Le meilleur Star Wars depuis L'Attaque des clones

Excellent film, qui vient clore de la plus belle manière une sage épique. Après une trilogie originale époustouflante, une prélogie encore meilleure, cette postlogie produite par les indépendants de chez Disney surprend donc par son indéniable audace narrative et sa réalisation maîtrisée. On ne peut que se féliciter du rachat de LucasFilms et de la mise en chantier immédiate de cette nouvelle trilogie : il est maintenant évident que Disney avait un plan bien précis en tête, celui de conclure cette saga qui, il faut le dire, nous avait laissé sur notre faim en 1983. Là où Disney aurait pu miser lâchement sur la nostalgie de son public pour des personnages aussi attachants que Han Solo, Luke Skywalker ou Ponda Baba, le petit studio américain a pris le risque de développer des personnages originaux, explorant chacune de leurs forces et de leurs faiblesses. Là où Disney aurait pu se contenter de reprendre les ficelles des anciens épisodes, le petit studio américain a choisi de bousculer les conventions : cette postlogie aura ainsi pris le pari de nous raconter l’histoire d’une héroïne orpheline vivant sur une planète déserte, qui, après avoir rencontré par hasard un petit droïde d’une importance cruciale pour l’avenir de la galaxie, part dans une quête qui l’amènera à se familiariser avec des forces surnaturelles, à côtoyer de vieux sages, à affronter un chevalier renégat et à faire la lumière ses origines pour, in fine, mettre à bas un dictateur doté de l’équivalent cosmique de l’arme atomique. Qui aurait cru !

Pour me limiter à L’Ascension de Skywalker, il s’agit, sans l’ombre d’un doute, du meilleur épisode de la saga depuis L’Attaque des clones. Comme à son habitude, JJ Abrams a pris le temps de poser sa caméra pour que nous pénétrions la psyché des personnages et nous nous imprégnons des enjeux du récit. Le premier acte nous plonge donc au cœur de la mythologie Star Wars, en multipliant les artefacts qui sont autant de métacommentaires sur ce qu’est l’art d’écrire un récit – comme dans le cas du si bien nommé « wayfinder » utilisé pour découvrir la planète où résident les Siths, un planète assez différente de celle que l’on aurait pu imaginer pour des individus aussi malfaisants, avec son ciel sombre et sa surface désertique. Défiant les conventions, JJ Abrams nous épargne un second acte qui nous aurait montré une Rey chancelante, aux prises avec ses démons intérieurs. On passe donc directement au climax, qui, s’efforçant de ne pas céder à la surenchère, table sur une mise en scène sobre résumant parfaitement les grands thèmes de la saga, d’une façon qui m’a rappelé, je m’excuse la référence à l’univers des dessins animés, le combat contre Super Magin Bou dans Dragon Ball Z.

Il y aurait beaucoup à rajouter – je reprendrai peut-être la critique plus tard. J’ai notamment beaucoup aimé le respect de la nouvelle trilogie pour le système de la magie mis en place dans les épisodes précédents. Depuis l'Empire contre-attaque, nous savons de la bouche de Yoda que la Force permet de lancer des boules d'énergie, de transmettre et absorber la puissance vitale des individus et d'interagir avec la matière même quand on est réduit à la forme d'un spectre. En dépit des changements dans la réalisation, j’ai aussi apprécié la vraie cohérence visuelle, thématique et narrative entre les épisodes. Après The Last Jedi qui reprenait et prolongeait les enjeux dramatiques du premier film, L'Ascension de Skywalker ne manque jamais une occasion de développer ceux de The Last Jedi. Film fascinant, L’Ascension de Skywalker est une oeuvre à part dans le cinéma hollywoodien contemporain. Note : 3/10.