L'idée même du spin-off ne m'a jamais plu. Mais ici, c'est celui de The Boys, alors je me suis laissé tenter. Grave erreur.
L'humour décomplexé a quasiment disparu de la série. Le côté morale politique et sociologique à prendre au second degré qui était mené avec brio dans The Boys est ici totalement râté, voire abandonné. D'une satire réussie de tout ce qui ne va pas dans la société américaine (pour ne pas dire occidentale, comprendre : assujettie aux USA), on passe à un quasi manifeste de la bienpensance que l'on pourrait soupçonner être tout droit sorti du cerveau de Rokhaya Diallo ou de Robin Di Angelo. Et le tout sans une once de subtilité bien sûr.
Bref, c'est une succession de messages socio-politiques dont l'intrigue faiblarde, voire inexistante, n'est que le faire-part lourdingue. Bien loin de la série de base qui questionnait le spectateur sur ses propres idées, certes, mais qui demeurait un divertissement agréable, et qui rétablissait l'ambiance paillarde dès la réplique suivante. Un peu comme cet ami qui t'assome avec sa bonne morale gnangnan mais avec lequel tu t'envoies des 50 par paquets de douze en chantant les lacs du Connemara juste après. Il n'y a plus amis. Plus de tapotage dans le dos, ni de pintes affonnées... Seulement le type névrosé en pleine transition qui te reprend sur tout ce que tu dis (ou ne dis pas) et tout ce que tu fais (ou ne fais pas). Et qui porte plainte parce que le prof l'a mégenré.
Niveau jeu d'acteur c'est suffisant quand ce n'est pas pathétique. Aucun ne m'a laissé de souvenir particulier sinon Butcher à la toute dernière seconde. Une série d'ados, pour des ados, par des adultes fanatiques. Les codes du teenage-movie sont bien là et en même temps complètement dévoyés. On sent bien que ce n'est pas aussi décomplexé que ça ne le prétend. Ça ratisse large mais ça manque quasiment toutes ses cibles. Y compris l'adolescent du bon peuple, apolitique, qui scrolle certes sur insta, mais sans y chercher les messages que la série veut matraquer à chaque instant.
Ça plaira au public auquel cela se destine réellement, hélas. Hélas dans la mesure où ce public existe. Des adolescents en manque de repères et qui ont pris la série originale au premier degré.
C'est triste d'avoir autant de moyens et de ne pas faire mieux que ça. Il y a clairement un syndrome Disney Star Wars dans toutes les boîtes de production en 2024. On finirait par croire que c'est réfléchi et calculé... Mais nous n'entrerons pas dans le complotisme...