L'amour louf
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En une phrase, L'Amour ouf, "c'est un film de prouveur" (je cite ma copine qui, je pense, a à peu près tout dit). 2h40 de film sur une histoire d'amour entre deux adolescents, une séquence de comédie musicale, des fusillades, de la violence et une caméra survoltée qui veut tout essayer, tout proposer.
La formule est séduisante, mais le film tombe à plat. En fait, le long-métrage de Gilles Lellouche se dédouble : il y a d'un côté la narration, qui fonctionne à peu près et est portée par un duo de jeunes acteurs très convaincants, et de l'autre, la mise en scène tape-à-l'œil, qui ne se contente jamais, ô grand jamais, de filmer simplement ce qu'elle veut filmer. Il y a deux films en un, et la mise en scène s'emballe parfois presque trop comparé à ce qui est raconté.
Des mouvements de caméra à 180° survolté pour une simple scène de dialogue, des splits screens en veux-tu en voilà, une vue subjective avec un filtre couleur rouge, des couleurs, des néons et des lumières de partout.
Son enthousiasme est communicatif, mais vire un peu à l'euphorie d'un étudiant en sortie d'école qui croirait réinventer le cinéma.
Ça me fait presque mal de reprocher au film sa générosité, parce que c'est quand même un beau défaut et j'adore le cinéma d'un Damien Chazelle par exemple, dont les films comme Babylone ou La La Land regorgent d'une énergie folle qui fonctionne totalement sur moi. La scène d'introduction du second étant, pour moi, une leçon de mise en scène.
Ce que je pardonne moins à L'Amour ouf, ce qui, disons-le franchement, me gonfle carrément même, c'est son casting. Parce que si les jeunes acteurs Mallory Wanecque et Malik Frikah crèvent l'écran, si Adèle Exarchopoulos et son intensité me bluffent toujours autant, François Civil, lui, ne me convainc jamais vraiment (triple rime). Très peu crédible en loubard du Nord dans les 80's, Civil ne parvient jamais, selon moi, à sortir de son image de jeune premier du XVIème arrondissement, très lisse, très plat.
Il m'est même venu une épiphanie, une sorte de flash de lucidité : Raphaël Quenard n'aurait-il pas fait un meilleur Clotaire, moins glamour certes mais plus convaincant, moins lisse, plus "cassé", plutôt que ce rôle de second voire triple ou quadruple couteau ? Et même, quand j'y pense, tous les actrices et acteurs castés sont cantonnés pile à ce qu'on attend d'eux : j'attendais de voir Chabat dans un rôle vraiment dramatique, au final il fait précisément ce qu'il sait faire - un papa drôle, un peu cool et sans grande profondeur -, pareil pour Poelvoorde qui cabotine en Godfather version Nord de la France, Zadi et Quenard qui sont juste là pour jouer de leur gouaille naturelle.
Le casting pour moi est à l'image du film : clinquant mais sans grande profondeur. Ça vaut pas Le Grand Bain cette affaire.
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le 9 nov. 2024
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