C’est l’évènement de cette fin d’année, voir de cette fin de décennie. Star Wars revient une “dernière” fois sept ans après le rachat de Lucasfilm par Disney pour un film devant boucler la nouvelle trilogie et l’histoire des Skywalker.


Ca n’a jamais été facile d’écrire sur Star Wars, même si on commence à être rompu à l’exercice. Ca l’est d’autant moins ici que le troisième volet de ce nouvel arc narratif n’était pas rassurant. Initialement confié à Colin Trevorrow, dégagé et remplacé par J.J. Abrams parce que personne ne voulait s’y coller, le film faisait peur. D’autant que Les Derniers Jedi tentait quelque chose, une sortie de route. On pouvait alors craindre que le réalisateur et co-scénariste avec Chris Terrio cherche à remettre la franchise sur les rails voulus par Lucasfilm.


Il en ressort un film bancal, pourtant plus réussi par bien des aspects que le Réveil de la Force mais jamais à la hauteur de son illustre prédécesseur.


Quelques mots sur le pitch pour planter le contexte et sans spoiler. L’Empereur est de retour, et on l’apprend dès le texte déroulant. Sans prendre aucune pincette l’introduction nous fait découvrir qu’il tire les ficelles du Premier Ordre et de Snoke en particulier. Kylo Ren l’a retrouvé et Palpatine, qui a besoin du fils de Han Solo, lui propose la flotte de vaisseaux qu’il a construit en secret en échange de la mort de Rey. De son coté, et apprenant le retour de l’Empereur grâce à un espion, la Résistance se met en chasse d’un artefact qui pourrait indiquer l’emplacement de l’ancien sénateur de Naboo. L’affrontement est donc inévitable.


Cette quête de Palpatine (était-elle vraiment nécessaire vu qu’il comptait sortir de sa tanière ?) n’est pas le point fort du film. Elle produit une intrigue en épisodes où une bande de personnages va d’un point A à un point B à un point C. Rey, Finn, Poe et leur petits camarades vont enchainer les lieux à toute vitesse, à l’image d’une séquence du début du long métrage où le Faucon enchaine les sauts dans l’hyperespace. Enchainement de lieux et de personnages, souvent sans conséquences, et qui aurait mérité d’être raccourci. Chaque endroit permet à un personnage de prendre de l’épaisseur, à défaut de boucler son arc narratif mais l’ensemble aurait mérité d’être plus concis, plus posé.


C’est dans cette poursuite infernale que les réponses aux questions qu’on se posait (?) vont être apportées. Ne clignez pas des yeux pendant une réplique sinon vous risqueriez d’être perdus. Même si certaines réponses sont satisfaisantes ou même évidentes du point de vue de l’univers, tout nous est jeté à la figure. Voulait-on d’ailleurs vraiment tout savoir ? Les “solutions” apportées par Rian Johnson ne se suffisaient-elles pas à elle-même ? L’Ascension de Skywalker cherche à tout expliquer et pour cela J.J. Abrams détricotte partiellement ce que Johnson avait mis en place. Certains éléments l’arrangent, d’autres lui plaisent et il s’en sert allégrement. Mais revoir Kylo Ren reconstruire le casque qu’il avait brisé laisse un gout amer en bouche. A l’heure où Lucasfilm produit des séries, des jeux et des comics qui n’ont jamais été aussi cohérents, pourquoi Johnson, Abrams et Kennedy ne se sont-ils pas parlé d’avantage ?


Pour mieux répondre au fans pleureurs qui n’ont pas supporté le traitement de Luke Skywalker dans le volet précédent comme s’ils étaient les décideurs du sort d’un personnage, J.J. Abrams enchaine les moments de fan service jusqu’à l’étouffement. Tout n’est pas forcément à jeter mais certains sont bien risibles, ou font penser aux pires romans de feu l’univers étendu.


Pourtant, malgré ses défauts, L’Ascension de Skywalker est un film fonctionnel, un divertissement très solide. Abrams en est partiellement responsable puisque sa mise en scène est pleinement satisfaisante et que l’univers visuel déployé est superbe. L’alchimie entre les trois personnages principaux prend enfin et les acteurs s’en donnent à coeur joie. Et Rey continue à être un fantastique personnage, moins lisse, faisant des erreurs tout en étant diablement héroïque.
C’est d’ailleurs ce qui fait plaisir dans ce neuvième volet de la saga : l’héroïsme, et l’optimisme qu’il en découle. On est loin des messages des Derniers Jedi mais la positivité du film, son aspect “vivre ensemble et se serrer les coudes” fonctionne formidablement, d’autant plus à notre époque.


Rey, impeccable Daisy Ridley, n’est pas la seule à faire des étincelles. La part belle est donnée à Leia, et tout l’arc narratif du personnage est fort. En fait, toutes les connexions à la famille Skywalker élargie fonctionnent à merveille. La connexion à travers la Force entre l’héroïne et Kylo Ren est ici densifiée au point de donner de très belles idées narratives.
Enfin, l’Ascension de Skywalker est un film généreux. Généreux en action, généreux en personnage et malgré tout généreux en émotions. La suite vous appartient : vous pourrez voir le verre à moitié vide et vous faire étouffer par les défauts d’écriture ou le voir à moitié plein et y trouver une conclusion efficace à une saga qui, de base, n’avait pas lieu d’être.


L’Ascension de Skywalker est un film bancal. Parfois très fin, parfois avançant à gros sabots, il est le résultat d’un non-travail d’équipe et le boulot d’un réalisateur qui a voulu recoller son jouet cassé mais qui s’aperçoit en le faisant qu’il ne sera jamais plus comme avant. Dense, riche, parfois drôle, souvent (très) émouvant, il a pourtant pour lui de très nombreuses qualités (comme le fait de ne pas être un remake) le plaçant assez haut dans la liste des blockbusters de 2019. Au final, ça le rend peut-être supérieur au copié collé qu’était Le Réveil de la Force mais il n’arrive pas à la hauteur des Derniers Jedi, un peu comme le Retour du Jedi se trouvait coincé entre Un Nouvel Espoir et l’Empire Contre Attaque.


Et si “toujours en mouvement est l’avenir”, on est ici plutôt rassurés de savoir que la suite se fera non seulement sans la famille Skywalker, dont l’arc est bel et bien bouclé, mais avec celui qui a livré le meilleur Star Wars “nouvelle génération”. A défaut d’être optimiste, on est donc au moins curieux.

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le 18 déc. 2019

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