa petite fille. Cet enjeu évidemment est de taille et tiraille la jeune femme tout le film même si on ne sait pas comment Palpatine a eu un fils, pourquoi ce dernier s'est-il enfui et a eu une fille ; le film use de flashback sur les parents et leur assassinat mais ne dit rien sur eux, je trouve ça très frustrant. Parlons de la scène finale, où on a la confrontation entre tous les Sith et tous les jedis, Palpatine en chef des uns, Rey en chef des autres. Comme Palpatine a le dessus, c'est Ben, repenti, qui revient aider sa seule amie et son seul amour, Rey. La fameuse "bendemption" a lieu, comme disent les fans. Elle était attendue et prévisible. On découvre alors un tout autre personnage, qui emprunte aux mimiques de son père (Adam Driver change du tout au tout avec talent). Mais le grand vilain siphonne leur énergie vitale pour se revitaliser. Il voulait faire de Rey la nouvelle impératrice Sith, elle a refusé, ils mourront. Ben tente de résister. Palpatine le pousse dans le vide. Il expédie son personnage, littéralement. Exit les Skywalker, j'y reviendrais, c'est un problème du film. Rey, presque morte, invoque l'esprit des jedis. Là, fan service pur, toutes les voix célèbres des jedis résonnent : Anakin, Windu, Obi Wan, Yoda, Luke, Leia et bien d'autres. Oui, j'ai aimé. C'est un peu facile mais j'ai aimé. "Cheat move" aurait dit Luke. Elle reprend alors ses esprits et contre les éclairs de l'empereur qui se désintègre puis elle meurt suite à cette désintégration. Yeux ouverts, corps inerte, aucun doute. Et là, Ben revient littéralement d'entre les morts, émergeant du puit où il avait été jeté pour la ressusciter. Sourire. Ils s'embrassent. Le "Reylo" est accompli. Les fans hardcore, vont jubiler ou pleurer, au choix. J'ai aimé aussi, j'avoue. Honte à moi d'être aussi aisément corruptible. Ben retourne ensuite à la force, tout comme sa mère d'ailleurs, car la réssurection est un pouvoir ultime qui coûte la vie de celui qui la donne pour l'autre. Voilà un usage intéressant de la force, et expliqué sans aucun mot.
Les acteurs sont très convaincants. C'est vraiment la force de cette nouvelle trilogie : niveau mise en scène et direction d'acteurs c'est franchement très au dessus de la prélogie. Même si aucun des nouveaux acteurs ne vaut le charisme de Luke, Han et Leia, ils sont particulièrement émouvants lorsqu'il faut l'être, parfois avec peu de lignes de dialogue car les moments de répits sont rares comme je l'ai dit. Daisy Ridley, tiraillée tout le film, pressée, hantée, montre la contradiction de son personnage : elle souffle, elle enrage, elle pleure, de compassion ou de colère. Le film introduit enfin des enjeux pour elle, elle n'est plus lisse. Adam Driver possède sûrement le personnage le plus intéressant de la trilogie et donc habite son rôle, bien qu'il parle peu, il est remarquable de bout en bout. A se demander si ce n'est pas lui le vrai héros du film, j'y reviens dans les spoilers.
J'ai été dérangé par certains effets spéciaux : que ce soit certains fantômes de forces, Palpatine et ses sbires, certains décors un peu trop numériques. On sent que beaucoup de choses sont réelles et concrètes mais tout de même y a quelques fausses notes. Les flash back aussi sont trop rapides et allusifs, notamment sur les origines de Rey. Un est en particulier fantasmagorique pour les fans de la saga et concerne deux vieux personnages de la saga et pourtant il est très bref et pas très bien exécuté, ce qui conduit à une forme de déception. Ceux qui ont vu le film savent évidemment à quoi je fais référence.
Des éléments aussi sont expédiés : les raisons du retour de Palpatine notamment, et c'est toujours une affaire de rythme et de paresse scénaristique. Les chevaliers de Ren, qu'on nous a vendu pendant trois films, suintent la classe mais ne servent pas à grand chose. Mais dans ce torrent émotionnel et narratif, c'est au final secondaire.
