Le Réveil de la Force s'avère être un réveil plutôt sage, pensé et construit comme un circuit nostalgique où même les nouveaux personnages se trouvent être des fans. Il suffit de voir avec quelle aisance Finn, interprété par John Boyega, passe de son costume de trooper à celui d'une veste de Résistant pour ensuite se battre avec un sabre laser, où celui de la jeune Rey, jolie page vide interprétée par la révélation Daisy Ridley, s'imaginant pilote pour la Rébellion dans les plaines isolées de Jakku.
Cette nostalgie enfantine et opulente se révèle ainsi être le principal moteur de ce septième épisode. Une plus grande base ennemie, un antagoniste dont l'hologramme s'avère plus grand et un cahier des charges s’évertuant à cocher (parfois machinalement) les cases d'un parfait film de fan. Ainsi, à l'image des spectateurs, qui, cueillis tels des enfants émerveillés, les personnages s'amusent de rencontrer ces héros de la Résistance dont les récits ont bercé leur enfance.
A la place d'être dépoussiérée, cette nostalgie est ici désensablée. Tel le Faucon Millénium, où comme plusieurs autres accessoires où personnages attendaient d'être sortis de ce grand bac à jouets qu'est ce Réveil de la Force, où demeure derrière cet étalage de vrais vides scénaristiques.
C'est le personnage de Kylo Ren, porté par le décidément très bon Adam Driver qui se révèle être le seul à souffrir de son héritage. Les parties qui lui sont dédiées s'avèrent être les meilleures du film. Son tiraillement et l'écrasement qu'il ressent face au casque de son grand père (un certain Dark Vador) et le nom qu'il porte causent en lui un trouble que l'acteur incarne à merveille, derrière un costume d'enfant dont le casque s'avère bien trop petit pour cacher les plaies béantes d'une personnalité broyée. Véritable pont fort du film, il en demeure problématique car seule vraie page trouble d'un cahier des charges en pilote automatique.
Comme Poe Dameron ne laisse ainsi pas grand chose à jouer au très bon Oscar Isaac, qui n'est ainsi qu'un Han Solo bis, pilote entêté de prodige dont la coiffure et la dégaine trahissent son manque d'imagination et de personnalité, ce dernier se révèle symptomatique de tous les décors et nouveaux personnages rencontrés au cours de ce nouveau Star Wars qui n'a finalement de nouveau que son titre.
Comme J.J. Abrams s'était permis de rejouer certaines scènes emblématiques des films Star Trek portés par l'équipe originelle dans ses deux reboots ( Star Trek Into Darkness s'avérant carrément être un remake du très réussi Star Trek II : La Colère de Kahn) son Star Wars semble être tourné vers le même processus maladif, qui a cependant dû satisfaire Disney qui lançait alors sa tournée de relectures de ses films d'animation, avec le Cendrillon de Kenneth Brannagh (132,5 millions à l'international dès son premier week-end) et la mise en chantier de Peter et Elliott le Dragon et de La Belle et la Bête qui venait alors de caster Emma Watson.
Une sorte de nostalgie qui, derrière ses attraits sympathiques, annonçait alors un symptôme de mauvais augure pour le reste de la trilogie mais s'avérait descriptif d'une époque. Une époque de nostalgie à tout prix qu'allait ensuite envoyer joyeusement valser un certain Rian Johnson.