C'est juste éclaté

Avec L'Ascension de Skywalker, J.J. Abrams s'est employé, avec méthode et avec une énergie qui force l'admiration, à torpiller tout ce que Rian Johnson a mis en place avec son film Les Derniers Jedi (un des meilleurs Star Wars, oui, vous m'avez bien lu).

Quand je dis avec méthode et énergie, je pèse mes mots : ça va des choix scénaristiques les plus centraux de l'épisode VIII - l'origine et l'identité des parents de Rey - aux détails les plus insignifiants - la fameuse "technique Holdo", car il faut apparemment expliquer aux fans pourquoi les rebelles n'ont jamais pensé à pratiquer l'attentat-suicide avec un croiseur hors de prix avant que Holdo ne le fasse...

À croire qu'Abrams a dressé une liste de tout ce qui avait déplu aux fans hardcore, à la fange, au pire du pire de ce que la fanbase toxique de Star Wars peut produire. J'en veux pour preuve le personne de Rose, interprété par l'actrice Kelly Marie Tran, cyberharcelée et victime d'insultes racistes et sexistes après la sortie des Derniers Jedi, qui est ici reléguée au statut de simples figurantes pour contenter ses bourreaux.

Inutile d'aller plus loin dans cette critique, vous avez l'idée. J'ajouterais juste un point, peut-être le seul qui mérite d'être creusé à propos de cet épisode IX. Ce rétropédalage en règle que signe J.J. Abrams, qui essaie de revenir, maladivement, sur tous les éléments narratifs qui ont déplu dans le film de son prédécesseur, consiste aussi à en réécrire le message, pourtant bénéfique pour la saga et pour ses fans : je parle bien entendu de l'origine de Rey, une anonyme qui ne serait pas issue d'une grande lignée et qui, malgré tout, pourrait être puissante dans la Force.

Revenir là-dessus, sur cette pierre angulaire de l'épisode VIII, c'est nuire à une saga un peu trop familiale, voire consanguine, qui avait cruellement besoin d'un film comme Les Derniers Jedi.

Au final, cette trilogie Disney a comme un air de déjà-vu : un second film plus sombre que le premier, qui approfondit les enjeux de l'univers et un final aux allures de reniement (Le Retour du Jedi détricotant, d'une certaine façon, ce que L'Empire contre-attaque avait mis en place).

Et si je me fie à la postérité de la trilogie originale, et en particulier du film d’Irvin Kershner, ce n’est pas un vrai problème. L’Empire contre-attaque reste le climax de ces trois premiers films, ce moment où cette saga féerique a pris une tournure plus sombre et plus universelle, une tournure d’autant plus puissante qu’elle a été éphémère.

Enfin bref, je suis dég' mais pas totalement. Tout est une nuance de gris, contrairement à ce que cette saga sur le bien et le mal m'a appris.

Ps : Tout n'est pas totalement à jeter dans L'Ascension de Skywalker, c'est J.J. Abrams, donc la mise en scène garde ce côté super rythmé qui sied bien à Star Wars. Mais, surtout, les quelques bonnes séquences du film - notamment le combat génial à distance entre Ben et Rey - sont des idées qui viennent des Derniers Jedi. Conclusion, encore une fois, l'épisode VIII est trop cool et la réhabilitation est en marche - j'en ai écrit une critique où l'espace commentaire est ouvert si vous voulez m'insulter moi et les membres de ma famille.