La force sert souvent de deus ex machina dans le film pour faire sortir les personnages de situations inextricables. Les personnages maîtrisent bien trop la force, même si c'est justifié et expliqué, c'est tout de même très, trop, spectaculaire. J'apprécie en revanche la variété des pouvoirs utilisés, qui puise dans l'univers étendu.
Palpatine dégomme une flotte à coup d'éclair, Rey transfert un sabre laser par la pensée, rien que ça, elle guérit facilement les blessures. On comprend les origines de sa puissance en revanche puisqu'héritière de Palpatine. Même les fantômes de force sont abusivement bons : Luke sort son X-Wing des eaux d'Ach-To comme un couteau dans du beurre alors qu'il n'est plus de ce monde... En revanche le pouvoir de résurrection qu'utilise Ben sur Rey pour la ramener à la vie, est assez bien expliqué. Il se sacrifie par compassion. C'est assez touchant. A cela s'ajoute la notion de dyade de force, mais trop rapidement expliquée, qui justifie le lien unique entre Rey et Ben, qui d'ailleurs semblent être de forces équivalentes dans ce film. Il a fallu trois films pour qu'il y ait un équilibre. La notion d'équilibre est aussi une notion clé de ce long métrage. Rey ramène l'équilibre comme Anakin avant elle. Ce dernier le lui dit d'ailleurs parmi toutes les voix jedis qui l'aident à vaincre Palpatine. Rey rompt avec la logique sith/jedi, en témoigne son nouveau sabre laser, jaune, à la toute fin.
Sans parler des retournements de situations, parfois excellents, parfois grotesques. De plus, le film souffre de certains défauts de ses prédécesseurs : le faible de temps de production qui oblige à resserrer le calendrier et donc à parfois s'adapter à des contraintes dantesques. Il fait avec et ne peut rattraper tous les problèmes originaux de la trilogie. Le manque de fil conducteur sur trois films est un handicap considérable et Abrams force un peu pour raccrocher les wagons. Malgré tout ça fonctionne. La trilogie est très moyenne dans son ensemble car elle n'apporte pas grand chose mais en tant que film, c'est efficace. Les dialogues parfois moyens sont rehaussés par des acteurs assez bon et un montage rapide là où la prélogie laissait voir tous ses défauts. Mais par rapport à cette dernière, le contexte politique et l'univers est moins développé ce qui rend les enjeux assez tenus.
Le retournement de Hux est un peu pathétique par exemple. Mais il n'y a pas que cela : on nous fait croire à des morts qui n'en sont pas : comme celle de Chewbacca que Rey croit avoir tué dans sa colère; puis la mort de Ben, soigné par Rey, puis la mort de Rey, soignée par Ben. Ça fonctionne mais c'est quand même un peu facile, reconnaissons le.
On en vient au titre du film : L'ascension de Skywalker. Ce titre demeure, après visionnage du film, toujours obscur voire fumeux. Est-ce une allusion à Kylo Ren, à Leia, à Rey ? Difficile à dire, le récit à ce sujet est contradictoire.
En effet, Leia meurt et monte au ciel en somme, Ren redevient Ben et rachète ses fautes. Il fait honneur à sa famille. Ou bien est-ce l'allusion à l'héritage spirituel des Skywalker ? Rey adopte ce nom, parce que ce sont ses modèles, ses héros, un peu comme nous tous. Mais c'est un peu bancal car au final, il n'y a plus aucun Skywalker de vivant. Pire, l'héroïne est une Palpatine. Le film sous entend que les Skywalker n'ont toujours existé que parce qu'il y avait les Palpatine et qu'ils sont morts de leur fait, systématiquement. L'héritage des Skywalker est quand même curieux. Disons qu'il s'agit sûrement de l'espoir et de la pugnacité, même si cela passe par la mort. C'est un peu léger, convenons en.
Comme tout final de saga, ce film a une dimension méta très importante : les adieux des personnages sont les nôtres, à l'image de ceux de C3PO, connus depuis les bandes-annonces : on jette un dernier regard à nos amis nous aussi - et on sourit.
On finit, comme Rey, à contempler le double et magnifique soleil qui se couche sur l'horizon de Tatooine. Cette scène dit tout : elle finit par là où tout a commencé il y a 42 ans. D'ailleurs le film fait allusion à cette date, la fête sur Passana que nos héros découvrent au début du film, ayant lieu tous les 42 ans.
