L'Ascension de Skywalker a pour principal défaut de succéder aux Derniers Jedi, épisode le plus honni de la saga. Un comble quand, si on n'a pas la mémoire courte comme certains, on se souvient de l'accueil réservé à La Menace Fantôme et à L'Attaque des Clones.


Et le film s'en ressent. Clairement.


Pourtant, le spectacle offert par J.J. Abrams est solide et plaisant. Il offre comme d'habitude quelques jolies images et un duel mémorable sous la pluie. J'essayerai de ne pas trop vous spoiler le climax de l'entreprise, balançant assez adroitement entre raid suicide et affrontement dans une sorte d'arène lugubre, irriguée par de choeurs venus tout droit d'outre tombe.


Et il a le mérite d'être beaucoup mieux rythmé que Les Derniers Jedi, ce qui est très bon à prendre et signifie que l'on ne s'ennuiera pas un seul instant pendant les deux heures vingt de projection. Même si c'est au prix d'enjeux artificiels au début du film, dans une chasse à l'artefact des plus passe-partout.


Le personnage de Rey, lui, acquiert une jolie épaisseur dramatique, tandis que son dilemme et ses origines sont enfin traités avec l'attention qu'ils méritent.


Sauf que, comme d'habitude, l'attente de la fan base, entretenue par les news, déclarations et gages à elle donnés, sera immanquablement déçue. Car L'Ascension de Skywalker est bien loin du film définitif, et donc de l'ensemble de la trilogie originale, devenue pour le coup un jalon infranchissable écrasant de sa mythologie tout ce qui a pu être fait ensuite.


Et là, il est clair que c'est le public, et surtout cette auto proclamée fan base intégriste et imbécile qui est à blâmer.


Car il est flagrant que Disney est constamment paralysé par les enjeux économiques et stratégiques de son empire Star Wars racheté à grands frais. A l'idée de devoir une fois de plus assurer le service après vente. A l'idée de subir un nouveau bad buzz incontrôlable identique à celui ayant accompagné Les Derniers Jedi.


Opus maladroit qui avait cependant le mérite d'expérimenter certaines choses, de prendre (un peu) à rebrousse poil dans son approche de la saga. Même s'il se plantait parfois méchamment. Ainsi, Rian Johnson osait, tout simplement, ce que J.J. Abrams redoute de faire aujourd'hui.


En résulte un opus étrange et limite schizophrène : bien balancé, nerveux, carré et plutôt intéressant, mais dénué de la plus petite note d'invention. Pour preuve : pas de nouvelles planète fabuleuse à visiter, à peine un nouvel alien propre à vendre des figurines pour engraisser le vilain Mickey. Non, rien de tout cela à l'horizon.


Au point qu'on en revient finalement aux vieux pots dans lesquels, d'après certains, on fait les meilleures soupes. Celle-ci ne sera pas mauvaise avec L'Ascension de Skywalker, mais il est un peu triste de constater que, histoire de contenter le fan qui rage sur son réseau (a)social, on agite toujours sous son nez, au final, les mêmes figures privées de toute tentative d'évolution, celles de la trilogie originale, au détriment de nouveaux personnages qui passent parfois littéralement sous le radar. Tant pis si la quasi intégralité du trio original revient sous forme de fantôme, comme si les prolongements de la saga de George Lucas ne pouvaient s'envisager comme affranchis de l'ombre écrasante des Episode IV, V et VI. Trahissant au passage le Kylo Ren des Derniers Jedi, celui qui promettait pourtant que toutes les anciennes choses devaient s'éteindre.


Dommage enfin de constater que certains éléments sont exploités de manière aussi maladroite, voire avec des moufles. Car il y en avait, des choses à faire, concernant Chewbacca ou encore Rey, et Kylo, pour leur permettre de s'inscrire durablement dans la culture de la franchise. Tout cela histoire de ne pas s'aliéner le public, et d'acheter à bon compte une certaine idée de la paix avec des idiots qui décrètent que Disney, c'est le mal absolu au cinéma, et que ce qu'il touche, cela devient de la merde et de la sous-culture uniformisée.


Comme si on avait attendu Mickey pour nous refiler des mauvais Star Wars, tiens. C'est dire si certains ont la mémoire courte.


Pourtant, les Episode I et II n'évoluent pas dans une galaxie lointaine, très lointaine...


Behind_the_Mask, incapable d'exécuter un dernier tour de Force...

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