Que dire qui n'ait pas déjà été dit ?
Je critiquerai cette infamie par ce que j'ai vécu à la fin du film, et que je souhaite ne jamais revivre de ma vie. Sans exagérer bien sûr car des gens meurent de faim sur Terre. Mais néanmoins... Ce fut quelque chose d' épouvantable et que je n'avais jamais ressenti.
Les applaudissements et les frissons à l'apparition fracassante du titre avec la célèbre musique de Williams, sensations dont je ne m'étais plus délecté depuis 12 ans, sont le seul et l'unique souvenir agréable que je garde.
Une fois le film fini, les lumières se rallument... Silence absolu dans la salle hormis la musique, que personne n'a l'air d'entendre. Quelques personnes se lèvent et s'en vont, tête baissée, comme pour éviter de croiser un regard interrogateur... Les autres continuent de regarder l'écran, mais sans échanger un seul mot entre eux. Seuls quelques cris stridents de ce public auquel était destiné cette séance de torture sont venus perturber ce silence glaçant. Des cris d'enfants. L'un d'eux secoue littéralement celui qui semble être son père, et qui tient encore la main de celle qui était sans doute sa compagne. Mes deux frères, beaucoup moins fanatiques que moi, s'échangent quelques mots sur le programme du reste de la soirée. Moi je me tais. Je suis littéralement sans voix. Comme ce qui reste du public, partagé entre ceux qui sont encore sous le choc et ceux qui émergent peu à peu de l'incrédulité.
Soudain j'entends distinctement, plusieurs rangs au-dessus de moi, et plusieurs sièges à ma droite, une phrase qui restera à jamais gravée dans ma mémoire : "Ils l'ont démoli, putain".
Cette phrase sembla réveiller ceux qui s'étaient plongés dans le coma pour éviter la souffrance. Je vous évite la liste des phrases ordurières que j'ai pu entendre et qui furent échangées par les plus nerveux. Les autres étaient encore assis.
Dans le couloir, enfin, ce fameux couloir de sortie, celui où l'on se remémore les scènes d'anthologie, les répliques brillantes et où l'on se réjouit déjà de la sortie du film suivant, pas un mot. Juste des gens marchant très vite, toujours la tête baissée, le buste quasi en avant, comme marchant contre la tempête, comme pour quitter l'endroit au plus vite.
Entre ceux qui disent qu'il fallait y attendre et ceux qui avaient tout de même bon espoir, je ne sais où me situer. Parmi les deuxièmes je suppose. J'étais bon public. Le lourdeur légendaire de Jar Jar ne m'avait jamais parue insurmontable. Les midichloriens ne m'avaient pas empêché de dormir. Les scènes trop fleur bleue et le pitoyable jeu d'acteur d'Ayden Christensen et Nathalie Portman m'avaient laissés indifférent face à l'intrigue claire et cohérente de la prélogie.
Et les musiques... Qui se rappelle d'un seul thème de cette postlogie ?
Je devais voir Star Wars, j'ai vu un Alice au pays des merveilles croisé avec Fifi Brindacier... Plus jamais Disney n'a eu un euro à moi depuis. Mon gosse, si j'en ai un jour, grandira avec les dessins animés de la Warner. C'était déjà plus malin à l'époque.