Est-ce vraiment un point final de Star Wars ? Non. La fin est ouverte, bien plus qu'on pourrait le croire. M'est d'avis qu'on en reparlera prochainement. Disney tient une vraie poule aux oeufs d'or. Ils ne risquent pas de la lâcher de sitôt.
Sur le plan biologique, oui, il n'y a plus de Skywalker connu vivant. Sur le plan spirituel : certainement pas. Rey à la fin du film prend la filiation des Skywalker, sous prétexte, logique, qu'elle a choisi sa famille à elle, celle qu'elle aime, tout simplement. Il existe aussi potentiellement un lien entre Finn et la force comme semble l'indiquer le film, ce que je trouve un peu bizarre pour ma part mais passons. Ce film n'est pas un point final. Il clôt la série, jusqu'à nouvel ordre. Il sera sans Skywalker. Mais Skywalker c'est pas qu'un simple nom, c'est un mythe. Et un mythe est immortel.
Un film donc qui renoue pleinement avec ce qu'on aime dans cette franchise. Il remplie sa mission : rendre la fin cohérente et logique, conclure les arcs narratifs. Il ne parvient à tout bien faire, il manque parfois de finesse, il est entièrement centré sur l'aventure et l'action et pêche par son rythme effréné, débridé, délirant, plus vite que la lumière mais s'en sort avec une mention honorable. Il s'agit presque deux films en un, le 8 qu'aurait aimé faire Abrams et le 9. Il aurait mérité pour être meilleur quelques minutes de plus, histoire de laisser au spectateur reprendre son souffle. Il divisera, malgré sa volonté de combler toutes les attentes, il divisera parce qu'il en est ainsi de Star Wars. L'affect est trop grand. Les polémiques depuis sa sortie montrent l'importance de cette saga dans la culture populaire : le film ne peut laisser indifférent.
On s'interrogera bien entendu sur l'utilité de cette postlogie, qui est assez faible et sur les contradictions qu'elle apporte à l'univers mais si on se laisse porter par l'esprit Star Wars, on peut encore y trouver son compte. Il s'agit d'un reboot de la trilogie originale, modernisée avec tous les défauts que cela implique : rapidité, action effrénée, budget sans limites. Mais aussi des points forts : une héroïne, des personnages intéressants, moins de manichéisme. Il y aura des comptes à régler, sur l'absence de vision cohérente de Disney, sur le contexte de production tendu et calamiteux, et sur des choix très discutables. C'est un débat qui va s'ouvrir pour la suite de la franchise et qui ne manquera pas d'enflammer la toile.
D'ailleurs, l'accueil très manichéen réservé à ce nouvel opus illustre parfaitement notre époque tiraillée par l'émotion et l'extrêmisme. Il n'existe pas de juste milieu possible à la critique. Pas étonnant donc de voir que pour une saga aussi populaire que Star Wars, les polémiques, comme pour la fin de Game of Thrones soient considérables. L'oeuvre est tellement importante que nombreux sont ceux qui ont rêvé et imaginé une fin à la place des créateurs. Résultat, les attentes étaient démesurées par rapport aux possibilités réelles du film et il ne peut y avoir que déception, puisque ce n'est pas seulement pour la fin d'une trilogie mais d'une saga complète, jusqu'à nouvel ordre du moins. La prélogie avait déjà souffert de telles exagérations avant d'être admises comme étant un pilier fondamental de la saga. Nous en reparlerons donc dans dix ans, quand une nouvelle génération de spectateurs se sera emparée de ces trois derniers films.
Cette extraordinaire saga est terminée. Forcément, c'est émouvant. Je suis un môme, c'est une des sagas de mon enfance, je ne peux qu'être heureux de la retrouver. Même si le film est très imparfait, il a eu sur moi un effet nostalgique indéniable qui empêche toute objectivité car j'ai cru au naufrage de la saga et il n'en est rien. Avec tous ses défauts, j'ai pris mon pied quand même, j'ai souri, j'ai été ému. Je ne vais pas faire la fine bouche sans occulter les faiblesses de cet opus final. Mais pour moi le film parvient à restaurer, un peu, de magie Star Wars. L'honneur est sauf. Star Wars strikes back, The Return of the Force, à vous de trouver le titre.
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le 18 déc. 2019
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